La guerre des Sambre, tome 2 - Hugo & Iris: Automne 1830, la passion selon Iris
de Bernard Yslaire (Scénario), Jean Bastide (Dessin), Vincent Mézil (Dessin)

critiqué par Stavroguine, le 17 octobre 2008
(Paris - 40 ans)


La note:  étoiles
Le Rouge et le Noir
... Où l'on observe - toujours avec plaisir : quels dessins ! - se développer la passion de Hugo pour la belle diva aux yeux de flammes. Une passion incandescente qui le dévore et le ruine en iris tandis qu'il délaisse toujours plus père et femme. Derrière la flamboyance des dessins, on perçoit les tourments d'un homme qui sent et qui sait qu'il se condamne, lui et les siens, sans pouvoir jamais mettre son ardeur au pas.
Pourtant, alors même qu'il semble entièrement s'abandonner au feu qui le consume, ses recherches se poursuivent et un livre se profile, au thème surprenant - la guerre des yeux - qui devrait révéler le conflit ancestral qui se joue chez les Sambres entre les hommes aux yeux noirs et les pupilles embrasées des femmes. Un conflit passionné dont Hugo est aujourd'hui le jouet...

Ce tome deux confirme tout le bien qu'on pensait du précédent. Comme dans celui-ci, chaque nouvelle page qu'on tourne offre à nos yeux le plaisir d'une nouvelle oeuvre d'art. Dans le même temps, l'intrigue se développe et s'étoffe, laissant apparaître un élément fantastique tandis que des vieux démons semblent sur le point de resurgir des temps troublés de la Révolution...
On patiente - difficilement - en s'émerveillant encore et encore à chaque nouvelle lecture.
Délires révolutionnaires 9 étoiles

Voilà une suite qui vaut bien la peine d’être lue et savourée, case par case. Graphiquement, il s’agit en effet véritablement d’une œuvre d’art. Cette série centrée sur "la guerre des yeux" apporte évidemment un soin tout particulier aux regards, époustouflants de vérité. Chacun d’entre eux est un cri, qu’il soit de colère, de joie ou d’impuissance. Les prunelles ardentes sont une fenêtre ouverte sur les états d’âmes de chacun. Quant au scénario, il est poignant du début à la fin. Et le lecteur s’interroge. Qui est Hugo ? Marié et père, il se cherche encore. Il aspire, mais à quoi ? Indifférent à tout si ce n’est aux yeux rouges. C’est avec détachement qu’il considère son épouse et sa fille, du moins tant que cette dernière arbore les yeux bleus des nourrissons. Et c’est une vague culpabilité vite balayée qui l’anime lors des décès annoncés de ses père et mère. Hugo arrive toujours trop tard, ses affaires le retiennent ailleurs. Cette tiédeur des sentiments rend encore plus suspect cet état d’exaltation dans lequel il se trouve lorsqu’il pense à Iris et aux yeux rouges.

Il se sait imparfait, indigne des siens car incapable de répondre à leurs attentes, pourtant il ne veut rien y changer, tout entier voué à la passion qui le dévore. Mais ne nous méprenons pas, celle-ci n’a rien d’amoureuse, du moins pour le moment. Son attrait pour Iris est dangereusement scientifique et rationnel. Alors que quelques membres de la famille Sambre ont perdu la tête sur l’échafaud lors de la Révolution, Hugo semble bien perdre l’esprit et son âme. Hugo est perturbé, c’est évident mais ses délires ne sont pas ordinaires. Désormais, les fantômes du passé viennent le hanter pour qu’il fasse éclater "la guerre des yeux". Et la dernière case laisse présager le pire, le temps s’arrête sur un terrible regard qui contient toute la folie des Sambre…

Miss teigne - - 43 ans - 16 avril 2009