La part de l'autre de Éric-Emmanuel Schmitt
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Hitler et Adolf H.
Après une oeuvre théâtrale très remarquée et un roman comme “ l'Evangile selon Saint Pilate" qui a passionné de nombreux intervenants dans ce site, Eric-Emmanuel Schmitt (40 ans) se lance dans un roman au sujet glissant, à savoir la personnalité d'Adolphe Hitler, telle qu’il la conçoit sur le mode romancé.
En fait, pour lui, il y a deux Hitler. Adolf H, tout d'abord, qui est censé avoir été admis à l'Académie des Beaux-Arts de Vienne et qui aura un tout autre destin que l’autre Hitler, ainsi nommé dans le livre, qui lui a donc été recalé à cette même école par un jury de peintres, graveurs , dessinateurs et architectes : "trait malhabile,composition confuse, ignorance des techniques et imagination conventionnelle". Le seul point commun de ces deux destins : avoir participé, à leur manière,et non sans courage, aux combats de la guerre 1914-1918.
L’histoire de ces deux personnages est narrée , de chapitres en chapitres alternés. Attention de ne pas confondre les uns et les autres !
Adolf H, l'heureux récipiendaire, vivra sa vie presque normalement, entouré de femmes et d'amis fidèles . Il n'échappera pourtant pas à la Grande Guerre. Celle-ci est puissamment décrite par l'Auteur : tranchées, éclats d’obus, projectiles qui s'acharnent sur les collines couvertes d'hommes glacés, de blessés et de cadavres.Les soldats agonisent pendant des jours parfois avant qu' un ambulancier ne les ramassent. Blessé par un éclat d'obus, Adolf H. est hospitalisé et rencontre le plus beau personnage du livre : soeur Lucie, lumineuse, s'affairant de lit en lit, habituée à assister aux derniers moments des soldats ,qui s’approchait d'eux en leur disant allégrement :
- Ne croyez-vous pas que ce serait bien d'écrire un petit mot à votre mère?
Adolf sera néanmoins sauvé au cours d'une nuit poignante, le beau visage de soeur Lucie au dessus de lui, qui lui insuffle sa propre volonté, sa propre prière. Au milieu d'une haie d’honneur constituée d'éclopés, de gazés et d’amputés, elle réintègre Adolf H. au milieu des blessés.
Il en va tout autrement avec notre autre comparse, Hitler ( le vrai). La guerre lui tombe également dessus, mais cette guerre , il l'aime " parce qu'elle l’avait révélé à lui-même". En tant qu’estafette, il échappe à tous les pièges, croit un moment qu’il va devenir aveugle et se voit proposer la croix de guerre de deuxième classe. Il se croit devenu intouchable, “protégé", et donc appelé à remplir une haute mission. La carrière de Hitler, que chacun connaît dans les grandes lignes, est narrée par l’écrivain qui s'est inspiré de nombreuses lectures, de documents inédits dans doute et aussi aidé de son intuition et surtout de son imagination. Pas d'illusion avec Hitler: propagandiste de premier ordre, son programme est clair : “Les Allemands sont le peuple élu., pour protéger la pureté de la race, il faut se débarrasser des juifs ou les parquer quelque part. Nous avons besoin d'espace vital. “Je suis sans cesse dépassé par les pensées qui me traversent. Ma mission ne me laisse pas de repos. Oui,vraiment je suis possédé."
A la veille de son suicide avec Eva Braun, une de ses secrétaires pensait que la folie d'Hitler ne venait pas d'idées étranges, haineuses ou excessives, ni même d’une détermination inébranlable qui veut ignorer les obstacle de la réalité, mais peut-être d'un manque absolu de compassion. Eric-Emmanuel Schmitt conclut son beau livre: “je ne suis pas juif, je ne suis pas allemand, je ne suis pas japonais et je suis né plus tard. Mais Auschwitz, la destruction de Berlin et le feu d'Hiroshima font désormais partie de ma vie."
Les éditions
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La part de l'autre [Texte imprimé], roman Éric-Emmanuel Schmitt
de Schmitt, Éric-Emmanuel
Albin Michel
ISBN : 9782226158482 ; 21,80 € ; 07/12/2005 ; 528 p. ; Broché -
La part de l'autre [Texte imprimé], roman Éric-Emmanuel Schmitt postf. inédite de l'auteur
de Schmitt, Éric-Emmanuel
le Livre de poche / Le Livre de poche
ISBN : 9782253155379 ; 8,70 € ; 10/09/2003 ; 503 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (48)
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Uchronie
Critique de Vince92 (Zürich, Inscrit le 20 octobre 2008, 47 ans) - 22 août 2024
Encore faut-il exploiter ce genre de façon intelligente et objective pour que l'exercice s'avère intéressant. Ici, Eric-Emmanuel Schmitt prend le parti de penser qu'un seul homme (en l'occurrence Adolf Hitler) a eu le pouvoir de changer le monde de façon significative et que si les événements personnels qui l'ont affecté avaient été différents, cette histoire aurait été différente.
Le postulat de départ m'apparaît faussé: je ne pense pas qu'Hitler à lui seul a été l'élément clé de la marche à la seconde guerre mondiale. Si ce n'avait pas été lui, ç'aurait été un autre, peut-être plus extrémiste, peut-être plus brillant... de même que l'événement alternatif de départ est sa non-réussite à l'examen d'entrée à l'Académie des Beaux-Arts de Vienne tandis que son implication comme soldat à la Première Guerre Mondiale n'a pas d'influence notable sur Adolf H., l'alter ego d'Hitler.
Soyons clairs: les combats de 1914 à 1918 sont la matrice du XXème s. et tous les événements qui conduisent à la Seconde Guerre Mondiale. La théorie du "coup de poignard dans le dos" qui a fait florès en Allemagne et sur laquelle ont prospéré les idées nationalistes allemandes a conduit des millions d'Allemands à développer un antisémitisme et une soif de revanche sur les démocraties libérales ouest européennes.
Hitler ou non, la lame de fond qui a secoué la société allemande était lancée. De même qu'il me semble que le caractère totalitaire du régime était inévitable tant le fascisme italien (et ses épigones européens) et le communisme soviétiques avaient imposé au reste du monde une façon de faire de la politique à laquelle la population allemande était disposée.
