Trois hommes seuls
de Christian Oster

critiqué par Olivier verstraete radio cité vauban (RC, le 27 octobre 2008
( - 51 ans)


La note:  étoiles
un nouveau Oster qui est loin de l'être
un homme seul, une femme ou plutôt une ex-femme, une chaise, sa chaise, celle de l'ex-femme, un autre homme, joueur de tennis et enfin un funambule estropié. Est-ce un exposé à la Prévert? Non plutôt à la Oster, Christian Oster avec trois hommes seuls, son livre aux éditions de Minuit.

Serge est un homme solitaire urbain. Il garde avec Marie, son ex-femme, un lien par carte postale interposée. Un jour, elle l'appelle pour lui proposer de passer la voir en Corse et en profiter pour lui apporter une chaise à laquelle elle a un attachement familial. Serge n'imagine pas s'y rendre seul et c'est à Marc, son partenaire de tennis qu'il connaît depuis quelques mois, qu'il proposera de l'accompagner. Mais Marc ne viendra pas seul lui aussi. Il propose à Cyril, un ancien funambule de se joindre au groupe. Et c'est ce trio insolite qui se lance sur les routes de France pour rejoindre l'île de beauté.
Christian Oster, dans ce nouveau livre, est égal à lui-même et à son style. Concision, précision sont les maîtres mots du style ostérien pour décrire des scène plutôt banales de prime abord et qui prennent au fil des mots des atours uniques. Dans le choix des scènes, des personnages, de leurs rencontres, tout est dit pour que l'ordinaire devienne extraordinaire. Serge, le personnage principal, a besoin de revoir sa femme pour pouvoir de nouveau se projeter dans sa vie. Marc ne vit au contraire que dans les quelques secondes quotidiennes lorsqu'il croise cette inconnue dans le métro et Cyril ne se déplace jamais sans son câble de funambule. Tout est fait dans ce roman pour rendre ces personnages attachants et leurs destins préoccupants avec en toile de fond, comme souvent chez Oster les rapports hommes-femmes, entre attraction et évitement.
Avec trois hommes seuls, Christian Oster noue toujours et encore avec la littérature française de talent, celle qui partant de petits riens, bâtit des grands touts, avec l'économie des mots et des effets, comme le faisaient Queneau ou Prévert.
La crise de la cinquantaine 6 étoiles

Certes il faut prendre ce roman pour ce qu'il est, soit un exercice littéraire évoquant une histoire somme toute banale de trois quinqua en mal de vivre. Un ex-mari mal dans sa peau (le narrateur), un gérant de boîte de nuit romantico-platonique et un funambule recyclé dans la banque s'embarquent vers la Corse, invités par l'ex-femme du premier nommé.

Ce trio improbable, qui ne se connaît pas vraiment, tente de se découvrir au cours du périple, mais l'ambiance est plutôt morose.

Le style comprenant tantôt de très longues tirades, tantôt un phrasé très court est susceptible de rendre le lecteur dubitatif mais aussi amplifie subtilement un malaise ressenti par les personnages.

Il s'agit en outre d'un roman très parisien.

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Pacmann - Tamise - 59 ans - 5 mars 2013