Les mémoires d'un bardache, tome 2 : L'élixir d'oubli
de Philippe Gimet

critiqué par Spiderman, le 7 novembre 2008
( - 62 ans)


La note:  étoiles
Sauts d'hommes de XIV à XV
La couverture avec cette superbe photo d'Aaron Cobbett laisse rêveur ...
Et pourtant, elle ne dit pas tout : malgré les apparences, ce livre est plus qu'un bouquin de cul, le cul en question fût-il superbe.
On est ici dans un genre nouveau, le roman historique sensuel option bardaches (définition rappelée page 239 : « personnes auxquelles la nature avait épargné toute appétence pour l'autre genre »).
Que l'on ait ou non lu le premier tome des aventures du bel Henry (Le Sceau de Kropotkine) ne conditionne en rien l'accès à ce livre, qui est un roman complet.
Voici donc une époque historique plus que complexe, la Régence ou interrègne Louis XIV - Louis XV dans lequel Philippe Gimet introduit (esprits coquins, passez votre chemin et rangez votre K-Y: nous sommes ici entre personnes de bonne compagnie !) son héros de fiction, bardache assumé qui va donc côtoyer plusieurs figures historiques réelles : le régent, Louis XV, le bandit Cartouche, le jeune Arouet (alias Voltaire) ... dans un contexte économique troublé marqué par la banqueroute de Lass (ou Law) qui aura quelques résonances étranges pour le lecteur de fin 2008.
L'intrigue est d'une complexité frisant l'extrême, les personnages un peu trop nombreux et l'on attend longtemps les belles orgies qui avaient su, dès le début du premier tome, aiguiser l'appétit du lecteur friand de scènes de sexe particulièrement corsées : cet élixir d'oubli, mystérieux stupéfiant, en retarde l'apparition ... qui n'en est que plus agréable et revigorante.
Entretemps on aura découvert l'originalité de cet auteur, qui avec cette langue aux saveurs anciennes, amoureusement chantournée, nous fait découvrir avec érudition mais sans prétention ce qu'un regard gay peut apporter au roman historique. A une époque où l'Eglise et sa prétendue morale règnent sans partage, des hommes ont mené une vie dans laquelle ils ont intégré leur attirance homosexuelle. Sans exhibitionnisme, en jouant un rôle conventionnel (souvent avec épouse et descendance), sans remettre en cause un machisme extrême dont ils ne semblent guère se soucier, ils ont pu jouer un rôle dans l'histoire ... dont cette fiction légère et souvent bandante (ce livre n'est décidément pas ad usum Delphini, cf page 174) donne un aperçu intéressant.
Mais le règne de Louis XV ne fait que commencer et nous attendons la suite en espérant un tome III (et même davantage) aux Mémoires d'un bardache.