Bref, l'inflexion de l'histoire qui consiste à dire qu'Hitler parce qu'il a été refusé à l'Académie des Beaux-Arts devient le dictateur antisémite et sanguinaire qu'il est historiquement me semble peu convaincante.
Plus grave est la dimension psychologisante qu' E-E.S. avance pour évoquer le caractère totalitaire du régime hitlérien: Hitler est Hitler, car cet individu est frustré sexuellement et se considère comme méritant une revanche sur la société. Plusieurs millions d'Allemands et ensuite d'Européens auraient donc suivi un individu que 3 ou 4 séances de psychologie avec le brave professeur Sigmund auraient suffi à apaiser. C'est ignorer que l'Allemagne est sans doute en 1939, la nation la plus avancée culturellement de la planète, que bientôt les idées nazies vont convaincre plusieurs autres millions d'Européens et que si ces personnes intellectuellement à la pointe avaient eu le sentiment de suivre un simple fou, que la contestation au système aurait été plus importante.
Si j'ai relevé plusieurs détails historiquement faux (Röhm n'a jamais été général, Paulus n'était pas "von"), c'est le style de l'auteur que j'ai du mal à apprécier: des dialogues anachroniques, une plume qui survole par son relâchement le thème de l'accession d'Hitler au pouvoir, une simplification et des personnages (soeur Lucie, onze-heure-trente,...) assez insipide et peu inspirants.
Un roman dont j'ai apprécié la démarche mais qui par sa forme et son traitement du fond me laissent un goût d'inachevé, un traitement superficiel du sujet qui aurait mérité plus d'attention et d'efforts de la part de son auteur.
Matière à réflexion.
Critique de Palmyre (, Inscrite le 15 avril 2004, 63 ans) - 15 janvier 2017
Bravo à l'auteur, autant pour son roman qui m'a procuré une lecture agréable que pour m'avoir fait réfléchir!
Grandiose !
Critique de Catinus (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 73 ans) - 9 décembre 2016
Au début du 20 ème siècle, Hitler était un jeune étudiant-peintre viennois. Par deux fois, il se fit recaler à l’académie. Que serait-il advenu s’il avait été accepté ? Peut-être un peintre «surréaliste » comme l’est cet Adolf H. du roman. Son pendant étant : Adolf Hitler, celui que nous avons dû subir. Ces deux « alter ego » sont dépeints tout au long de « La part de l’autre ». E.E. Schmitt alterne ces deux-là toutes les 3 ou 4 pages. Il les réduit, avec brio, à des personnages de roman, presque à deux pantins. Comme pour les exorciser …
Etranges ces personnages en commun , les deux amis connus durant la guerre 14-18 , Bernstein et Neumann, qui connaitront des sorts différents.
Adolf H., le peintre parisien, s’éprend d’un grand amour, une jolie fille surnommée « Onze-heures-trente ». Adolphe Hitler, l’apprenti dictateur, tombe sous le charme des maitresses comme Mimi, sa nièce Géli et Eva Braun.
Saviez-vous qu’Adolf H. ne peint plus, qu’il est juste professeur de dessin et qu’il a deux enfants : Rembrandt et Sophie ?
« Le valet parti, Hitler se déshabilla et, malgré lui, se surprit nu dans la glace. Il se sourit. Voilà devant quoi le monde tremblait ! C’était grotesque ! Le monde entier était grotesque ! »
Du grandiose !
Extraits :
- Le jeune Adolf H. venait de franchir une étape essentielle sans lequel il n’y a pas d’artiste : il se prenait définitivement pour le centre du monde.
- Tel est le cercle vicieux des égocentriques : leur ego demande tant qu’ils finissent par avoir besoin d’autrui. Ce doit être épuisant. Il vaut mieux n’être qu’un simple égoïste.
- J’admets la part de l’autre dans la constitution de mon destin.
- Peindre des œuvres qu’il n’apprécie pas forcément, c’est là le lot de tout peintre. Un artiste aime faire ce qu’il fait, et non pas l’avoir fait.
Bien aimé mais sans plus
Critique de Gabri (, Inscrite le 28 juillet 2006, 38 ans) - 30 avril 2016
Alors voilà; je m'attendais à du lourd, mais j'ai été surprise de voir à quel point l'histoire se lit facilement. C'est Eric Emmanuel Schmitt fidèle à lui-même, finalement, malgré le sujet qui peut faire peur. J'ai beaucoup aimé la version imaginée de la vie d'Hitler; sa vie de peintre, sa psychanalyse, ses relations avec les femmes. J'ai aussi beaucoup aimé l'histoire du véritable Hitler, remplie de références historiques qui se sont toutes avérées vraies après quelques recherches. C'est un livre intelligent et léger à la fois, qui se lit facilement et agréablement. Pas de grand suspense ni grand engouement pour moi toutefois, ni de réelle prise de conscience sur "l'origine du mal"; oui, je me crois toujours à l'abri de ce genre de folie, malgré toute mon ouverture d'esprit.
avec des si et des mais...
Critique de Magicite (Sud-Est, Inscrit le 4 janvier 2006, 46 ans) - 21 février 2015
Ici l'auteur veut rendre humain le croquemitaine du XXème siècle.
A travers un Adolf Hitler imaginaire qui aurait réussi à rentrer à l'école d'art commence une liste d'aventures amoureuses et sexuelles en parallèle avec les faits réels et son rapport à l'autre.
Si le procédé est bien mené au départ il s’essouffle de lui même par la force de ses contradictions.
Dans la partie de base réelle y sont supposés les fonctionnements de pensée d'Adolf découlant de ses échecs et aigreurs successives bien que moulés sur des faits historique cette partie visant à nous faire rentrer dans la tête d'un dictateur fou et xénophobe aspirant à la grandeur de sa nation par les thèses du nazisme. Je l'ai vu comme une inquisition, un réquisitoire alors que l'auteur (dans les notes sur son œuvre publiée en appendice de mon édition) veut y justifier que tout humain peut devenir Hitler, que l'absurdité et l’extrémisme fanatique de l'application des thèses nazies sont aussi très humaines. Cela ne m'a pas convaincu.
