Au bonheur de vivre
de Paul Danblon

critiqué par Zoom, le 15 novembre 2001
(Bruxelles - 70 ans)


La note:  étoiles
Où Danblon se fait apôtre de la non transcendance
P. Danblon est un scientifique (chimiste) belge, musicien , homme de télévision et engagé dans l’action laïque. Ce livre, et ce n'est pas pour rien, est divisé comme la Torah en 5 chapitres
1 . La Genèse : il y parle de son éducation religieuse et des principaux jalons de l'évolution qui l'amène, de sa foi naìve d’enfant sage, à ses positions d'homme mûr. Sa foi est alors sincère mais souffre d’incompréhensions
2. L'exode A 15 ans Danblon remet en question l’Immaculée Conception, l’Assomption,...et ressent de la frustration de ne pas se voir accorder, comme d'autres, l'illumination ou la grâce divine. Il reconnaît avoir progressivement un positionnement " contre " et cherche à positiver des croyances plus constructives. Il dira : " me voici métaphysiquement nu, seule me reste l’immanence " A 20 ans il se sent essentiellement athée et matérialiste , position qu'il affinera plus tard en se disant " agnostique à hypothèse de travail athée et matérialiste " .
3. Lévitique Danblon fait une critique véhémente de l'incarnation, qu’il interprète plutôt comme un carnage. Dieu, comme bien absolu est inatteignable : on le chercherait en vain et l'histoire des hommes n'a de cesse de le démentir. Il conteste cette idée autant chrétienne que musulmane : " tout bien qui t'arrive vient de Dieu, tout mal vient de toi " et prône les valeurs du bien comme émanant de l'homme lui-même et non de quelque transcendance, quelle qu'elle soit. L’homme (depuis son apparition) a amené le bien progressivement et ne cesse d’y travailler, en faisant 3 pas en avant puis 2 pas en arrière, et ce bien est à sa mesure : imparfait.
4. Nombres Il fait ici une apologie de la science tout en révélant ses limites : " si la science - et encore pas complètement- explique le comment, elle est muette quant au pourquoi " mais il refuse de loger Dieu , comme d’autres le font, dans les lacunes de nos connaissances : la science est spéculative, c’est-à-dire réduite à une cohérence perpétuellement réinterrogée (cf " la fin des certitudes " , Prigogine),en cela elle est pour lui supérieure à tout autre discours : la vraie sagesse est d’admettre ce qu'on ne sait pas, sans chercher d'explications aussi hasardeuses que , rapidement, dogmatiques. De fil en aiguille il nous mène à sa définition du bonheur " ce sentiment d'un accord profond avec soi-même et avec le réel "
Inutile de dire que Danblon prône la tolérance mais pas l’angélisme : il a des amis chrétiens, mais les " croyances " l’insupportent. Pour lui la crainte de la colère divine (péchés, damnation éternelle,...) n’est qu'une " version anoblie du gendarme " et infantilise l’homme: le bien, il s’en est toujours trouvé qui le pratiquaient par amour du bien lui-même, et cela indépendamment du niveau intellectuel, social .
D'ailleurs l’Europe largement déchristianisée est-elle plus immorale que les Etats-Unis ? Le bonheur est pour lui tributaire d’une intégration sociale enrichissante (les amis, le groupe), d'un travail où l'on est " the right man at the right place ", et surtout, d’une relation amoureuse épanouissante et de la grande richesse d’avoir des enfants. Les recettes : la déculpabilisation (piège de la course à l'absolu), la nécessité d'avoir des figures d'identification, la culture comme vecteur d’échanges avec nos semblables.
Bien que long, ceci n’est qu'un bref aperçu
des opinions émises par Danblon,, qui ne mâche pas ses mots. On peut être pour ou contre, mais le moins qu’on puisse en dire, c'est que c'est un livre intéressant et qui fait réfléchir.
Ne tirez pas sur l'ambulance ! 2 étoiles

La démarche sincère et terriblement candide de Damblon me fait penser à cet écrivain français dont le nom m'échappe et qui avait fait de l'anti-soviétisme primaire son fond de commerce. Eh bien ! il continue à tirer sur le cadavre, il ne s'est pas encore réveillé du cauchemar, il est grand temps que quelqu'un lui frappe gentiment sur l'épaule en lui disant : tu sais, "Truc", l'URSS est morte de sa belle mort, c'est fini, réveille toi ... Eh bien, messieurs, le catholicisme est, sinon mort, du moins moribond, ce dont il y a tout lieu de se réjouir et, pour le reste, parlons de choses plus intéressantes !

