Le menteur de Henry James

Le menteur de Henry James
(The Liar)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Tistou, le 28 août 2008 (Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans)
La note : 6 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (41 651ème position).
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Menteur pathologique

Il y a du « Portrait de Dorian Gray » d’Oscar Wilde dans ce « Menteur ». Ou réciproquement.
De la puissance évocatrice ou révélatrice d’un portrait, voilà encore comment on pourrait sous-titrer cette oeuvre.
Nous sommes fin du XIXème siècle, dans la bonne société … anglaise. Oliver Lyon est un peintre, au talent devenant reconnu. Il s’installe chez Sir David afin de réaliser son portrait. Là, il participe aux mondanités quotidiennes qui semblaient rythmer ce genre de société et retrouve Evelina. Ils se sont aimés douze ans auparavant, en Allemagne, il lui a proposé le mariage, qu’elle a refusé … Et elle est là, ce soir, chez Sir David. Henry James nous fait vivre de l’intérieur le tourbillon des passions qui agitent Oliver Lyon, leur rencontre douze ans après … Everina lui présente son mari ; le beau colonel Capadose. Car elle s’est mariée, à la grande déception d’Oliver, qui se met à ruminer son dépit. Le colonel Capadose est un cas. Pathologique. De menteur, de hableur. Il apparait très vite évident qu’il est incapable de se contenter d’une fade vérité et qu’il affabule en permanence, enjolivant situations, actions. Le dépit d’Oliver en est encore exacerbé, d’autant plus lorsqu’il se rend compte qu’Everina est consciente des mensonges mais joue le jeu et tolère cette situation.
Nait dans son esprit une idée machiavélique. Engagé par le couple pour peindre le portrait de leur enfant, il propose de réaliser aussi celui du colonel. Et Oliver Lyon veut en faire son chef d’oeuvre en mettant tout son art pour rendre évident à l’observateur le caractère de menteur du colonel. La jalousie, l’envie de détourner Everina de son mari – dont elle est manifestement très amoureuse – l’aveuglent et le rendent amer.

« L’envie le prit de faire aussi le portrait du colonel –opération dont il se promettait de tirer une riche satisfaction personnelle. Il le forcerait à se révéler, il ferait de lui la représentation totale dont il avait parlé avec Sir David, et personne ne le saurait, à part les initiés. Ces derniers, cependant, tiendraient son portrait en haute estime, et il s’agirait en effet d’un ouvrage d’une profondeur exceptionnelle –un chef-d’oeuvre de caractérisation subtile, de traîtrise légitime. Il rêvait depuis des années de produire quelque chose qui porterait la marque du psychologue aussi bien que celle du peintre, et il avait enfin trouvé son sujet. »

Ce portrait nous ne le « verrons » que via le regard de ceux qui l’observeront et nul détail ne sera donné sur la technique employée pour parvenir à ce résultat. Peu importe …
La suite donnera au lecteur à méditer sur le détournement d’une oeuvre, de l’art, au service d’une vengeance. Quant au titre qu’on pourrait facilement imaginer qualifiant le colonel, mythomane en chef, l’évolution des relations entre les trois protagonistes peut semer le doute sur l’identité du menteur ; la femme amoureuse, l’artiste qui se fourvoie ?
Comme toujours chez Henry James, les choses sont d’une grande complexité et bien malin qui peut discerner avec certitude le blanc et le noir. Beaucoup de thèmes finalement affleurent dans ce « Menteur ». Une oeuvre ambigüe …

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Les éditions

  • Le menteur [Texte imprimé] Henry James traduit de l'américain par Muriel Zagha
    de James, Henry Zagha, Muriel (Traducteur)
    Gallimard / Folio. 2 euros
    ISBN : 9782070319879 ; 2,00 € ; 05/01/2006 ; 116 p. ; Poche
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7 étoiles

Critique de Nance (, Inscrite le 4 octobre 2007, - ans) - 5 octobre 2011

Lors d’une invitation à un manoir, un peintre rencontre l’amour de son enfance. Elle avait refusé de l’épouser à l’époque et il est toujours amoureux d’elle, bien qu’elle soit mariée et mère depuis. Il se rendra compte que son mari est mythomane et il va chercher à mettre à jour sa nature en faisant un portrait de lui pour connaître les vrais sentiments de cette femme.

Une bonne lecture, bien que pas dans mes récits préférés de l’auteur. C’est difficile de connaître ses intentions, de quel coté il se met et je trouve ça très intéressant. Qui est le menteur du titre ? On a du choix. C’est assez ambigu (ce qui me rappelle la fin de Le tour d’écrou) et c’est ça qui donne toute la saveur à l’histoire.

Je ne regrette pas ma lecture, quelques bonnes heures bien passée.

Se lit bien

8 étoiles

Critique de Leroymarko (Toronto, Inscrit le 19 septembre 2008, 51 ans) - 10 janvier 2009

Disons que j'ai pris quelques pages à être emballé par cette longue nouvelle de l'auteur, né Américain et mort Anglais. Les mondanités décrites m'ont d'abord laissé tout de froid. Puis, les personnages m'ont de plus en plus intéressé.

D'abord, Oliver Lyon, peintre, qui participe à un grand dîner avant de commencer le portrait de Sir David Ashmore. Puis, les Capadose: le colonel et sa ravissante femme Everina. Cette dernière avait, dans le passé, fait battre le coeur de Lyon au rythme de l'amour. Elle est désormais au bras du charmant colonel.

Charmant, amical, le colonel est également menteur. En fait, Capadose est atteint d'une forme plutôt sévère de mythomanie. Tous semblent pourtant s'accomoder fort bien de ce trait de caractère du colonel. Oliver Lyon se demande toutefois ce que ressent véritablement son ancienne dulcinée, Everina. De la honte? De la pitié? Ou joue-t-elle le même jeu?

Oliver Lyon, jaloux, cherche à savoir. Il élabore un plan. Il va peindre le portrait du colonel. Il va dévoiler, à travers cette oeuvre, la vraie nature de Capadose. Et il montrera le tableau à Everina, pour enfin connaître la réponse à ses interrogations. Son but ultime, même s'il n'est pas vraiment évoquer clairement, c'est de regagner le coeur d'Everina. Va-t-il réussir?

Un petit livre qui se lit bien, qu'on ne peut déposer une fois les premières pages traversées. Recommandé.

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