La partie de base imaginaire on découvre un jeune homme s'ouvrant petit à petit au monde à travers ses expériences amoureuses, il sera même confronté à Freud pour y régler son complexe d'Oedipe et finalement s'installe à Montmartre pour y rencontrer les artistes cubistes et existentialistes majeurs de la peinture, se rêvant en Picasso et jalousant celui-ci.
Le communautarisme de l'auteur transpire du livre, une grande partie en est une confrontation avec une foule de personnages juifs qu'il abhorre dans le réel mais vers lesquels il se rapproche ou se tempère dans la partie parallèle.
Je vois dans ce livre une fable où Ésope prenait des animaux Schmitt utilise le personnage Hitler.
Je ne saurais dire si de ridiculiser un croquemitaine, un ogre tel que ce leader allemand, n'a d'autre résultat que de faire rire de la bouffonnerie du personnage dans ses amours et espoirs, dans sa médiocrité et le contraste de l'image de méchant sadique et sanguinaire gagnée par la ruine apportée par son régime et ses armées...
Peut-être que non, et c'est pour ça que le récit tourne en rond, que malgré des allusions à Crime et Châtiment on ne s'approche pas de l'âme humaine mais tout tourne en farce, farce dont le mauvais goût finit par rendre insipide, en tout cas lasser, les propos qui y sont exposés.
Confrontation avec l'indicible
Critique de Bafie (, Inscrite le 19 juillet 2004, 63 ans) - 9 février 2015
Car ce portrait à deux têtes d’Adolf Hitler… nous renvoie à nos ambiguïtés, nos choix, la façon dont nous sommes présents au monde et ouverts à l’autre, et cette réflexion nous ouvre à une part indicible de notre personnalité.
Hitler se projette uniquement dans les idées, il pense, il conçoit plus qu’il ne vit et nous savons tous les abominations générées par sa pensée.
Adolf H. est sensible, curieux, il laisse la vie résonner à travers lui et nous le voyons grandir et devenir lui-même.
Beaucoup de réflexions naissent ou resurgissent en terminant cette lecture : qu’il est important de se connaître pour construire sa vie sans se couper de ce qui nous fait mal, nous contrarie, nous déplaît.
Une pensée émue va aux belles personnes que j’ai pu avoir la chance de rencontrer et qui se retrouvent dans le personnage de sœur Lucie.
Monsieur Schmitt s’est livré à un exercice contraignant, et comme il confie avoir eu du mal à écrire, à penser Hitler, j’avoue avoir eu l’envie de sauter les passages Hitler. Et pourtant tout l’écrit puise sa force dans cette confrontation entre les 2 personnages.
Dense et remuant… tellement remuant que j’ai l’impression qu’il y a de multiples prolongations à donner à cette lecture pour lui permettre de résonner encore et de l’amplifier.
"Divergence"
Critique de Vigneric (, Inscrit le 26 janvier 2009, 55 ans) - 19 janvier 2015
L'idée est très bonne et très bien exploitée.
J'ai particulièrement apprécié l'alternance dans les chapitres entre le vrai Hitler et le "virtuel" ; à certains moments au début je ne savais plus trop à qui j'avais à faire, mais je pense que c'est voulu et cela disparaît au fur et à mesure de la "divergence" des 2 vies.
La dernière partie, qui est une sorte de journal de l'écriture du livre est également très intéressante.
Un livre dont je me souviendrai longtemps je pense.
Excellent
Critique de Lomegas (, Inscrit le 24 mars 2012, 35 ans) - 23 décembre 2013
J'ai vraiment adoré la lecture de ce livre. Il mélange le réel et l'irréel, le vrai et le faux, l'histoire et la science fiction. En effet comme d'autres l'ont déjà mentionné, ce livre met un peu mal à l'aise. Peut-être qu'on a tous en nous quelque chose d'Hitler. Vérité insoutenable pour certains, vérité irréfutable pour d'autres.
Bon, oui, il y a des longueurs et des passages qui auraient mérités d'être un peu plus creusés, mais dans ce cas si ce n'est pas le plus grave. Ce livre vaut le coup.
Nous portons en nous la part de l'autre nous même...
Critique de Lecassin (Saint Médard en Jalles, Inscrit le 2 mars 2012, 68 ans) - 12 juin 2013
Publié en 2001, voilà un roman bien étrange dans la mesure où l’auteur nous fait vivre en parallèle une biographie romancée d’Adolph Hitler et celle non moins romancée et U-Chronique d’Adolph H., son double imaginaire.
Que se serait-il passé si, au lieu d’être humilié, le sulfureux chef du Parti National-Socialiste – plus tard, nazi – s’était vu encensé ? Sa vie aurait sans doute été bien différente… Celle de nos parents et la nôtre également, je suppose… A moins que l’Histoire ne se charge de créer ex-nihilo, les monstres dont elle a besoin ; chacun d’entre nous ne cache-t-il pas au mieux une part d’ombre qui n’attend que l’occasion pour se révéler ?
« La part de l’autre » parle de chacun d’entre nous et nous ébranle dans nos certitudes : l’homme est un être dual.
Il faut tout l’art d’Eric-Emmanuel Schmitt pour ne pas tomber dans le conflit un peu simpliste du bon et du méchant : nul n’est parfaitement bon ou mauvais et chacun porte en lui la part de l’autre …
Comme souvent chez Eric-Emmanuel Schmitt : dérangeant, fascinant… original !
Oui mais...
Critique de Yotoga (, Inscrite le 14 mai 2012, - ans) - 14 février 2013
L'idée est osée, le résultat l'est beaucoup moins... Je m'attendais à un choc, je voulais du trash, j'ai reçu du Schmitt avec son amour pour l'humanité, un peu gnan-gnan.
Réduire le problème d'Hitler à son rapport avec le sexe ou son entrée à l'académie... faire rencontrer Freud à Adolph et le rendre "un dieu du lit"... C'est une interprétation, oui, enfin, j'aurais préféré une approche moins corporelle et plus intellectuelle... Comme le passage sur la première guerre, qui est époustouflant : les deux personnages vivent presque la même chose mais l'interprètent complétement différemment, un très beau travail schizophrène pour le lecteur. Malheureusement, uniquement sur ce chapitre.
