De la RTBF au « Sexy fun »…

D’emblée, on se prend d’amitié pour Maguy, cette pensionnée prête à tout pour trouver de l’argent afin d’offrir à son petit-fils le traitement qui le sauvera. Atteint d’une maladie orpheline, Félix dépérit à l’hôpital, non réceptif aux soins thérapeutiques traditionnels, voué à une mort certaine. Dernier espoir : un nouveau médicament qui pourrait éventuellement le sauver mais qui coûte les yeux de la tête. L’hôpital est prêt à intervenir pour une grosse part, mais il reste à couvrir 500 euros par semaine… Donc 2000 par mois… Les parents de Félix ayant préféré évacuer ce problème de leur vie dès l’annonce de la maladie du petit garçon, Maguy est la seule à veiller sur lui. Et donc la seule à se décarcasser pour trouver l’énorme somme. Elle qui fut toute sa vie hôtesse d’accueil à la RTBF cherche naturellement un emploi du même genre. Imaginez les mimiques des employeurs qui voient arriver cette mamy… Pas tout à fait le profil attendu…

Après un énième coup dans l’eau, désespérée, hantée par l’image de son petit-fils qui n’est plus que l’ombre de lui-même sur ce lit d’hôpital, elle erre dans le quartier Nord de Bruxelles. Quand, miraculeusement, elle voit une petite pancarte à une vitrine : recherchons hôtesse. Elle entre et ne se rend pas tout de suite compte du type d’endroit ni du type « d’hôtesse » demandé… Bien vite mise au parfum par un patron tout ce qu’il y a de plus correct, Maguy, veuve qui n’a jamais connu qu’un seul homme, son mari, Maguy, grand-mère respectable, Maguy, retraitée, accepte de gagner de l’argent en masturbant des hommes. Ils se trouvent dans une pièce dont un mur comporte un trou dans lequel ils introduisent leur pénis et Maguy, de l’autre côté, s’active jusqu’à éjaculation. Pas bégueule, il lui a quand même fallu quelques jours avant de s’habituer à l’idée de son nouvel emploi… Mais si c’est le seul moyen pour sauver Félix, et bien, il faudra qu’elle s’y fasse ! Et elle s’y fait. Elle s’y fait tellement bien qu’elle devient experte et recherchée pour ses talents ! Surnommée Irina Poignet, son ascension au sein du « Sexy fun » est fulgurante.

Voilà pour l’essentiel. C’est une bonne idée, mais, sorry Philippe, ce n’est pas assez… Bien sûr, les liens qu’elle tisse avec ses collègues, son patron, son kiné (tendinite…) agrémentent le récit, mais sans l’étoffer suffisamment pour en faire un roman d’envergure. On se retrouve donc avec un petit roman, facile et rapide à lire, qui oscille intelligemment entre humour et humanité, avec juste ce qu’il faut d’émotion (toujours délicat d’intégrer un enfant lourdement malade dans un récit… le pathos guette… mais ouf, pas dans ce cas-ci).

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  Irina Poignet [Texte imprimé], roman Philippe Blasband

  de Blasband, Philippe
  le Castor astral / Escales des lettres
  ISBN : 9782859207670 ; 8,05 € ; 21/08/2008 ; 159 p. ; Broché

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