La Légende des nuées écarlates, tome 2 : Comme feuilles au vent
de Saverio Tenuta

critiqué par BMR & MAM, le 28 octobre 2008
(Paris - 64 ans)


La note:  étoiles
L'éclat du sang sur la neige
Depuis janvier 2007 on attendait avec impatience la sortie du second tome de La légende des nuées écarlates, une superbe japonaiserie de l'italien Saverio Tenuta.
Les dessins (les peintures, devrait-on dire) sont absolument splendides avec ces images superbes qui rappellent bien entendu estampes et calligraphies japonaises. Trop beau !
Le scénario est riche et à la hauteur des dessins avec toute une alchimie complexe entre passé et présent.
L'histoire commence dans le Japon médiéval par un théâtre de bunraku puis la jeune marionnettiste doit prendre rapidement la fuite avec un ronin manchot, borgne et amnésique, en proie à des voix intérieures.
Le côté fantastique offre une belle toile de fond mais reste suffisamment discret pour ne pas étouffer l'histoire et les personnages qui vont peu à peu retrouver leur passé et ainsi nouer l'intrigue.
Le premier album plante le décor (magnifique) et les personnages (complexes).
Le second nous permet d'aller plus loin dans la connaissance des personnages, dans leur histoire donc dans les relations complexes qui les unit depuis les drames du passé.
Voici un aperçu de la légende :

[...] - Douce Myobu, parle-moi de ton village encore une fois.
- Non, cette fois-ci, je vais vous raconter une autre histoire ...
Une histoire qui parle d'amour.
Un jour, il y a longtemps, un petit garçon de mon village marchait dans la forêt de glace. Son petit loup et lui avaient perdu leur chemin.
Ils erraient depuis longtemps, épuisés et apeurés. Leur faim grandissait et l'enfant voyait avec désespoir son petit loup s'éteindre lentement.
Il prit son couteau, observa le métal brillant et prit sa décision.
Il enfonça la lame dans son visage. Un des propres yeux, c'était là l'unique repas que le garçon pouvait offrir.
Pas un gémissement ne sortit de sa bouche.
Sans comprendre, le louveteau affamé mangea pendant que l'enfant perdait ses forces.
Cependant, une ombre noire et terrifiante les observait.
Le lendemain, les gens du village retrouvèrent le petit corps recroquevillé parmi les feuilles.
Il était faible mais il vivait encore.
Lorsqu'il se réveilla, le petit garçon allait bien.
Seul un de ses yeux brillait d'un couleur différente. Mais avec le temps même cette nuance disparut.

Les talents déployés par l'italien Saverio Tenuta rappellent inévitablement les dessins animés de Miyazaki avec ses chevauchées à dos de loups et l'envahissement du monde de l'homme par celui de la nature (ici la forêt de glace). L'imagerie japonaise est à la mode depuis plusieurs années dans le monde de la BD occidentale et là, avec ces Nuées écarlates, on approche du sommet du Fuji San !
Les nuées écarlates en question sont les sabres du ronin : l'éclat du sang sur la neige, voilà qui s'avère ici particulièrement BDgénique.
Beauté graphique 8 étoiles

Cette BD est d'une très belle facture. Les vignettes s'inspirent des productions du Japon historique, et quelques peu de Chine aussi. Je suis en accord avec la critique, elles sont très belles.

L'histoire se situe dans un Japon médiévale fantasmagorique, chose qui se retrouve beaucoup en BD à l'heure actuelle. Mais l'histoire est tout de même prenante.

Un bon moment de détente.

Naturev - DOLE - 58 ans - 30 octobre 2008