Le linguiste et l'inconscient
de Michel Arrivé

critiqué par Feint, le 26 décembre 2008
( - 61 ans)


La note:  étoiles
Rêve de langue
Dès le titre, le livre annonce clairement l’affranchissement de son projet à l’égard du trop traditionnel cloisonnement des disciplines. C’est de Freud et de Lacan que Michel Arrivé, professeur de linguistique, connu aussi pour ses travaux sur Alfred Jarry (mais aussi romancier ; il ne serait pas vain sans doute de relire La Walkyrie et le professeur à la lumière du Linguiste et l’inconscient) fait ici ses interlocuteurs principaux. Publié dans une collection qui se destine plutôt à un public d’étudiants et d’universitaires ; le texte, grâce à une écriture alerte et à l’implication personnelle de l’auteur (un « je » parfaitement assumé), est finalement très lisible pour toute personne s’intéressant aux travaux en psychanalyse ou aux questions touchant au langage. Lesquels sont loin d’être étrangers les uns aux autres, comme l’affirme Lacan lui-même : « L’inconscient, ça parle, ce qui le fait dépendre du langage ». Sont abordés par exemple aussi bien la question des mots, souvent des néologismes, qui apparaissent en rêve (avec en prime un beau récit de rêve d’écrivain), que les relations qu’entretiennent avec l’inconscient certaines catégories linguistiques telles que la négation ou les temps verbaux. La question du genre grammatical, variable selon les langues, et de sa relation au sexe, qui fait l’objet du dernier chapitre, « Le sexe et la mort dans le langage », ne devrait pas non plus laisser indifférent.