Une petite fille privilégiée
de Francine Christophe

critiqué par Smokey, le 29 août 2008
(Zone 51, Lille - 38 ans)


La note:  étoiles
Une enfant à Bergen-Belsen.
"Je fus une petite fille privilégiée, parce que mon père avait été prisonnier. Et, aussi curieux que cela paraisse, c'est ce qui me sauva la vie..."

Difficile de résumer ce livre qui n'est écrit que par morceaux. Le lecteur est face à des sortes de flash-backs. Francine avait 9 ans quand elle fut déportée à Bergen-Belsen. Son récit est touchant et garde cette sincérité qu'on ne possède que dans l'enfance.

En 1942, Francine et sa mère sont arrêtées à la Rochefoucault car elles essayaient de passer la zone sud (elles sont juives). Elles sont enfermées dans la salle des fêtes puis transférées à la prison d'Angoulême.
Pendant l'été, elles partent pour le camp de Drancy. Elles y passent trois semaines. Elles y croisent les enfants, séparés de leurs mères déjà déportées, et eux-mêmes en route pour Auschwitz.
En septembre, elles sont transférées à Beaune-la-Rolande, mais le camp est presque vide, elles retournent à Drancy en juin 1943.
En mai 1944, elles sont déportées à Bergen-Belsen.

Voici quelques extraits:

"Et voilà, j'ai vu mon premier mort. Il pendait sous un escalier, et j'ai foncé dedans en courant. Bien laid, bien raide, le pauvre homme; le saisissement me rendit presque aussi raide que lui.

Des morts, il y en a de plus en plus. Des malades, des maltraités lors des arrestations, des torturés au cours d'interrogatoires, des terrassés d'émotion et des suicidés qui se tuent plutôt que de partir déportés.

Un couple de fiancés s'est sectionné les veines, et jeté par une fenêtre du troisième étage.Je passai quelques minutes plus tard, et le sang coulait encore sur le sol."

" Comment expliquer que c'était ça, justement, l'horreur, pour nous les enfants, ne rien faire. Traîner, traîner, jour après jour, en courbant l'échine, chaque jour davantage, le ventre torturé par la dysenterie, la chair mangée par les bobos. Traîner dans les allées du camp, respirant l'odeur des hommes qu'on brûle, comptant les morts entassés pour se distraire, les comparant (tiens, celui-là a la poitrine poilue, cet autre les pieds tordus...), attendant simplement la fin, la vrai fin qui libère, la mort."

"Mais vous avez vraiment beaucoup souffert ( avec un peu de septicisme)?
-Oh! oui, beaucoup...( là, ils paraissent contents)."

"On vous a laissé vos vêtements! Vous étiez donc kapos!"

"Heureusement, votre bras n'est pas tatoué, vous! Les autres devront porter un bracelet pour cacher çà!"

"Ne mange pas si vite, c'est mauvais pour la santé, on dirait vraiment que tu as eu faim!"


A découvrir.