Mais, la langue reste étudiée. J'apprécie énormément son style, on sent qu'il cherche ses mots, que le texte est travaillé, recherché et puisé.
L'autre qui persiste à exister
Critique de Hamilcar (PARIS, Inscrit le 1 septembre 2010, 69 ans) - 4 octobre 2012
Il fallait aussi l’imagination pour inventer cet autre là, qui aurait pu être mais n’a pas été. Un Adolf H. Pas un de ces horribles Hitler qui nous font encore froid dans le dos et qui se reproduisent au tempo de nos inquiétudes et de nos peurs. Un Adolf H comme vous et moi peut être, humain, avec de vrais sentiments à partager, des forces et des faiblesses toutes humaines, simplement humaines.
Mais las. L’autre persiste dans le roman à exister. Et comme à son habitude, il dévore. Même débarrassé des horreurs de sa solution finale, juste adoubé de son délire, l’ogre se révèle encore une fois implacable. Et notre gentil Adolf H finit à ne plus être qu’un fantasme d’auteur. Dommage. Il avait tout pour être humain celui là.
Opération casse gueule donc. E.E Schmitt l’a tentée. Encore une fois, il fallait oser. On ne doit pas facilement se saisir d’un tel monstre sans en ressortir totalement indemne. Surtout quand le challenge était une interrogation, mais de poids : Adolf Hitler aurait-il pu être humain, tel que l’humanité l’entend ? C’est déjà affirmer que les êtres de son espèce ne le sont pas et admettre qu’un homme ne le devient pleinement que si l’aiguillage ne l’envoie pas dans le décor. Facile, me direz- vous. A débattre pourtant.
Sans me convaincre totalement de sa démarche, le livre m’a pourtant embarqué. Par l’écriture et le talent de son auteur. Les personnages, quant à eux, restent imaginaires. Et la personnalité d’Adolf Hitler, bien réelle et dérangeante. Il y avait tant de gens cruels à opposer à ce déni de l’évidence (la réussite vaut mieux que l’échec), qu’Hitler n’était pas indispensable. Trop proche. Trop vivace. A souhaiter la part d’un autre.
la part de l'autre
Critique de Tars (, Inscrit le 18 mars 2012, 56 ans) - 8 mai 2012
Un autre regard
Critique de Plume84 (Vecoux, Inscrite le 26 août 2011, 40 ans) - 29 août 2011
La partie biographique est réellement intéressante, et le travail de recherche documentaire mené par l'auteur est impressionnant.
On pénètre littéralement dans la peau poisseuse de ce personnage "méphistophélique", initiateur d'une guerre mondiale qui a posé une marque indélébile sur notre monde (je parle, entre autres, du conflit sempiternel opposant le jeune Etat d'Israël aux pays arabes voisins).
Je suis plus partagée sur l'autre personnage, le Hitler "gentil". Le travail de projection dans une "réalité" parallèle sans ce personnage dans le paysage politique mondial est intéressant, quoique qu'audacieux au regard de la complexité de la géopolitique du XXe siècle. Il fallait oser le faire, et je remercie Eric-Emmanuel SCHMITT de s'y être attelé avec autant d'énergie.
Malgré tout, cette partie est largement romanesque, et j'avoue avoir du mal à croire qu'un personnage aussi machiavélique l'était simplement par un concours de circonstances.
Néanmoins, une oeuvre à lire et à apprécier avec circonspection.
Un roman audacieux
Critique de Widjet (, Inscrit le 18 juillet 2011, 52 ans) - 18 juillet 2011
W.
La Part de l'Autre
Critique de Exarkun1979 (Montréal, Inscrit le 8 septembre 2008, 45 ans) - 18 juillet 2011
Paris vaut bien une messe
Critique de Fanchic2011 (, Inscrit le 16 juillet 2011, 58 ans) - 16 juillet 2011
http://fanchic2011.blogspot.com/2011/05/…
Passionnant
Critique de Flo29 (, Inscrite le 7 octobre 2009, 52 ans) - 12 février 2011
A lire
Critique de Jaimeoupas (Saint gratien, Inscrite le 4 octobre 2010, 52 ans) - 4 octobre 2010
Très belle plume, une idée bien menée, à garder comme référence dans sa bibliothèque
Qui en appelle à des questions existentielles
Critique de Milonguera (, Inscrite le 24 août 2010, 42 ans) - 25 août 2010
La partie biographique, pour moi la plus intéressante, nous permet de découvrir Hitler sous un autre jour, sous un jour humain, un homme auquel on peut parfois, avec terreur, s’identifier. Sa monstruosité n’était pas innée, mais s’est construite petit à petit, par les hasards de la vie. Cela aurait pu arriver à n’importe qui parmi nous. Comme lui aurait pu être un homme des plus ordinaires, c'est ce que Schmitt nous décrit dans sa partie imaginaire. En soi cette partie n’a pas beaucoup d’intérêt. Une vie de peintre banal qui connait des tourments dans sa vie. Son seul intérêt est dans le contrepoids qu’elle offre à la partie biographique.
Au vu des commentaires que j’ai pu lire, deux choses semblent surprendre beaucoup de lecteurs. La première est qu’il y ait une part d’ombre en nous. Moi ça ne me surprend pas. Nous sommes tous capables de commettre le meilleur comme le pire. Et cela s’est sans doute déjà produit, qu’on en soit conscient ou qu’on ait préféré ne pas l’être. Pour moi ce n’est pas une des révélations du livre, même si cela semblait en être le but pour l’auteur.
La deuxième, qu’Hitler ne soit pas né avec cette monstruosité en lui. Et bien non. On ne vient pas au monde en étant un ange ou un démon, mais c’est l’éducation que l’on reçoit et nos expériences qui nous nous modèlent en très grande partie.
Par contre ce livre suscite en moi de nombreuses interrogations sur ce qui fait que nos vie sont ce qu'elles sont. Qu’est ce qui en décide le chemin ? Quel est l’impact des autres sur nous ? Quels sont nos impacts sur la vie des autres ? Sommes-nous réellement maîtres de nos vies ? Le titre peut d’ailleurs être interprété dans ce sens. La part de l’autre sur le déroulement de notre vie.
Un livre très intéressant à lire et qui ne laisse pas indifférent.
