Qui touche à mon corps je le tue de Valentine Goby
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Du drame de l'avortement
Dans ce roman, Valentine Goby nous invite à partager les 24 heures de trois de ses personnages, trois destins qui vont se rejoindre dans la tragédie.
Lucie L, une jeune femme qui refuse la maternité et qui attend une sonde plantée dans l’utérus enfin la délivrance. Elle a lu et déjà entendu que les femmes comme elle sont des monstres, mais elle ne se sent pas capable, elle n’a jamais eu la force d’avoir un enfant, son mari n’en saura rien, elle lui dira qu’elle a fait une fausse couche.
Marie G, la quarantaine, les mains usées par le travail, elle s’est d’abord occupée du linge de sa famille, ensuite elle a été placée dans une ferme, comme blanchisseuse, mais ce n’est pas la même chose, les mêmes sensations de laver le linge d’étranger, ensuite elle devient serveuse, mais comme ce n’est pas un métier pour une mère, elle restera une mère blanchisseuse, une blanchisseuse de mère pour finir une blanchisseuse des corps – une faiseuse d’anges. Elle attend son exécution dans sa cellule à la Roquette
Henri D, ancien mécanicien qui a parcouru le monde, « rentier » pour son acte de mariage, ancien patron de cycles, est devenu exécuteur, le bourreau.
Ce livre court, sur un sujet grave, est bouleversant, terrifiant, une écriture, un style remarquable. La vie, le ressenti, l’univers de ces trois personnages est décrit magnifiquement, des pages émouvantes. Trois univers, trois destins différent mais trois vies difficiles. Un roman qui ne laissera personne indifférent.
Message de la modération : Prix CL 2011 catégorie Roman de la Francophonie
Les éditions
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Qui touche à mon corps je le tue [Texte imprimé], roman Valentine Goby
de Goby, Valentine
Gallimard
ISBN : 9782070120574 ; 11,31 € ; 25/08/2008 ; 135 p. ; Broché -
Qui touche à mon corps je le tue [Texte imprimé] Valentine Goby
de Goby, Valentine
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782070402502 ; 6,30 € ; 14/01/2010 ; 137 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (10)
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Un choix déchirant
Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 69 ans) - 30 septembre 2011
Valentine Goby a choisi d'aborder ce thème par le biais de trois personnages impliqués à fond dans cette problématique. Il y a Marie G. l'avorteuse, la faiseuse d'anges comme on nommait à l'époque ces femmes qui gagnaient leur vie en pratiquant des avortements clandestins. Ensuite, il y a Lucie L. une femme mariée évoluant dans un milieu aisé mais extrêmement malheureuse et se sentant incomprise de son mari. Elle décide donc de ne pas avoir son enfant et cela à l'insu de son époux absent. Puis, Henri D., le bourreau, l'exécuteur, le maître de la guillotine qui tranchera la tête de la méchante avorteuse car il faut faire un exemple selon le Maréchal Pétain qui refuse sa demande en grâce.
J'ai aimé le style de l'auteure, sa façon de nous faire pénétrer dans l'univers des trois personnages, de nous livrer leurs pensées profondes, leurs sensations, leurs impressions de la journée d'avant l'exécution. Trois personnages fort différents que la vie n'a pas épargnés. Pour Marie G. c'est la fin, pour Henri D. la routine et pour Lucy L. un nouveau départ.
Très beau livre mais un peu trop d'emphase surtout vers la fin. À lire cependant pour le côté historique et humain.
Destins funestes
Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 21 août 2011
Marie, condamnée à mort pour avoir avorté de nombreuses femmes, Lucie, en train d'avorter seule, et Henri, le bourreau.
Les trois narrations se croisent, s'entremêlent; les rapports à leurs mères, leurs naissances, leurs conjoints, leur enfances, les sensations de leurs mains, de leurs peaux; jusqu'à l'inévitable rencontre de Marie et d'Henri .
Est-ce l'incessant « mélange » de ces trois vies, est-ce un problème de ponctuation, je n'ai, comme Mandarine, pas adhéré aux monologues croisés des personnages de ce court roman.
