Cette aventure de Jhen Roque se caractérise avant tout par l'excellence du dessin de Jean Pleyers.
Le Belge offre notamment de superbes décors architecturaux: la cathédrale de Strasbourg est magnifiée sous le crayon du dessinateur historique de la série, les lignes verticales des piliers, les sculptures, les détails décoratifs font des cases dans lesquelles la cathédrale apparaît de véritables petites miniatures très évocatrices. Il en est de même des représentation des fortifications de la ville d'Obernai ou des châteaux rivaux de Rathsamhausen et de Lutzelburg.
Les décors naturels sont saisissants, comme sur la planche page 7, page 8. page 13, page 34 ou page 41 par exemple. Pleyers démontre dans tous les registres son immense talent, c'est un véritable plaisir que de contempler ses cases précises et foisonnantes. Page 41, l'entrée de l'évêque de Strasbourg dans le couvent de Hohenburg en compagnie de sa garde de sergents d'armes et de chevalier donne à Jean Pleyers l'occasion de dessiner armures, bannières et destriers caparaçonnés, une scène harmonieuse et parfaitement composée.
Seule les quelques scènes d'action sont un peu en-deçà, le mouvement est un peu figé.
Le scénario de Jacques Martin quant à lui est beaucoup moins remarquable: la rivalité des deux châteaux, la trahison de l'évêque de Strasbourg, les sabotage de Jérôme dans la cathédrale sont un peu tirés par les cheveux. Je ne parle pas de l'histoire d'amour qui vient pimenter le scenario avec une Carla un peu... dénudée.
Le dessin de Plyers méritait de reposer sur une histoire plus roborative.
C'est toujours Jacques Martin qu'on cite lorsqu'on parle d'Alix, Jehen ou Lefranc. Sur cet album, le véritable créateur est Jean Pleyers!