Au plus profond de la nature humaine
Critique de Coco-choco (, Inscrite le 26 avril 2010, 30 ans) - 10 juin 2010
L'histoire de ce monde telle que l'Histoire du nôtre aurait pu être.
Une utopie...
Un homme, mais deux en un. Un homme que E-E Schmitt a voulu diviser, opposer.
Opposer comme l'on s'oppose à cette part de soi et de chacun. Ce recoin sombre de notre âme, ignoré, caché, refoulé mais cependant un homme l'a exposé au grand jour. Oui cet homme, cet autre à qui on ne veut ressembler, ce dictateur à la face haineuse, cet Adolf Hitler...
À travers l'analyse de Hitler et du personnage de Adolf H. (Hitler fictif si il avait réussi un examen d'entrée qui aurait peut-être changé sa vie et la face du monde) E-E Schmitt soutient cette idée que l'on ne naît pas monstre mais on le devient suite à nos expériences vécues et à nos choix...
C'est en fait la nature humaine qui est largement explorée, et le lecteur en vient à se poser des questions sur lui-même. Voici 2 extraits que j'aime beaucoup et qui suscitent la réflexion.
" Tu ne crois pas en Dieu, mon cher Adolf? Moi, c'est dans le diable que je ne crois pas! Car je ne peux pas concevoir un diable qui voudrait le mal pour le mal. La pure intention maligne n'existe pas. Chacun se persuade de bien faire. Le diable se prend toujours pour un ange. Et c'est pour ça que j'ai si peur."
"Un homme certain, c'est un homme armé. Un homme certain que l'on contredit, c'est dans l'instant un assassin. Il tue le doute. Sa persuasion lui donne le pouvoir de nier sans débat ni regret. Il pense avec un lance-flamme. Il affirme au canon"
2 extraits d'une lettre de Soeur Lucie à Adolf H.
Oui mais ....
Critique de Superscheva (, Inscrit le 16 octobre 2008, 45 ans) - 4 mai 2010
Dommage qu’après la grande guerre nous ayons deux histoires totalement dépourvues de lien alors que les prémices du livre laissaient présager autre chose.
Tant et si bien que la partie sur Hitler ressemble a un cours d’histoire accéléré et que Adolf h se lit comme un roman des plus classiques.
Dés lors je n’ai pas eu le moins du monde la sensation d’identification évidemment recherchée, (ô combien facile) selon laquelle en chacun de nous sommeille un Hitler
Comble de l’horreur, en éludant complètement les méfaits les plus atroces d’Hitler et en le présentant tantôt comme un revanchard, tantôt comme quelqu’un de pathétique dans son sentiment absurde de supériorité, que la lecture du roman d’EES fait presque œuvre de réhabilitation du dictateur.
Je n’évoque pas les très hasardeuses « pensées » d’Hitler qu’EES a voulu intégrer dans certains passages.
Enfin je trouve un peu léger le dernier chapitre en forme de pied de nez à l’histoire, lors duquel dans la vie d’Adolf :
- L’état d’Israël n existe pas alors que c’était le combat d’une vie du beau-père, et
- l’Allemagne toute puissante alors qu’Hitler n’a pas existé et que c’était bien évidemment le but de ce dernier.
Surtout quel dommage de ne pas avoir exploré plus avant les relations internationales en l’absence du terrible dictateur hormis le bref passage évoqué ci-dessus.
Lecture et ecriture agréables comme toujours.
A lire
Critique de Cruz (Punaauia, Inscrite le 16 novembre 2008, 33 ans) - 21 avril 2010
une autre vision de l'histoire
Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 18 octobre 2009
Un bon roman, qui présente la dernière guerre mondiale d'une façon tout à fait inédite.
"En montrant qu'Hitler aurait pu devenir autre qu'il ne fut, je ferai sentir à chaque lecteur qu'il pourrait devenir Hitler."
Si le début m'a paru un peu long, la fin et particulièrement les suppositions quant au premier homme sur la lune , à l'invention de la bombe atomique, à la création de l'état d'Israël m'ont profondément marquée.
Une oeuvre puissante: "Comprendre, n'est pas pardonner."
La croisée des chemins
Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 13 octobre 2009
Finalement, une histoire axée seulement sur le faux Hitler aurait été suffisante pour moi!
Bof
Critique de Aliénor (, Inscrite le 14 avril 2005, 56 ans) - 19 juin 2009
Vous l’aurez peut-être déjà compris, cette lecture ne m’a guère convaincue. Je ne suis jamais entrée dans ce livre, ne me suis jamais sentie concernée, alors que visiblement l’auteur cherchait à bousculer le lecteur, à lui faire sentir qu’en tout homme sommeille un monstre. En tout homme et donc en lui-même. C’est raté en ce qui me concerne, je n’ai frémi ni d’aise ni d’effroi. Le personnage réel, nous ne le connaissons malheureusement que trop, et le personnage fictif est une « part de l’autre » trop parfaite pour me séduire.
Je ne trouve pour autant rien à redire à l’écriture, mais peut-être est-elle justement trop lisse, trop propre, ce que je trouve regrettable pour un sujet aussi audacieux.
Une dernière chose a achevé de me donner un avis mitigé : le journal de l’écriture de ce roman, qui vient à la fin du livre. E.E. Schmitt nous y narre son envie d’écrire sur Hitler malgré l’hostilité de son entourage, ses choix de narration, ses doutes, son humeur qui varie au fil de l’histoire. Et en fait d’éclairage, je n’y ai vu qu’égocentrisme et flagornerie, ce qui m’a franchement déplu. Notamment lorsqu’il va jusqu’à interpeller Diderot d’un « toi tu me comprendrais », dans un moment de grande solitude. Etait-il sérieux ? Je me suis posée la question.
deux parts d'un même individu
Critique de Killeur.extreme (Genève, Inscrit le 17 février 2003, 43 ans) - 19 février 2008
Hé ben on n'a pas vraiment ça en définitif, Adolf H. n'est pas vraiment un "gentil Hitler", c'est plutôt un homme qui pendant sa vie a fait les bons choix, certes la première différence entre Adolf H. et Hitler est que le premier a réussi son entrée à l'école des Beaux-Arts contrairement au vrai Hitler, cette réussite va le rendre plus sociable, il va se faire de vrais amis et il va apprendre à faire face à ses problèmes et se remettre en question alors que Hitler n'affronte jamais les difficultés et reste persuadé de son "invincibilité".
le roman, malgré son personnage principal et en même temps quelle autre figure historique aurait pu servir de modèle a EE Schmitt, se lit facilement et amène la réflexion de savoir si un Hitler sommeille en chacun de nous et quelle est la part que prend le hasard dans la destinée d'un homme.