"Je hais qu'un homme vive au moment de mourir"
Critique de Sissi (Besançon, Inscrite le 29 novembre 2010, 54 ans) - 31 mai 2011
Les vingt-quatre dernières heures avant l'exécution, Valentine Goby décrit l'envers du décor, tout ce qui se cache derrière ces trois personnes au destin tragique, raconte trois parcours de vie qui suintent le sang et la mort.
Omniprésents sont la mort et les morts: il y a tous ceux de la famille de Lucie, il y a les avortements auxquels elle se soumet, incapable d'assumer sa féminité, il y a celle que Marie G. provoque en faisant des anges, un peu par hasard ("La vie s'abat sur elle comme une catastrophe"), celles que le bourreau provoque mais également subit, embarqué un peu malgré lui dans une lignée de guillotineur.
Tout l'ambiguïté et l'ambivalence des sentiments humains sont exposés avec véracité, démontrant que rien n'est aussi simple qu'on peut le croire.
Terriblement éprouvant, immensément juste.
Les détails sont parfois très crus et douloureux à lire, mais c'est au nom d'une vérité qui doit parfois être dite, et non au nom d'un étalage gratuit du sordide.
Les phrases, rapides et sèches, claquent et s'enchaînent dans une unité de ton volontairement austère mais très parlant.
Tranches de vie
Critique de Isad (, Inscrite le 3 avril 2011, - ans) - 14 mai 2011
Les récits, manifestement bien documentés, sur l’avortement et les derniers instants de la guillotine, sont plutôt écrits comme des constats et manquent de « chaleur ».
Les histoires ?
Marie est avorteuse, par hasard et pour améliorer son quotidien. Elle a été condamnée à mort, ce dont elle n’arrive pas à se rendre compte, de même que ses geôliers, et n’a pas été graciée. Et elle attend son exécution.
Son bourreau est Henri qui a embrassé la tradition familiale du père de sa femme. Il fait son travail, sans état d’âme, mais pense souvent au suicide de son fils qu’il avait essayé d’endurcir.
Et puis, il y a Lucie, chanteuse internationale qui attend dans la solitude de sa chambre que se produise son deuxième avortement, occasion de réfléchir sur son enfance, son mari. Elle veut réorienter le cours de sa vie future et se délester de son passé, ce qui représente la note optimiste du livre.
IF-0411-3717
Noir, C'est très noir ...
Critique de Mandarine (, Inscrite le 2 juillet 2010, 52 ans) - 10 avril 2011
Mais mon expérience avec cette auteure s'arrêtera là pour le moment !
Paris, le 30 juillet 1943, 5h25
Critique de Koudoux (SART, Inscrite le 3 septembre 2009, 60 ans) - 17 mars 2011
Lucie L, la femme qui avorte sans rien dire à son mari.
Marie G, la faiseuse d'anges, condamnée à mort qui attend dans sa cellule l'heure de son exécution.
Henri D, le bourreau, attend de faire tomber le couperet.
Bonnes descriptions des personnages et des ambiances vécues.
Ce livre pourrait servir de point de départ pour développer différents thèmes comme la peine de mort, l'avortement, l'influence de l'enfance sur une vie, le rôle du bourreau et de la victime...
« Est-ce que je vais mourir pour être à moi »
Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans) - 17 mars 2011
L’auteur a choisi de faire parler les corps pour ne pas verser dans des émotions larmoyantes ou dans des raisonnements mille fois exposés déjà ; elle est la jeune femme qui sent le liquide s’échapper d’elle avec le fœtus qu’elle ne veut, ne peut, pas mettre au monde ; elle est l’avorteuse couchée sur le sol froid qui attend le bourreau ; elle est ce bourreau qui vomit son dégoût quand il apprend qu’une exécution de plus l’attend.
Et bien sûr elle pose toutes les questions inévitables quand on évoque ces sujets : le droit à la vie, le droit à l’avortement, le droit à la contraception, le droit au plaisir pour les femmes aussi, le droit d’avoir une vie choisie, le droit de posséder son corps. Mais aussi la destinée, pourquoi Marie est devenue faiseuse d’anges, pourquoi Henri est devenu son bourreau et ,pour comprendre, elle explore leur enfance, leur adolescence, le manque d’amour ou d’affection, la recherche de la mère qui est toujours trop absente. Elle essaie de suivre le parcours de ces enfants précipités trop tôt dans la vie et bien trop vite au devant de la mort. Il y aurait comme une fatalité dans ces trois personnages, une fatalité qui les accompagnerait depuis leur naissance vers la mort qu’on donne ou qu’on subit.
