Cette lumière qui vient de la mer
de Kawakami Hiromi

critiqué par Grubzul, le 11 décembre 2008
(Montreuil sous Bois - 61 ans)


La note:  étoiles
Trouver la lumière et surtout la reconnaitre
« on dit qu’en appliquant son oreille contre le sol, on peut entendre le bruit de la porte de l’enfer que les âmes fracassent du fond de la terre »
Un roman calme – entendez par là sans scènes haletantes ni action débridée – où les dialogues s’entremêlent curieusement à la narration, le tout dans une atmosphère dépaysante où fleure bon le Japon culinaire et géographique tout au long des pages. D’emblée, on se doute qu’on ne sera pas trop secoué, limite on se demande si les 375 pages ne vont pas être ennuyeuses. Et puis on avance une page après l’autre, on se laisse faire et ça passe bien.

Les personnages font à eux seuls l’histoire par leur seule personnalité : Aiko, la mère immature et occupée, Otori, le père biologique présent en tant que simple ami d’Aiko, s’étant lui-même jugé indigne de devenir son mari après avoir fui devant un cheval, Masako, la grand-mère bien campée dans ses convictions et pleine de bon sens avec ses remarques parfois acerbes, Hanada le meilleur ami qui se promène en jupe pour s’isoler du monde, Mizue la petite amie qui réclame de l’attention et qui s’éloigne faute d’obtenir des certitudes. Et enfin Midori, écartelé dans des sentiments qu’il n’arrive pas à nommer ni même à reconnaitre, perdu dans le monde d’adultes eux-mêmes égarés, perdu aussi dans ses interrogations sur la vie en général et sur celle de ses proches. Midori finira par rejoindre son père devenu enfin responsable de ce fils qu’il appréhendait jusqu’alors en tant que simple ami de la famille.

Ce que je retiens surtout de ce roman c’est que l’amour peut parfois nous passer sous le nez faute de n’avoir pas su déclarer ses sentiments, que les séparations peuvent naitre de malentendus ou de non dits alors que ça crie d’amour à l’intérieur. Le bonheur est parfois à portée de lèvres mais on peut le perdre faute de l’avoir reconnu ou d’y avoir cru.
« Demain soufflera le vent de demain […], non demain ne soufflera pas le vent de demain justement. Ce que demain apportera, c’est le vent d’hier qui se sera déplacé, porté par la gravitation de la Terre »