"une épreuve philosophique"
Critique de Isaline (Tours, Inscrite le 16 avril 2005, 44 ans) - 10 février 2008
Après avoir fini le livre je ne savais quoi en penser. Le talent littéraire d'Eric-Emmanuel Schmitt n'est pas à discuter. Mais quand même... Hitler c'est un peu fort non? Humaniser un monstre. Et là ça fait tilt ! Hitler un monstre ? Dans les faits bien sur. Mais avant cela c'est un homme. Je pense que la barrière que j'avais mise venait du confort de penser qu'Hitler n'était pas vraiment un homme... quel homme peut aller dans de tels extrêmes. Et puis Eric Emmanuel Schmitt nous donne une sacrée claque et fait sauter la barrière. Et oui Hitler n'était pas autre chose qu'un homme. Et un homme peut en arriver là. ça fait froid dans le dos mais c'est la réalité. Merci Monsieur Schmitt.
Uchronie
Critique de Ketchupy (Bourges, Inscrit le 29 avril 2006, 44 ans) - 15 septembre 2007
L’auteur nous fait naviguer entre le documentaire avec la vie d’Adolf Hitler, et la fiction au travers du personnage d’Adolf H., « l’autre » Hitler qui a réussi dans la peinture. Comme l’auteur le précise dans la postface, il a rédigé cet ouvrage dans le but de démontrer - à partir de l’exemple extrême d’Hitler qui, selon lui, n’était pas né criminel mais l’était devenu, et aurait ainsi pu ne pas devenir l’homme que le monde a connu - que tout Homme pouvait devenir un autre.
Eric-Emmanuel Schmitt a réussi un véritable tour de force, qui ne s’est pas fait sans heurt comme il le dit lui-même, pour se mettre dans la tête d’Adolf Hitler afin de proposer une interprétation de son comportement.
Il a réussi à me captiver et m’a amené inévitablement à réfléchir sur moi-même.
J’ai, par ailleurs, apprécié son style, très agréable à lire, en particulier dans la partie relatant l’enfer des tranchées.
C’est un roman sur un sujet sombre de l’Histoire que je classe dans ma bibliothèque à côté de « La mort est mon métier » de Robert Merle.
Se mettre dans la peau de...
Critique de Maybel (, Inscrite le 23 février 2005, 35 ans) - 10 juillet 2007
Qu'est-ce que j'ai trouvé flagrant dans ce roman, c'était l'habileté d'EES à se mettre dans la peau d'Hiltler, sa maîtrise du sujet, la récapitulation de l'histoire et de ce qu'il a pu faire avec l'esquisse d'un personnage. On y croit et je pense que c'est pour ça que le roman est aussi efficace.
Personnellement, j'avais toujours un peu hâte de terminer la partie ''Hitler'' pour lire celle de ''Adolf H.'' qui m'intéressait plus que l'autre, je ne saurais cependant pas vraiment dire pourquoi. Peut-être parce que le côté un peu plus politique, guerrier d'Hitler me plaisait moins que la nature artistique d'Adolf H; de toute façon, un personnage aussi dérangé aussi... narcissique est difficilement touchant.
On dit souvent à propos de la Shoah qu'on ne doit pas oublier et qu'on ne doit pas chercher à excuser qui que ce soit. C'est peut-être de là que me vient un certain malaise, dans le fait que EES ait souhaité rendre Hitler, peut-être compréhensible, peut-être quelque peu excusé... Ce n'est manifestement pas le but du roman, mais je n'ai pas pu m'empêcher de réfléchir à cela.
J'ai beaucoup aimé l'écriture, les styles de phrases employées par ESS pour montrer l'ampleur de l'égocentrisme d'Hitler, entre autres. Je trouve qu'en utilisant un vocabulaire... compréhensible pour la majorité des gens, par son style, il réussit à donner beaucoup au roman et à rendre les émotions bien saisissables. Après avoir lu Oscar et la dame rose, qui m'avait laissée assez neutre, je dois dire que ce roman m'a surprise et à la fois charmée. Bien fait! Je ne vois pas comment on aurait pu penser cette histoire autrement.
clair-obscur
Critique de Soili (, Inscrit le 28 mars 2005, 52 ans) - 4 octobre 2006
D'un sujet éminemment casse-gueule, Eric Emmanuel Schmitt a su éviter le grand guignol et prend à l'évidence un malin plaisir à raconter la vie d'adolf H ce qui lui permet de se sortir du carcan de la narration de la vie d'Hitler ( qui se doit de garder une certaine rigueur historique ).
Le sujet aurait pu être autre qu'Hitler puisque le livre est une réflexion sur la part sombre des gens . Ce qui fait qu'une personne devient un salaud et bascule dans la folie ne serait-il pas qu'une histoire de détails , de circonstances ?
Je vous encourage à lire ce livre qui comporte quelques très beaux passages même si certains aspects du livre m'ont gêné ( faire penser Hitler, certains dialogues supposés) , l'écueil était sans doute inévitable pour éviter certaines lourdeurs , je regrette également quelques raccourcis et quelques longueurs ( jamais content ) mon opinion reste malgré tout plutôt positive.
Quelle originalité et quel talent!
Critique de Bibou379 (, Inscrite le 26 mai 2005, 40 ans) - 2 octobre 2006
Quel livre !
Critique de Queenie (, Inscrite le 14 mars 2006, 45 ans) - 18 mai 2006
L'histoire troublante, imaginative, un peu fanfaronne aussi.
Je devrais peut-être me décider à lire un autre de ses livres...
MAGISTRAL
Critique de Mehdi zarga (, Inscrit le 18 novembre 2004, 44 ans) - 24 mars 2006
Dérangeant quand on passe une bonne partie du livre à nous voir en A.H, l'un et l'autre mais plutôt le premier.
