Brothers de Yu Hua

Brothers de Yu Hua
(兄弟)

Catégorie(s) : Littérature => Asiatique

Critiqué par Pascale Ew., le 25 août 2008 (Inscrite le 8 septembre 2006, 57 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 6 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (14 687ème position).
Visites : 7 229 

Frères pour le meilleur... et pour le pire ?

Li Guangtou et Song Gang deviennent "frères" lorsque la maman de l’un épouse le père de l’autre, tous deux veufs. Des liens indéfectibles se créent alors entre eux, plus forts que tout, même si tout les oppose : Li Guangtou est trapu, d’un caractère rustre, fonceur tandis que Song Gang est long, doux et droit. Ils sont nés comme l’auteur au début des années 1960 et traversent donc la révolution culturelle chinoise et toutes ses horreurs, puis, une fois adulte, le développement économique effrénée. La vie va les réunir et les séparer au gré des événements. Leurs destins seront très différents. Difficile d'en dire plus sans dévoiler l'histoire...
Ce roman décrit toute une série de rôles secondaires très cocasses allant de Tong le forgeron à Yu l’arracheur de dents en passant par Liu l’écrivain, etc. Il est écrit avec un humour très chinois, parfois grivois, parfois fanfaron, toujours bon enfant.
J'ai beaucoup aimé l'histoire, l'ambiance du bourg chinois où se déroule l'action. Mais je regrette seulement la dernière partie : je m’attendais à ce que cette histoire se termine soit sur une morale, les deux frères rassemblés au soir de leur vie, soit mal comme toutes les histoires d’amour chinoises impossibles. Au lieu de quoi, la fin tourne au grotesque et certains personnages principaux ne collent plus avec leur image. Ce livre paraissait sensible jusque-là. Bref, une fin décevante, comme si l’auteur avait voulu tirer en longueur une histoire qui n’en avait pas besoin.

Connectez vous pour ajouter ce livre dans une liste ou dans votre biblio.

Les éditions

  • Brothers [Texte imprimé], roman Yu Hua traduit du chinois par Angel Pino et Isabelle Rabut
    de Hua, Yu Pino, Angel (Traducteur) Rabut, Isabelle (Traducteur)
    Actes Sud / Lettres chinoises
    ISBN : 9782742774371 ; 40,00 € ; 09/04/2008 ; 716 p. ; Broché
  • Brothers [Texte imprimé], roman Yu Hua traduit du chinois par Angel Pino et Isabelle Rabut
    de Hua, Yu Pino, Angel (Traducteur) Rabut, Isabelle (Traducteur)
    Actes Sud / Babel (Arles)
    ISBN : 9782742789825 ; 7,86 € ; 06/03/2010 ; 1017 p. ; Poche
»Enregistrez-vous pour ajouter une édition

Les livres liés

Pas de série ou de livres liés.   Enregistrez-vous pour créer ou modifier une série

Interminable

6 étoiles

Critique de Tigerchaa (, Inscrite le 6 août 2011, 40 ans) - 6 août 2011

Un livre fort qui nous plonge dans la révolution chinoise. Les personnages sont attachants, l'histoire attractive, la notion historique très importante... Pourtant, je n'ai pas réussi à finir ce roman.
Peut-être réussirais-je à le lire une seconde fois...

surprenant et déconcertant

8 étoiles

Critique de Myrco (village de l'Orne, Inscrite le 11 juin 2011, 75 ans) - 24 juin 2011

C'est l'histoire de deux faux frères en ce sens qu'ils ne le sont que via une famille reconstituée, deux destins que l'on suit dans la Chine contemporaine de la Révolution culturelle à nos jours.

La traduction réunit deux parties qui correspondent dans l'édition originale à 2 tomes parus successivement en 2005 et 2006.

