Les accommodements raisonnables
de Jean-Paul Dubois

critiqué par Olivier verstraete radio cité vauban (RC, le 10 septembre 2008
( - 51 ans)


La note:  étoiles
le nouveau dubois
Cette rentrée littéraire forte de ces 600 et quelques sorties, est aussi le retour d'auteurs français plus ou moins attendus. Parmi les plus attendus l'écrivain gynécologue Christine Angot, la libertine jalouse Catherine Millet mais aussi et surtout le ténébreux toulousain Jean-Paul Dubois avec les accommodements raisonnables paru aux éditions de l'olivier.

Paul Stern, la cinquantaine, père et grand père vivant à Toulouse, se cherche un peu dans la vie avec sa femme en pleine dépression. Avec la mort de son oncle, le frère détesté et parvenu de son frère, il découvre des pans de caractère de son géniteur qu'il n'aurait jamais imaginés. Une proposition d'adaptation d'un film français pour les studios hollywoodiens de la Paramount l'obligent à s'expatrier et s'éloigner des siens pendant toute une année. comment son petit monde va-t-il évoluer en son absence? comment va-t-il retrouver son père sous un autre jour? Comment va-t-il s'accommoder de tous ces changements?

Jean-Paul Dubois reprend le thème du déroulé d'une vie d'un homme durant un temps donné, ici une année, celle qui a vu entre autre l'élection de Nicolas Sarkozy. Lui qui connaît bien le pays et les habitants de la bannière étoilée replonge son personnage principal dans cet univers de fabrication cinématographique, de ses paillettes aux piquets de grève des scénaristes, cette ménagerie que Paul découvre, observe voire fantasme en la présence de Selma, reproduction quasi fidèle de sa femme vingt ans en moins. Jean-Paul Dubois nous livre un récit intelligent, plein d'esprit qui se lit et se déguste comme une glace italienne en plein été : désir de la déguster et peur de la finir pour ne pas perdre son goût au palais. Faire l'impasse du nouveau Dubois en cette rentrée littéraire ne serait pas raisonnable.
Les liens invisibles 5 étoiles

L’oncle Charles vient de mourir. Paul Stern, son neveu, assiste à une inhumation interminable pour cause de panne au crématorium. Charles était le frère d’Alexandre, père de Paul, de véritables frères ennemis, quand l’un était travailleur fidèle dans sa petite entreprise, Charles, devenu très riche, menait grande vie à Paris.
Seul héritier, Alexandre va trahir, renier tout ce qui faisait sa vie, endossant la vie de son défunt frère, jusqu’à épouser sa compagne John-Johnny.
Paul assiste, impuissant, et incompréhensif à la transformation et à l’égocentrisme de son père.
Depuis 30 ans qu’il est marié à Anna, il assiste, là aussi impuissant, à la profonde dépression de son épouse qui choisit l’internement, la cure de sommeil. Malgré tout, peut-être la personne la plus lucide de la famille. "Je ne suis pas malade. Je suis simplement arrivée à un moment de ma vie où je ne vois plus les choses et les gens de la même façon. Ce n’est pas une maladie, c’est une modification des perspectives."
Ses trois enfants, Jean, Jules et Marie sont indépendants, ses rayons de soleil étant ses petits-enfants Louis et Arthur.

Écrivant des scripts pour la télé, il se voit proposer un poste pour aider à l’écriture d’un film français à la sauce américaine ; ce qui signifie quitter pendant plusieurs mois Toulouse, son père, sa femme.
Une autre vie, une rencontre époustouflante jusqu’au moment où il faudra choisir…

Jean-Paul Dubois interroge le lecteur sur les "liens indéfectibles qui unissent un père à son fils et au gouffre qui, malgré tout, toujours, les séparera". L’amour qui peut devenir aliénant, mais aussi l’incompréhension, comment trouver l’équilibre entre ses propres envies, son propre plaisir et ses valeurs morales.
"Je voulais interroger Grandin (le psy) sur cette réalité, justement sur ces liens invisibles qui nous reliaient les uns aux autres, qui faisaient que nous étions censé avoir envie de vivre un jour de plus. Et que, pour cela, nous étions prêts à tous les compromis, tous les accommodements raisonnables."

Malgré un thème intéressant, je n’ai pas été conquise par cette histoire, par ce héros hésitant malgré quelques passages touchants avec son épouse en particulier.

Marvic - Normandie - 66 ans - 30 mars 2021


french touch 8 étoiles

Un scénariste français est toujours le bienvenu dans les studios d’Hollywood, pour apporter la "French touch" à des scénarios improbables. Paul Stern, pourvu d’une épouse dépressive shootée aux antidépresseurs et d’un père refaisant sa vie avec une jeune beauté héritée de son frère récemment décédé, ne va pas tarder à céder aux appels des sirènes hollywoodiennes, histoire de changer d’air. Tel est le point de départ d’une aventure qui va l’amener à s’interroger sur son passé, les êtres qui l‘entourent, à découvrir de nouvelles amitiés, de nouvelles amours, et accessoirement à s’enrichir, au sens propre comme au sens figuré. Jean-Paul Dubois, avec son humour grinçant et ses dons de conteur, s’interroge sur les métiers du cinéma, un monde qu’il connait bien par les nombreuses adaptations de ses romans, mais aussi sur les relations au sein du couple, les ressorts du désir, et bien d’autres aspects de la vie quotidienne. Un livre qui se lit aisément, des personnages bien typés auxquels on s’attache, avec une pirouette finale porteuse d’espoir.