Exercice difficile de le lire, qu'est ce que ça a du être de l'écrire !
Un livre nécessaire
Critique de Tyty2410 (paris, Inscrite le 1 août 2005, 38 ans) - 10 mars 2006
glaçant !!!
Critique de C.line (sevres, Inscrite le 21 février 2006, 47 ans) - 27 février 2006
Si "oscar et la dame rose" ou encore "mr Ibahim" m'ont arraché quelques élans d'émotion, la lecture de "la part de l'autre m'a fait peur" !!!!
Je me suis surprise à sourire, voire à rire de ce qu'était son Hitler artiste...
Schmitt connait bien le sujet de la 2nde guerre et du génocide qui y est lié et on le ressent très bien dans le livre.
Mais tout son talent d'écrivain ressort dans cet Hitler imaginé, artiste.
Car Hitler n'a pas uniquement tué des juifs, des tziganes etc... il a tué l'Allemagne ! Parce qu'un jour on lui a dit "NON"
Un livre qui fait réfléchir à la portée des actes d'un seul homme !!!
Un livre utile
Critique de Rosenblum Petit (Marcinelle, Inscrite le 22 novembre 2001, 50 ans) - 16 décembre 2005
Un livre utile
Je ne me souviens plus quand j'ai lu ce livre. Par contre je me souviens très bien de son contenu, on n'oublie pas un tel sujet ! Que dire ? J'ai adoré cette idée qu'en chaque être humain – même le pire rebut de l'humanité – il y a une part de bonté qui ne demande qu'à se dévoiler. C'est ici du grand EES. Le seul de ses livres qui est aussi long, notre ami nous ayant habitués à des lectures plus courtes (une centaine de pages en moyenne).
Au-delà du livre lui-même, le sujet porte à polémique. Doit-on ou ne doit-on pas "humaniser" Hitler?
La même question s'était posée il y a peu lors de la sortie du film "La Chute" racontant les derniers jours de la vie d'Hitler dans son bunker. Je n'ai pas (encore) vu ce film mais je me souviens très bien de la controverse. Apparemment, le film humanise Hitler, ce qui n'est pas du goût de tout le monde. Je me souviens aussi d'une émission sur le sujet où EES était lui-même invité pour en parler à la lueur de son livre. Pour ma part, je ne comprends pas cette polémique… Que je sache, Hitler n'était ni un extra-terrestre ni un animal encore moins un minéral ! C'était un être humain, un monstre bien entendu mais un être humain quand même. Hitler, c'est vous, c'est moi. L'humaniser c'est rendre service.
Bien sûr, je n'ai pas vécu la guerre et je ne peux que spéculer sur l'horreur de ces années. Mon opinion n'a peut-être que peu d'importance mais, pour moi, ce livre est à mettre entre toutes les mains (comme beaucoup de livres d'EES).
idée excellente mais trop long!
Critique de Longitude (, Inscrite le 30 août 2005, 54 ans) - 30 août 2005
L'idée de deux Hitler, l'un ayant été reçu aux beaux-Arts, l'autre non, est toutefois très intéressante.
Et si?
Critique de Titalie (, Inscrite le 30 août 2005, 39 ans) - 30 août 2005
A partir de la fatidique sentence "Hitler: recalé.", se met en place une irrémédiable mécanique de métamorphose. Un va et vient constant s'ensuit alors entre la carrière du peintre Adolf H., reçu aux beaux arts et la transformation lente et impitoyable d'Hitler, le recalé. Chacun se construit en écho de l'autre. Si Hitler ne possède pas un talent artistique, Adolf devient un des grands peintres du 20ème siècle. Là où l’un apprend l’humilité, la compassion et l’altruisme, l’autre ne développe que l’égoïsme, la prétention et la froideur. Les doutes d'Adolf se transforment en certitudes inébranlables chez Hitler. (un personnage parlant à Adolf H :« N’arrête pas de douter, c’est ce qui fait de toi ce que tu es. Un homme fréquentable. Si tu voulais en finir avec cet inconfort, tu deviendrais un fanatique. Fanatique d’une cause ! Ou pire : fanatique de toi-même ! » ) Adolf représente l’espoir de l’humanité tandis qu’Hitler incarne la part la plus sombre de l’histoire.
En tant que lecteur, on éprouve autant de plaisir à voir Adolf se construire que du dégoût à regarder naître le monstre Hitler. Ce qui est surprenant, c'est de constater que les faits des plus simples aux plus horribles sont tous évoqués avec autant d'impassivité. La force de l'auteur réside dans cette neutralité. Il ne prend pas parti et surtout il n'y a pas de dénonciation d'Hitler, ce qui peut déranger à certains endroits. Il décrit la vie d'Hitler, sa lente ascension toujours progressive et programmée, puis sa déchéance sans ton accusateur.
Le message que veut faire passer Schmitt est qu'Hitler est un homme banal et simple qui a su profiter des occasions pour s'imposer et écraser les plus faibles. On comprend alors dans les dernières pages que chacun de nous a en lui une part de l'autre qui contient un double maléfique, fait d'ombre et de mort.
Eric-Emmanuel Schmitt nous fait réfléchir sur nous même et nous "montre que l'on ne naît pas monstre mais qu'on le devient." Les évènements qui arrivent façonnent notre destinée mais libre à nous d'en choisir la direction. Voilà son message.
C'est une véritable leçon de vie qui nous est donnée dans ces lignes.
A lire
Critique de Nivea_b (, Inscrite le 23 juin 2005, 36 ans) - 23 juin 2005
Exercice intéressant
Critique de FightingIntellectual (Montréal, Inscrit le 12 mars 2004, 42 ans) - 19 juin 2005
Sans faire trop de boucan, ce livre fait sa propre petite révolution. Il réadmet Hitler dans un cercle qui lui était étranger depuis sa mort, celui des humains...
Mention intéressante dans sa postface, plusieurs personnes se sont choqué de ce diptyque. Ou est passé ce bon vieux "suspention of disbelief" comme diraient les anglais? Il semble se sauver par la fenêtre lorsqu'on est directement impliqué. Après tout... selon Braudel, nous vivons aux lendemains de l'holocauste.
