American Visa de Juan Recacoechea Saenz

American Visa de Juan Recacoechea Saenz
( American visa)

Catégorie(s) : Littérature => Sud-américaine

Critiqué par Sahkti, le 5 septembre 2008 (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (40 535ème position).
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Le rêve américain... de pacotille

Mario Alvarez a passé les quarante premières années de sa vie en Bolivie. Son fils est parti vivre aux Etats-Unis, il vend des pancakes à Miami. Un jour, il envoie un billet d'avion à son père mais demeure l'épineux problème de l'obtention du visa touristique. Sans titre de propriété, la preuve de liquidités à la banque et de possession d'une certaine richesse, les autorités consulaires américaines sont intransigeantes et ne délivrent pas le précieux sésame.
Mario a fait faire des faux, il y a laissé presque toutes ses économies. Seulement lorsqu'il se rend au consulat, il apprend que les autorités américaines effectuent maintent des enquêtes approfondies pour démasquer les fraudeurs, tant il y a eu d'abus. Mario panique et s'adresse alors à une agence de voyage véreuse qui lui promet l'inaccessible en échange de 800 dollars. Une somme que Mario ne possède évidemment pas, alors il erre dans son Hôtel California de La Paz, sorte de cour des miracles où il s'est fait ami avec un travesti, une prostituée, un ancien gardien de but et un professeur fauché. Les destins de tous ces gens défilent sous nos yeux avec beaucoup d'humour et de truculence.

Voici un livre qui aborde joyeusement une certaine réalité sud-américaine, celle de la misère et du rêve américain. Plutôt que l'évoquer via une dénonciation de la bureaucratie et de la corruption ou encore une attaque en règle du régime politique, Juan De Recacoechea (lui-même Bolivien) raconte la vie d'un hôtel et des ses occupants fauchés. D'anecdote en anecdote, ce sont toutes sortes de péripéties qui nous font aimer ces personnages et leur histoire.
J'ai beaucoup aimé le formidable sentiment d'espoir qui se dégage de ces lignes, même lorsque rien ne va plus. On espère avec Mario qu'il aura son visa et en même temps, on sait que la vie aux States n'est pas faite pour lui. Alors que faire? Et bien lire ce livre, voilà! :-) Une lecture qui fait du bien.

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Le rêve américain

6 étoiles

Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans) - 1 septembre 2012

Ce livre rocambolesque est en fait un livre prétexte pour dresser un portrait de la Bolivie des années quatre-vingt-dix en déambulant dans les rues de La Paz à la découverte de tous les aspects de la société bolivienne, notamment ses bas-fonds peuplés des marginaux qu’on rencontre habituellement dans ce genre d’endroit : putes, malfrats, trafiquants de toute sorte, mendiants, ivrognes, … , tout un peuple de miséreux qui cherchent quelques pesos pour survivre dans un pays où la révolution a ruiné ceux que la dictature n’avait pas dépouillés.

En 1993, Mario, un professeur un peu trafiquant, arrive à la capitale pour demander un visa touristique au consulat des Etats-Unis. Il a tout préparé, des comptes bancaires trafiqués, des titres de propriété falsifiés,…, tout ce qui est nécessaire pour ne pas être refoulé mais au moment de se présenter devant le fonctionnaire de service il se dégonfle, persuadé que ses faux documents seront démasqués. Il commence alors une longue errance en ville à la recherche d’une autre solution pour sortir de ce pays où il ne peut plus vivre. Il finit par trouver une agence de voyage qui fournit des visas moyennant finance qu’il n’a, évidemment, pas et qu’il pense trouver en volant des acheteurs d’or. Mais son opération vire rapidement à la déroute et se transforme en une montée au calvaire où il trouvera, peut-être, un nouvel espoir pour oublier l’impossible rêve américain.

Cette exploration des rues de la capitale bolivienne devient vite un peu longuette, même si l’auteur excelle dans l’art du portrait et dresse une impressionnante galerie de personnages tous plus hauts en couleur les uns que les autres. On sent trop que ce livre est un alibi, un prétexte, l’auteur recourt à trop à d’artifices pour mettre en scène toutes les misères qu’il veut montrer dans cette histoire filandreuse, un peu bancale, assaisonnée à la cocaïne : fortune et fléau du pays, et arrosée au pisco qui permet d’oublier la misère.

« En Bolivie, L’honneur ne veut plus rien dire. Tout ce qui compte, c’est l’argent. Peu importe que tu le gagnes en fourguant de la cocaïne ou en vendant ton corps. L’important c’est de devenir bourgeois. » Un portrait sans concession de la Bolivie, à travers l’image de sa capitale, un inventaire de toutes les misères qui accablent cette nation qui a même perdu son accès à la mer. Le drame d’un pays exploité par les conquistadors dès le XVI° siècle, qui n’a jamais trouvé sa réelle identité, ni un peuple cohérent, dans la cohabitation entre indigènes et colonisateurs, et qui erre toujours (au moins au moment où ce livre a été écrit) entre révolution et dictature à la recherche d’un hypothétique équilibre.

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