La maison du loup
de Stanley John Weyman

critiqué par Reginalda, le 12 novembre 2008
(lyon - 57 ans)


La note:  étoiles
Au loup !
Les bons romans d’aventures sont rares, comme le savent les amateurs du genre. Il en est paru un qui bat à plate couture la plupart des best-sellers récents : « La Maison du Loup » de Stanley Weyman, un livre ancien (datant de 1890) mais dont les qualités et l’efficacité ressortent encore mieux dans le contexte actuel.
Son intrigue se situe en 1572, avant et pendant la Saint-Barthélemy, un choix qui permet à l’auteur d’allier l’action de cape et d’épée, très dynamique, et le récit historique. Les protagonistes, trois jeunes nobles du Quercy, se rendent à Paris dans l’espoir de sauver le fiancé de leur cousine Catherine, le huguenot Louis de Pavannes, menacé par le méchant du roman, le vidame de Béziers, dit le Loup. Le narrateur, Anne de Caylus (âgé de 18 ans et très gêné par son prénom « de fille », ce qui renforce sa hâte de faire ses preuves), raconte les événements auxquels il se trouve mêlé, avec un mélange de candeur, d’émotions à fleur de peau et de compassion pour les victimes. Catholique, il n’en est pas moins pacifique et compréhensif à l’égard des huguenots. Son point de vue, qui reflète celui de l’auteur, implique un discours sur la tolérance exempt des inconvénients habituels des « messages » romanesques : ni moralisateur, ni ennuyeux, ni insistant, mais empreint de sensibilité authentique.
Un autre avantage du protagoniste-narrateur : quoique le personnage d’Anne soit courageux, valeureux et bon, comme il se doit pour un « héros positif », il échappe au cliché par ses défauts juvéniles, qui le rendent à la fois plus crédible et attendrissant : il manque de clairvoyance, il prend des décisions hâtives, il se laisse facilement abuser, quitte à devoir redoubler d’audace et de courage pour se tirer du pétrin où il s’est mis. Quant au méchant, le fameux Loup, il n’est pas moins réussi dans son genre : perfide, féroce, plein de ruse, apparemment invincible, et cependant capable d’aimer à la folie et d’agir noblement, dans certains cas. Tout cela va de pair avec une action à rebondissements innombrables, pleine de surprises et de chausse-trapes, menée avec une maestria qui fait qu’on ne peut pas lâcher le livre avant de l’avoir fini. Et l’on en ressort avec l’impression d’avoir fait bien plus que passer un bon moment : de s’être plongé dans une période historique passionnante, que le roman fait revoir mieux qu’aucun livre d’histoire, donnant l’impression de la vivre.
La traduction de Karine Lemoine y est pour quelque chose : d’une écriture entraînante et rythmée, elle offre aussi un bel équilibre entre le français d’aujourd’hui et celui d’autrefois, si bien que le lecteur croit entendre le parler de l’époque tout en lisant des phrases où rien ne le désoriente.
C’est un roman délectable et instructif, sans temps morts, que je conseillerais à tous les amateurs du genre comme à leurs enfants.
Le grand méchant loup... 9 étoiles

J'ai lu ce passionnant roman d'aventures à sa parution, l'année dernière, et je l'ai adoré. D'ailleurs, je l'ai prêté à mon fils et à mon petit-fils. C'est une histoire dans l'Histoire, qui parle à toutes les générations. Comment se fait-il que Stanley Weyman ait été si longtemps oublié ??? Merci aux Editions du Revif de le faire revivre !

André Donte - - 79 ans - 12 novembre 2008