Eric B. - Bruxelles - 57 ans - 23 novembre 2001


La liberté 8 étoiles

Selon beaucoup de chrétiens l'interprétation serait que Dieu aurait créé l'homme libre. Elle me plaît plus que les autres interprétations, si Dieu devait exister. A défaut de l'accepter, nous ne serions que des marionnettes entre ses mains, mais, de ce fait, il deviendrait lui responsable de nos actes et donc aussi de l'holocauste et de bien d'autres crimes... Sa seule manière de s'en tirer c'est notre "liberté"... Je ne peux imaginer un Dieu qui se veut "juste, bon et miséricordieu" et qui aurait pu vouloir de telles choses ! Pas plus que de choisir un enfant et le faire mourir ! Ceux qui disent que ce serait la "volonté de Dieu", cela les soulage peut-être, mais au niveau du principe je ne peux pas les comprendre ! Et dans ce cas, Dieu serait perpétuellement à s'occuper de l'humanité et de chacune de ses composantes ?... Aberrant ! Rien ne tient si l'on ne suppose pas l'homme libre, déjà qu'il est difficile d'accepter l'absurdité du monde, mais celle d'un Dieu responsable de nos actes, avec ce que l'homme fait, ce serait encore pire ! Dieu, s'il existait, serait-il aussi un assassin ?... Mais, comme le disait Nietzsche "Pourquoi la libérté est-elle si lourde à porter ?"

Jules - Bruxelles - 80 ans - 18 novembre 2001


Science, liberté et dualité 8 étoiles

C'est vrai que la science ne donne pas de réponse aux interrogations métaphysiques de l'homme. L'existence de Dieu, le fameux "Qui suis-je, d'où viens-je et où vais-je" ce n'est pas son rayon. A chaque homme de se faire ses propres réponses, et c'est heureux, sinon où serait notre liberté? Imaginons que l'existence de Dieu soit démontrée scientifiquement, nous n'aurions plus le choix, nous serions comme des robots... ce serait lamentable!
Je constate que tout ce que Damblon rejette violemment, c'est la dualité, et en cela il est certainement plus près de la transcendance que beaucoup de croyants, mais c'est une autre histoire. Et si Dieu était en nous? Damblon ne serait-il pas réconcilié avec Lui?

Leura - -- - 73 ans - 18 novembre 2001


Beaucoup à dire... 8 étoiles

Si le bien vient de l'homme, evidement le mal aussi ! C'est donc notre "liberté". Liberté que l'homme a bien du mal à assumer et à accepter. Dostoïevski le montre bien dans ses oeuvres, comme Yourcenar ou Camus. Liberté égale responsabilité et cela peut arrivent à l'accepter. Nécessité du "modèle"... Peut-être, et là aussi Dostoîevski avait senti que, Dieu disparu, l'homme se chercherait d'autres modèles... On a vu ce que cela a pu donner... Hitler, Mussolini, Staline et les plus grands crimes de l'Histoire... Bien sûr il y en a eu d'autres, comme Gandhi par exemple. Dieu et la science: Martin du Gard, fait dire à Jean Barrois "Je n'ai pas encore cédé à la tentation d'appeler Dieu tout ce que je ne comprends pas." Mais, comme le dit Danblon, la sciences ne donne que des embryons de réponses, souvent remises en questions, et jamais de vraies réponses aux interrogations. Dans ce domaine, Rimbaud, à 16 ans, dans "Soleil et Chair", a déjà poussé loin la réflexion. Mais elle ne sera jamais terminée, c'est aussi cela "la condition humaine"...

Jules - Bruxelles - 80 ans - 18 novembre 2001