L'arpent du diable et autres choses vues de Willa Cather, Stephen Crane
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
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Un talent trop tôt éteint
« Je ne peux pas attendre dix ans ; je n’ai pas le temps », en faisant cette réponse à Willa Cather qui lui promettait l’aisance matérielle dans les dix ans à venir, Crane pressentait que la vie allait être trop courte pour lui permettre d’exprimer tout son talent et il voulait aller, comme tous ceux que la mort a saisi prématurément à l’instar de Mozart et Schubert et bien d’autres génies précoces, vite et malheureusement, nous sommes restés un peu orphelin d’une œuvre qui n’a peut-être pas atteint sa plénitude car son décès est intervenu alors qu’il avait vingt-huit ans seulement. Il nous a cependant laissé une œuvre qui dévoile tout le talent qui l’habitait : un art consommer de la narration qu’il a pu travailler quand il était journaliste et un don de l’observation très aigu.
Pierre Leyris a rassemblé dans ce recueil, avec le récit de Willa Cather de sa rencontre avec Stephen Crane, un ensemble de textes courts qui sont des reportages journalistiques d’une grande qualité sur de sujets toujours très brûlants, la chaise électrique, la guerre gréco-turque, les bas-fonds new-yorkais, la mine, … qu’il ne faut pas nécessairement évoquer notamment quand on a le sens de la narration et le souci de la vérité de Crane. Certains de ces textes lui ont valu quelques déboires car ils montraient une réalité trop vraie que certains ne voulaient pas voir étaler au grand jour.
Sous la plume de Crane, les personnages vivent et parlent comme dans leur monde familier qu’il dépeint avec justesse et minutie. Parfois ces phrases sont presque trop belles pour le monde qu’il évoque mais son langage reste toujours fidèle à ses personnages et son art de la formule donne de la vigueur et de la vie au texte et entraîne le lecteur dans l’histoire avec un bel élan. Et, on se prend à rêver des grands romans que ce jeune auteur aurait pu écrire si la vie lui avait été donné avec moins de parcimonie.
Certains disent qu’il est un peu le père d’Hemingway et de Sherwood Anderson mais ils pourraient être aussi, à travers sa peinture sociale de l’Amérique, le grand-père de bien des écrivains de la génération des Kerouac et Shelby et même de celle de John Fante
Les éditions
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L'arpent du diable [Texte imprimé], et autres choses vues Stephen Crane par Willa Cather textes choisis, trad. et présentés par Pierre Leyris
de Crane, Stephen Leyris, Pierre (Traducteur)
Mercure de France / Bibliothèque américaine (Paris).
ISBN : 9782715219144 ; 13,15 € ; 23/04/1996 ; 167 p. ; Broché
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