Et je me dis... pourquoi pas? Foutons aux poubelles ces hypothèses déterministes, rien de cela ne tient compte d'une quelconque interaction sociale.
Démoniser Hitler c'est facile. Le réhabiliter c'est courageux.
pour une fois...
Critique de Cgenevieve (, Inscrite le 23 novembre 2004, 68 ans) - 24 novembre 2004
Essentiel
Critique de Davidoch (, Inscrit le 13 juillet 2004, 55 ans) - 13 juillet 2004
Par la personnalité de l'homme décrit (Hitler), l'auteur nous pose une question fondamentale : celle du choix.
Admirable, une véritable invitation à l'amour.
Un diptyque étonnant.
Critique de Rotko (Avrillé, Inscrit le 22 septembre 2002, 50 ans) - 21 avril 2004
Si Hitler avait été reçu à l'école des beaux arts de Vienne, la face du monde eût-elle été changée ? On connait cette histoire du battement d'ailes de papillon - je l'ai lue dans une nouvelle de sf, mais j'ai oublié le titre et l'auteur !), qui modifie une élection présidentielle américaine...
Pourtant EES se défend d'accorder aux circonstances un rôle déterminant : "Personne n'a de pouvoir sur les circonstances, mais chacun en a sur ses choix".
Contrairement à Zola qui traçait l'itinéraire d'un personnage fictif selon des paramètres sociaux et individuels déterminants, EES prend pour protagonistes des personnages historiques qu'il soumet à des variations de parcours. Plaisir du romancier qui réagence le monde à sa fantaisie, en faisant concurrence à l'Histoire et à l'Etat-Civil ! :-)
On a donc essentiellement deux parcours qui découlent plus ou moins librement de la réussite ou de l'échec d'Adolphe H à son examen.
Le début est franchement amusant. On voit l'apprenti-peintre chez Freud, ses aventures amoureuses plus ou moins réussies, ses démêlés avec la vie, avec la guerre aussi. On le prend en pitié, on se moque de lui, il nous inquiète, d'autant qu'avec son nom, son attachement pour une religieuse, ou sa défense d'amis juifs deviennent des épisodes cocasses. D'un goût plus douteux est sa haine des rats pour lesquels il envisage une "solution finale" (p 233 chez Albin Michel).
Des personnages pittoresques font le plaisir de l'auteur et du lecteur. Mais les ombres s'accumulent, et l'atmosphère de lecture s'en ressent.
Certains verront à juste titre de la facilité dans certains épisodes où manifestement EES "tire la corde". Serait-on sur la ligne des feuilletons de Dan et Vautrin ? passages fugitifs.
En revanche, "on" - c'est moi, et on peut avoir un avis différent !, se dit que prenant des personnages historiques lourdement marqués, cf dans "l'évangile selon Pilate", EES choisit la difficulté jusqu'à restreindre drastiquement sa liberté d'invention.
D'où une lecture qui intrigue, amuse et séduit, puis... mais à chacun de voir !
Fallait oser ...
Critique de CopyrightBird (De Panne, Inscrite le 23 février 2004, 59 ans) - 23 mars 2004
Quid du déterminisme, de l' inné et de l'acquis ?
Et si....
Critique de Nothingman (Marche-en- Famenne, Inscrit le 21 août 2002, 44 ans) - 15 février 2004
L'auteur va donc, un chapitre sur deux, esquisser un double portrait antagoniste. D'un côté, Hitler nie la réalité et s'enfonce dans sa névrose, dans sa folie meurtrière. De l'autre Adolf H, qui va tenter de vivre de son art, la peinture, en s'ouvrant aux autres, en restant humble, en tentant de résoudre ses problèmes plutôt que de les refouler.
A travers la vie d'Adolf H, Eric-Emmanuel Schmitt nous confronte à une véritable réinterprétation du XXème siècle.
Entamer un roman sur ce sujet demande certainement une sacrée dose d'audace et de courage. Il est en effet toujours difficile de parler de cette époque, de ce personnage qui représentera à tout jamais le Mal. Par ce livre, l'auteur dresse une véritable réflexion sur le Mal. Bien que ce fut un monstre, Hitler était avant tout un homme. C'est le message que veut faire passer l'auteur: Tant que l'homme sera homme, l'horreur sera toujours possible. Il faut donc se confronter à l'Histoire, tenter de comprendre pour que demain, l'ignoble ne se reproduise plus. Ce livre, souvent dérangeant, nous force à nous poser des questions.
Dans l'édition poche, le roman est accompagné d'une postface très intéressante de l'auteur dans laquelle il nous raconte ses doutes, les craintes de sa famille et de ses amis, l'évolution de l'écriture.
Deux livres en un.
Critique de Saint-Germain-des-Prés (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans) - 25 décembre 2002
Qui aurait été Hitler si, au lieu d'avoir été recalé à l’examen d'entrée des Beaux-Arts, il y avait été reçu ?
L'auteur envisage tantôt la vie réelle d’Hitler, tantôt ce qu'elle aurait pu être.
Par le truchement de la création littéraire qui permet à peu près tout, nous sommes embarqués dans la tête de l'Hitler connu, dont la folie prend peu à peu possession pour aboutir à l'atrocité que l’on sait.
Mais, en alternance (un chapitre sur deux), nous lisons un autre roman, celui d’Adolf H.
Cette autre vie a le mérite d’être menée de bout en bout sous le signe de la paix et de la tempérance.
Une exception savoureuse : Adolf H. s’évanouit aux cours pratiques lorsqu’une ravissante jeune fille se dénude et pose !.
Cet épisode donnera l'occasion à notre puceau émotif de rencontrer .
Freud en personne !
Moins drôle, l'épisode de la guerre 14-18…
La vie dans les tranchées est décrite sans détour.
Ce passage est l'un des plus intenses du livre, on comprend pourquoi.
Un livre complet, donc : une idée de départ géniale, un aspect historique, une création littéraire, un style agréable, une mise en scène intéressante, de l'émotion, de l'humour et une fin à vous couper le souffle…
Ca vaut bien 5 étoiles, non ?
Superbe !
Critique de Patman (Paris, Inscrit le 5 septembre 2001, 62 ans) - 26 novembre 2001
Un parallèle intéressant
Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 20 novembre 2001
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