Un très beau texte de larmes, de sang, d’humeurs diverses, de sensations corporelles et charnelles qui éludent les émotions larmoyantes et les raisonnements moralisateurs, dans un style concis, incisif, poignant, percutant. Un livre qui évoque des faits, pose des questions, ne jugent pas, ne prend pas parti, interroge, interpelle, bouleverse…
“Dernier jour d’un condamné” au féminin ?
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 27 décembre 2010
Nous sommes en 1943, au cœur de la guerre (absente du roman), dans une France gouvernée par Pétain. L’avortement est un crime à cette époque et celles qui pratiquaient cet acte étaient appelées les « faiseuses d’anges ».
Marie G. est de celles-là. Et elle est a été jugée et condamnée. A mort. Lucie L., elle, est une jeune femme, murée dans la solitude de la décision qu’elle a prise, elle avorte, à la « sauvage », de manière brutale et « artisanale », à coup d’une sonde introduite dans l’utérus. Dernier intervenant, Henri D. : Henri D. est le bourreau, celui qui va décapiter Marie G..
Et Valentine Goby, dans un chœur tragique à trois cris, va nous emmener dans le dernier jour de Marie G.. J’ai pensé réellement au texte de Victor Hugo, même si ici, l’avortement et son appréhension par la société de l’époque est aussi important que les états d’âme de Georges D. à la veille d’exécuter ou de Marie G. qui ne sait pas en fait que cette nuit sera la dernière.
L’écriture est accomplie, sophistiquée mais dans le bon sens du terme, pour la bonne cause, tout simplement parce que … c’est bien écrit, probablement. Quelque agacement par instant, le temps de me dire « c’est bavard, trop bavard ». Et puis non, de ne plus le penser … D’ailleurs, est-il possible de traiter de tels sujets sans dérouler des festons de mots, de locutions, des festons comme pour mieux masquer l’inacceptable. Quelque part – et je ne voudrais pas que cela soit pris en aucune façon pour une remarque sexiste ou machiste – ce roman ne pouvait être écrit, sous cette forme au moins, que par une femme. C’est réellement très féminin et m’a fait penser à une autre « auteuse » dont la lecture me fait parfois aussi cette impression : Alice Ferney.
Douloureux à la lecture par moments – par moment je crispais mes orteils pour évacuer excès de tension et tenter de conjurer le malheur – mais profond. C’est un roman bien abouti pour une femme aussi jeune !
Dieu que c’est laid une guillotine ! Dieu sait que la fonction de bourreau institutionnel devait être intenable ! Et que dire aussi de cette responsabilité d’une jeune femme de décider qu’elle ne gardera pas l’embryon qui pousse dans son ventre dans une société qui ne lui reconnait pas le droit de décider pour elle-même ? Il y a des choses douloureuses dans la vie. Valentine Goby en a compulsé quelques-unes ici.
Faiseuse d’anges
Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 11 décembre 2010
C’est un bouquin très dur et à la fois très beau en raison de l’écriture maîtrisée de l’auteure. Une prose souvent plus près de la poésie que du romanesque.
« Toutes les chairs craquent. Tous les tissus. Tissus trop larges ou trop étroits, tissus de peau, tissus de soi. »
Bon livre
Critique de Olinot (Proche de Paris, Inscrit le 5 janvier 2010, 56 ans) - 2 décembre 2010
Une réflexion sur le corps et le temps.
J'ai aimé l'écriture vive et le style de ce livre.
On ne reste pas indifférent aux histoires et aux émotions décrites.
Je ne pensais pas passer un bon moment sur un sujet comme celui là !
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???? | 1 | Antihuman | 5 novembre 2011 @ 22:29 | |
Bonne lecture | 1 | Angekalo | 21 juin 2009 @ 21:40 |
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