Jfp - La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans - 24 novembre 2018


Dubois fidèle à lui-même 7 étoiles

Je partage plusieurs avis précédents en considérant ce récit comme très bien écrit. Il s'agit sans doute une histoire plus facile que "Une vie française" mais on n'est certainement pas déçu après l'avoir lu.

On y retrouve les habituels points de repère comme le poulet rôti, la tondeuse et le passage par la case "'asile psychiatrique" pour un des personnages.

Je me suis régalé avec ce roman divertissant et d'un très bon niveau littéraire.

Pacmann - Tamise - 59 ans - 15 août 2012


La petite histoire dans la grande ... pas un grand livre mais un bon quand même 7 étoiles

Dans la même veine que l'excellentissime "Une vie française" mais en moins bien, mais bouquin de très bonne facture quand même. La grande force, c'est qu'il sait mêler une vraie vie psychologique de ses personnages avec une toile de fond sociétale (en l'occurence l'élection française 2007). La petite histoire dans la grande en somme et ça, ça se trouve plutôt en général dans la littéraire outre-atlantique.
Le pitch : un middle-crisis guy, en proie à des réorganisations familiales (femme dépressive et père redevenu priapique suite à la mort de son frère) part se ressourcer à Hollywood
A lire !

NQuint - Charbonnieres les Bains - 52 ans - 8 septembre 2009


Un vie américaine 5 étoiles

Ce livre est moins bon que les autres de cet auteur. Les critiques le décrivaient comme aussi bon qu'une vie française, mais il est loin de sa qualité. On suit les aventures de Paul Stern, ce scénariste aux tourments multiples qui s'en va aux états-unis. Mais on est pas accrochés, le thème est moins bon, le rythme n'est pas soutenu et très vite on s'ennuie. Un peu décevant, plutôt futile, bref un roman qu'on ne doit pas se sentir obligés de lire.

Laurent63 - AMBERT - 50 ans - 9 mai 2009


On s'en accomode 6 étoiles

Contrairement aux critiques précédentes, je suis beaucoup plus partagée sur ce livre. Effectivement, il faut reconnaître que c'est bien écrit, fluide, facile à lire. La description des relations familiales est intéressante, mais j'ose espérer que cela ne représente qu'une infime parcelle des familles françaises, tant elle est névrosée.
Pour le milieu hollywoodien, il se peut qu'il soit ainsi, et vraiment, cela nous emmène bien loin de la crise, à croire qu'elle ne touche pas ces pauvres petits malheureux qui ne pensent qu'à tester tout ce qui pourrait améliorer leur navrant quotidien : drogue, champignon vertueux... Un monde à la limite du réel comme le ressent si bien Paul, le narrateur.
Enfin, ce que je retiendrai de ce livre, c'est qu'il doit être lu rapidement : d'ici 3-5 ans, il n'aura plus aucune prise dans la réalité, plus personne ne s'intéressera à la grève des scénaristes, aux frasques conjugales de notre Président... à la différence d'"Une vie française" qu'on peut lire comme un livre d'histoire, en beaucoup plus passionant !

Saperlipop - - 42 ans - 6 janvier 2009


Les accommodements déraisonnables... 8 étoiles

Les accommodements sont déraisonnables par nature, il n'y a que les compromis ou les concessions qui soient raisonnables. L'accommodement est passif, subi, et vous fait forcément mourir à petit feu...
Cette lecture est agréable. L'écriture est fluide, facile.
Il n'y a pas grande action et si petite soit-elle, on connaît forcément l'issue puisque notre héros s'accomode, il suivra forcément le tracé de sa famille. Il ne fera pas forcément de vague mais réussira quand même à se faire détester.
La preuve que les accomodements, ayant pour but au départ de satisfaire le maximum de monde aboutissent souvent à se faire dédaigner de tous.

Paquerette01 - Chambly - 53 ans - 24 novembre 2008


Une bonne grappe de raison 8 étoiles

Je ne connaissais pas Dubois, je découvrais par ce roman. Bien m'en a pris ! Non pas que l'histoire se révèle extraordinaire - cet homme pris au piège d'une vie où il ne comprend pas grand monde de son entourage - elle est plutôt commune d'ailleurs. Mais Dubois sait exactement où il va, et où il veut emmener le lecteur. Paul, son héros, observateur, limite passif, nous fait part de ses aventures "ordinaires" pour lesquelles l'accommodement est sinon impératif, toujours bienvenu. On se dit alors qu'on est tous un peu pareil que Paul : parfois acteur, souvent spectateur, mais que lorsqu'on agit au final, on s'accommode à notre façon, on essaie, pour notre bien si possible...
De l'émotion, une dose d'humour, une pincée de reflexion, tout ça forme un cocktail des plus agréable.

El grillo - val d'oise - 50 ans - 5 novembre 2008


... et, bien sûr, la tondeuse ! 9 étoiles

Les bouquins de Dubois, c'est assez simple : il y a les bons, les vraiment bons et les simplement parfaits.
C'est celui-ci qui me décide enfin à vous rejoindre, bande de petits veinards qui ne l'avez pas encore lu.
Je n'aurai que trois mots, aussi brefs que cette critique : crémation, élection, champignon.
C'est horriblement réducteur, naturellement, mais bien au-delà de ces mots, il y a le total talent.
Et c'est si bon de jubiler.

Lutzie - Paris - 60 ans - 20 octobre 2008