Ne dis pas la nuit de Amos Oz
( אל תגידי לילה)
Catégorie(s) : Littérature => Moyen Orient
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Vous avez vu “La visite de la fanfare”, au cinéma ?
Vous avez vu le film : “La visite de la fanfare”, visite improbable d’une fanfare égyptienne qui se perd dans un bled israélien ? Si vous l’avez vu, vous retrouverez cette ambiance de trou-du-cul-du-monde, au milieu du désert, avec le sable, la laideur des batiments modernes qui tentent de lutter, vainement, contre les éléments, et cette vacuité des habitants qui sont coincés là-dedans.
Ce n’est pas exactement ce que raconte Amos Oz. C’est l’ambiance qui en sourd, c’est le sentiment qui me reste.
Oui, on imagine plutôt qu’Israël, ce sont des sites d’intérêt majeur, Jérusalem, les bords de la méditerranée … mais ce sont aussi de petites villes construites au milieu de rien, de petites misères que seule la force du dollar permet d’enraciner et de pérenniser dans une nature pas forcément accueillante. Et c’est finalement plutôt ce côté d’Israël qu’Amos Oz nous donne à voir. L’Israël profond, quoi.
Ted-Kedar, localité imaginaire dans le désert du Néguev :
« Le balcon donne sur une cour vide, un bout de pelouse, des lauriers-roses, un banc et une tonnelle de bougainvillée mal entretenue. A l’extrémité, se dresse un mur où se dessinent les contours d’une porte condamnée par une rangée de pierres. Il lui semble que, plus récentes et plus claires que les autres, elle sont un peu moins lourdes que l’ensemble de l’ouvrage. Deux cyprès se dressent derrière la clôture. Ils virent au noir à la lumière déclinante. Plus loin, se profilent des collines vides : c’est le désert. Parfois, des volutes grisâtres s’élèvent en frissonnant puis se déplacent en se contorsionnant avant de retomber et de reprendre ailleurs. »
Un couple déséquilibré en âge ; Théo, la soixantaine, taciturne et ancien militaire, urbaniste pragmatique et conscient de ses quinze ans de différence d’avec Noa, sa compagne de quarante-cinq ans, professeur de littérature, aussi vive et dynamique qu’il est bourru.
Un évènement vient bouleverser le monotone ronron de la bourgade engourdie aux confins des sables : Emmanuel Orvietto, un élève auquel Noa n’a peut-être pas accordé toute l’attention qu’elle aurait dû, meurt d’une overdose. Et c’est Noa qui culpabilise, d’autant qu’Avraham Orvietto, le père, surgit du lointain Nigéria où il exerce sa fonction de conseiller militaire pour, culpabilisant lui aussi d’avoir négligé son garçon, se mettre en tête de créer une fondation pour aider les drogués à décrocher. Amateur total pour ce genre de démarche, il se repose sur Noa qui en est une autre, d’amateur, et qui va devoir affronter la vague hostilité des habitants de Ted-Kedar, peu désireux de voir leur « paradis » se transformer en repaire de drogués.
C’est l’évènement qui va déstabiliser le couple et révèler les fêlures du microcosme qu’est Ted-Kedar. « Ne dis pas la nuit » est l’observation entomologiste de cette communauté. La « fondation », c’est ni plus ni moins que le coup de pied dans la fourmilière.
Amos Oz excelle à rendre les ambiances (l’ambiance de « La visite de la fanfare » !), à brosser les caractères et à nous donner à voir le paysage dans lequel baignent ses créatures. Il n’y a pas vraiment de début, ni de fin à l’histoire. C’est un peu comme si l’on prenait un train en marche et qu’on en descendait avant le terminus. C’est un modus vivendi typique d’Amos Oz puisque « Seule la mer » m’a fait la même impression.
Quant au titre … je vous laisse découvrir d’où il vient … De loin, il vient de loin. Et il est bizarre.
Les éditions
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Ne dis pas la nuit [Texte imprimé] Amos Oz traduit de l'hébreu par Sylvie Cohen
de Oz, Amos Cohen, Sylvie (Traducteur)
Calmann-Lévy
ISBN : 9782702125472 ; 2,98 € ; 01/01/1996 ; 241 p. ; Broché
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