Bunker
de Philippe Huet

critiqué par Olivier verstraete radio cité vauban (RC, le 7 septembre 2008
( - 52 ans)


La note:  étoiles
critique de bunker
Les plages normandes ont été le théâtre de combats titanesques lors du débarquement de 44 et les traces sont encore visibles sur le front de mer bas normands avec ses blocs de béton appelés bunkers, blockhaus ou fortins suivant le camp dans lequel on se trouve. Ces lieux de défense regorgent encore d’histoires et de secrets aussi enfouis que des mines mais tout aussi dangereuses lorsqu’elle ressurgissent à la surface, prêtes à vous sauter à la gueule. C’est ce que raconte Philippe Huet dans son nouveau roman, Bunker, aux éditions Rivages.

Alfred Fournier est le tenancier d’un bar à Volaville transformé par sa fille en pub. Avec le 50è anniversaire du débarquement, le tourisme nostalgique a pris son envol et il fallait moderniser. Cette affluence n’est pas du goût de tous à commencer par Alfred qui ne voit pas d’un bon oeil la venue de ce jeune allemand depuis quelques jours, tournant autour des bunkers du front de mer et notamment autour de celui habité par Grangier, un ermite farfelu féru du débarquement. Que cache cette visite ? Lui qui a toujours eu le contrôle des événements semble perdre toute emprise sur les faits à commencer par sa petite fille Gilda, 17 ans, qui rôde avec un jeune marginal lui aussi proche de Grangier.

Philippe Huet reste fidèle à son style et à son terrain romanesque de prédilection : la Normandie et ses drôles de personnages, l’histoire avec un grand H heurtant les histoires personnelles. Il manie à merveille le récit autour de la folie des hommes pour les faits d’armes des autres, mais aussi par la cupidité de chacun. Il développe aussi le thème de la réussite à travers les yeux d’une adolescente et d’un marginal qui donne éperdument amoureux d’elle. Elle l’attend sur un terrain qu’il n’emprunte pas, celui de l’audace, du courage et de l’ambition de faire sa vie autre chose que de dormir dans une baraque de chantier. Bunker est un roc de roman noir, une place forte du thriller version normande qui ne demande qu’à vous entraîner dans le pays d’auge et les sombres souvenirs du D day que certains croyaient à jamais ensevelis sous le sable des plages d’Omaha beach