Le livre premier (un peu plus de 300 pages) raconte l'enfance et l'adolescence, le lien très fort qui soude les deux enfants confrontés à des situations difficiles voire terribles dans le contexte de la Révolution culturelle. Ne vous laissez pas dérouter par le caractère scatologique du début du roman. L'émotion viendra plus tard. La suite vaut vraiment la peine, en particulier dans la révélation des atrocités commises pendant cette période, que l'auteur nous relate sans rien nous épargner.

Le livre second (environ 650 pages; le roman est un pavé mais se lit très facilement) retrace les destins séparés des deux "héros", séparés tout autant par l'amour qu'ils portent à la même femme que par leur profonde dissemblance. L'un se retrouvera en adéquation avec les nouvelles orientations de la société et s'envolera dans une vertigineuse ascension sociale et "sidérale" au sens propre du terme, l'autre à l'inverse connaîtra une descente aux enfers qui le mènera à l'anéantissement.
J'ai trouvé ce second livre tout aussi captivant... ou presque mais totalement déconcertant. On quitte un monde réaliste pour glisser dans un univers extravagant, on ne sait jamais si nous sommes dans la réalité ou non, jusqu'à quel point l'auteur use ou n'use pas de la caricature, de l'exagération jusqu'à l'absurde dans la stigmatisation des dérives d'une Chine contemporaine où il n'y a plus de morale, plus de barrière à tous les excès.

On pourra taxer ce roman d'hétérogénéité, ce que certains seront tentés de considérer comme un point faible, mais cette hétérogénéité ne traduit-elle pas l'essence même du propos de l'auteur: montrer l'extraordinaire transformation de la Chine au cours des quarante dernières années.
Yu Hua le dit lui même dans sa postface: "seul un occidental qui aurait vécu quatre cents ans aurait pu vivre deux époques aussi dissemblables."

La Chine a changé en 60 ans..., la censure aussi (cf. Shanghaï Baby)

8 étoiles

Critique de Tanneguy (Paris, Inscrit le 21 septembre 2006, 85 ans) - 31 octobre 2009

C'est la clef de cette saga familiale qui concerne les deux frères Li Guangtou et Song Gang et leur bande de "copains" folkloriques ; je ne l'ai réalisé qu'en lisant la postface de l'auteur. Cela explique son double parti-pris qui lui fait décrire les horreurs de la Révolution Culturelle avec le sourire, puis le désordre actuel avec truculence... L'auteur nous avertit : pendant ces 60 ans la Chine a parcouru le même chemin que l'Occident en 4 siècles ! La thèse est intéressante, même si l'on n'est pas obligé d'y souscrire.

En tout cas les personnages et les situations paraissent réalistes et le récit est plaisant, mais il faut y consacrer quelques longues soirées...

Une plongée dans la société chinoise

7 étoiles

Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 11 février 2009

Je sors de la lecture de BROTHERS partagée entre intérêt et agacement…..

Intérêt pour cette chronique tragico-burlesque foisonnante, parfois loufoque, d’un village chinois au travers du parcours des deux frères, avec comme toile de fond la révolution culturelle puis le passage à l’économie de marché . Une sorte de roman feuilleton, clairement divisé en parties et chapitres, ce qui facilite la lecture de ce pavé parfois un peu indigeste . Une sorte de conte aussi, avec ses deux héros frères opposés mais complémentaires, avec ses phrases récurrentes .

Agacement face au manichéisme qui préside à la distribution des rôles . Les villageois sont toujours présentés comme des moutons de Panurge cupides, sots, manipulables, égoïstes, avides de bagarres, cancaniers, conformistes . Seuls les parents de nos deux héros échappent au massacre… Agacement aussi devant les jurons « putain, ta gueule,……. » ponctuant les dialogues qui reflètent un vocabulaire plus français que chinois . Mauvaise traduction peut-être mais qui vient parasiter cette plongée dans la société chinoise ….

Faux frères ...

