L'inaperçu
de Sylvie Germain

critiqué par Sorcius, le 31 août 2008
(Bruxelles - 54 ans)


La note:  étoiles
Chouette, un nouveau Sylvie Germain!
Le nouveau Sylvie Germain nous livre la saga d'une famille provinciale très banale d'apparence, mais avec ses drames et ses secrets maudits, comme toujours chez cette auteure qui nous ensorcelle une fois encore avec ses mots magiques et ses phrases qu'on peut qualifier de divines.
De tous les livres que j'ai lu ces dernières années, ceux de Sylvie Germain offrent l'écriture la plus fascinante. Le plaisir qu'on ressent à la lire est, je le répète mais je ne trouve pas d'autre mot, divin!

Auprès de la famille Bérynx et de ses membres aux personnalités complexes et tourmentées, on découvre un autre personnage, Pierre, mystérieux et silencieux, qui prend petit à petit une place importante auprès d'eux.
A la fin du livre, c'est son histoire que l'on découvrira, et, à travers elle, le destin tragique de sa mère.

L'Inaperçu, c'est un roman de femmes, c'est l'inaperçu dans lequel se perdent leurs destins aux drames enfouis.
Elle le dit tellement bien, Sylvie Germain: "... soucieux d'arracher à l'inaperçu, et donc à l'oubli immédiat, des destins qui passent et aussitôt s'effacent..."

Une autre phrase encore, pour la route: "Elle osait ce que Pacôme n'avait pas eu l'audace de faire: refuser le devoir d'imposture dicté par la tyrannie des convenances et la frayeur du qu'en-dira-t-on."
Le fardeau du passé 9 étoiles

Dans les années soixante, Sabine survit à la mort accidentelle de son mari Georges deux ans auparavant, suite à une dispute Marie, leur fille qui se trouvait par hasard dans la voiture, est restée handicapée. Un homme fait irruption dans sa vie sous les traits d'un père Noël. Pierre vient providentiellement l'aider dans son commerce et s'installe chez eux. Il devient, sans qu'ils s'en rendent compte, un père de substitution et un ami fidèle, très discret. Mais les beaux-parents de Sabine ne l'apprécient pas. Quelques années plus tard, le beau-père de Sabine lui crache à la figure. Suite à ce choc, Pierre s'enfuit et disparaît.
Je ne me lasse pas du style de Sylvie Germain, d'une grande poésie ! L'auteure fait toujours un travail remarquable pour affiner la personnalité de ses personnages, aux caractères complexes et à la fois réalistes. J'aime sa touche de romancière chrétienne et son regard psychologue.
J'ai moins aimé le personnage de la tante, qui m'a dérangée… et c'était certainement le but.

Pascale Ew. - - 57 ans - 21 juillet 2017


Rien de transcendant 6 étoiles

Séduit par le très bon « Magnus », j’avais l'envie de découvrir d’autres histoires de l’auteur.

Sans être déçu, j’avoue avoir lu récemment de bien meilleures sagas familiales. Je cite notamment « Une vie française » de Dubois et surtout « Le club des incorrigibles optimistes » de Guenassia.

L’auteur manque de franchise avec ses lecteurs ne livrant pas tous les tenants et aboutissants du récit. Elle ne parvient pas non plus réellement à entretenir un fil conducteur de l'histoire.

L’écriture est bonne mais l’originalité fait aussi défaut et l’humour absent. Les personnages n’ont pas beaucoup de relief et certains sont même à peine décrits.

Heureusement le roman, grâce à son style, porte tout de même le lecteur qui n'aura pas trop de difficulté à aller au bout.

En deux mots, pas un mauvais roman, mais franchement rien d’inoubliable.

Pacmann - Tamise - 59 ans - 22 octobre 2014


Secrets intérieurs 6 étoiles

Le ton de ce livre est contrasté avec recherche. Il y a de belles et longues phrases à ambition poétique qui jouent avec les diverses sensations sans excès.

Les histoires se croisent et restent soigneusement cachées à l'intérieur des êtres qui préservent leur moi intime. L'auteure est la narratrice qui distille au fur et à mesure les informations permettant de comprendre la complexité des individus et leurs réactions issues de leur passé chargé de regrets.

Une famille aisée. Un mari, sorti en voiture, énervé après une dispute pour une broutille et qui meurt de sa rencontre avec un arbre. Une épouse qui reprend le magasin et y engage pour l'aider un homme qui faisait le père Noël et qui est sans famille. Trois garçons et une fille à qui la gouvernante sert de mère, la titulaire s'engouffrant dans le travail. Un grand-père suspicieux et sa sœur moins sage qu'il n'y paraît.

IF-1013-4105

Isad - - - ans - 27 octobre 2013


Sondeuse de nos âmes. 9 étoiles

Les Berynx : famille bourgeoise chez laquelle la façade de la réussite est de mise et où la communication est impersonnelle, les sentiments tus, cachés, étouffés.
"Chez ces gens là" aurait dit Brel. Chez ces gens là les apparences cachent les intimes failles.
Jusqu'au jour où un inconnu entre dans la famille et en bouscule les codes, permettant à chacun d'être, de se découvrir. Son départ subit et inexpliqué génère un vide dont la résonance va entraîner chez chaque membre de la famille un travail de construction de soi, d'affirmation de son identité.
Quant à cet inconnu, je ne vous en dirai rien, je vous laisse découvrir à la lecture : qui est-il, qu'est-il devenu ?
Une fois de plus, Sylvie germain nous livre une oeuvre qui sonde les tréfonds de l'humain, ses failles et ses possibles infinitudes. Elle transcende l'existence de ses personnages et nous ouvre les yeux sur l'invisible, l'essentiel.

Bafie - - 63 ans - 28 septembre 2013


Déception et somptuosité 6 étoiles

Il est regrettable qu'après nous avoir tissé un ensemble d'intéressants portraits, constitutifs d'une famille de notre temps, l'auteure ait fait soudain exploser cette cellule à la suite d'un incident majeur en milieu de roman.

Il ne reste plus au lecteur qu'à suivre de manière décousue et un peu désenchantée la destinée nouvelle de ses différents héros qu'aucune cohésion ne relie plus désormais.

En revanche, et dans son génie à ciseler ses phrases, à restituer les infimes nuances d'une situation donnée, Sylvie Germain demeure fidèle à sa marque d'écriture dont elle ne cesse de nous enchanter en portant très haut un style d'une grande somptuosité.

Ori - Kraainem - 89 ans - 31 décembre 2008