Le mur entre nous
de Tecia Werbowski, Martin Gipet (Traduction)

critiqué par Dirlandaise, le 15 novembre 2008
(Québec - 69 ans)


La note:  étoiles
Histoire d'une vengeance
Premier roman de l’écrivaine Tecia Werbowski d’origine polonaise mais résidant à Montréal.

Une femme de quarante-huit ans originaire de Pologne et ayant émigré à Montréal, nous raconte de quelle façon elle a exercé une terrible vengeance envers une écrivaine célèbre, Zofia Lass, qui a connu la richesse et la gloire grâce à un seul livre intitulé « Le mur entre nous ». Mais Zofia n’est pas l’auteure du livre. Il s’agit d’un manuscrit que la mère de la narratrice aurait confié à Zofia alors qu’elle résidait dans le ghetto de Varsovie. Klara meurt à Birkenau alors que Zofia réussit à survivre. Elle s’approprie le manuscrit qu’elle signe et fait publier sous son nom, trahissant ainsi la mémoire de sa meilleure amie et confidente.

Un livre très très court mais très prenant. J’ai beaucoup aimé l’écriture et cette histoire d’une femme qui découvre avec consternation plusieurs secrets au sujet de sa vie et de sa famille. Secrets qui sont demeurés enfouis pendant de longues années et qui ont fini par ressortir au grand jour, bouleversant le cours de son existence et la plongeant dans une quête qui la mènera jusqu’à Prague afin de retrouver celle qui a trahi la mémoire de Klara, sa mère, et exercer sa vengeance.

« D’abord, ma main saisit une petite cuillère en argent sur laquelle sont gravées les initiales E.S. et ma date de naissance : 23-2-1941. Puis je sors un paquet de feuillets et une note hâtive signée Klara Sternschuse, ma mère. La vraie. Enfin, une petite enveloppe marquée « cyanure » et contenant trois capsules. L’ultime soulagement. Le don de mort. Celui qui n’avait pas de prix. Dans le ghetto, quelques Juifs chanceux possédaient de telles capsules. Ils espéraient avoir le temps de les utiliser avant d’être attrapés. »

« Je suis la femme d’une œuvre, disait-elle. Le Mur entre nous est mon chef-d’œuvre et je m’arrêterai là. C’était le chef-d’œuvre de ma mère dont elle parlait ! Elle l’a dépossédée de sa voix et de son âme. Elle a assassiné son souvenir. Klara ne sera jamais qu’un Juive anonyme, victime d’un crime contre l’humanité. Zofia Lass lui a tout pris. Le rossignol ne chantera jamais hors du ghetto ! »