9 étoiles

Critique de BMR & MAM (Paris, Inscrit le 27 avril 2007, 64 ans) - 3 septembre 2008

Excellente découverte que ce Brothers du chinois Yu Hua (un ancien dentiste !).
Un auteur contemporain qui décrit la Chine contemporaine.
Son bouquin est une véritable saga qui déroule cinquante ans de l'Histoire récente de la Chine moderne, depuis avant les années noires de la Révolution Culturelle jusqu'à l'avènement de l'économie de marché, il y a peu.
Rien que pour ce passionnant voyage dans le temps, ce gros pavé mérite le détour.
On retrouve là un peu de l'intérêt qu'on avait porté aux écrits de Chi Li (dans "Tu es une rivière", par exemple) qui faisait, elle aussi, défiler l'Histoire de la Chine moderne.
Mais la comparaison s'arrête là : le néo-réalisme de Chi Li nous décrivait une Chine pauvre, misérable, sordide.
Au contraire, Yu Hua donne dans le truculent, l'humour bon enfant, et même le grivois, pour nous raconter la vie de deux demi-frères, Song Gang et Li Guangtou.
Même si cette ironie et ces amusements parfois un peu naïfs (à la chinoise) ne cherchent même pas à cacher l'émotion.
La réalité décrite par Chi Li et Yu Hua est pourtant la même et les dures années de la Révolution Culturelle auront également marqué tous les chinois.
D'aiileurs, les deux demi-frères de Brothers y perdront leurs parents, piétinés par la révolution prolétarienne en marche et s'y retrouveront orphelins. Ça crée des liens, comme on dit.

[...] Il avait eu un frère, nommé Song Gang, auquel il était très lié. Song Gang était son aîné d'un an, il le dépassait d'une tête et c'était un type honnête et intransigeant. Il était mort trois ans auparavant et n'était plus qu'un tas de cendres dans une minuscule boîte en bois. Quand Li Guangtou pensait à cette petite boîte où Song Gang était enfermé, il soupirait : même un arbuste calciné aurait produit plus de cendres.

Des liens indéfectibles qui marqueront la vie de ces deux personnages tout au long du roman.
Au point qu'ils tomberont amoureux de la même femme.
Ce roman social ou historique est donc aussi une belle histoire d'amour, dans le décor exotique d'une petite ville de Chine.

[...] Avant de quitter le bourg des Liu pour prendre son deuxième envol, Li Guangtou se rendit comme l'autre fois à la boutique de dim sum de la mère Su pour y manger des petits pains farcis à la viande. Tout en mastiquant, il sortit son passeport de sa veste râpée et le montra à la mère Su pour élargir son horizon. La mère Su prit le document avec curiosité, l'examina sous toutes les coutures et, comparant la photo du passeport avec l'individu qu'elle avait sous les yeux, elle remarqua :
- On dirait vraiment que le type sur la photo c'est toi.
- Comment ça, on dirait ? mais c'est moi, répliqua Li Guangtou.
La mère Su n'arrivait pas à détacher ses yeux du passeport :
- Et avec ça, tu peux sortir de Chine et aller au Japon ? s'étonna-t-elle.
- Évidemment, répondit Li Guangtou, qui reprit son passeport des mains de la mère Su : Tu as les mains grasses.
La mère Su, confuse, s'essuya les mains sur son tablier, et Li Guangtou frotta le passeport avec sa manche râpée pour en effacer les taches de gras.
- Tu vas aller au Japon habillé comme ça ? demanda la mère Su en regardant les vêtements râpés de Li Guangtou...

Au fil des pages, des saisons et des ans, on partage la vie de ces deux frères et de leur village en route vers la modernité.
On regrettera juste dans le dernier quart du bouquin l'apparition d'un personnage un peu fantasque qui donne l'occasion de quelques péripéties grivoises et peu crédibles. Mais cela ne suffit pas à gâcher le voyage.
Un livre idéal pour découvrir la Chine et ses chinois.

Forums: Brothers

Il n'y a pas encore de discussion autour de "Brothers".