Sous le soleil de Satan
de Georges Bernanos

critiqué par Georgy, le 27 décembre 2008
( - 47 ans)


La note:  étoiles
Une odeur de sainteté bien autre.
"Ah! plutôt le désespoir, s'écria-t-il, et tous ses tourments qu'une lâche complaisance pour les oeuvres de Satan!"

Ce cri de l'abbé Donissan, le personnage central de l'oeuvre, est de l'avis de plusieurs, celui-même de Bernanos. En effet, selon de nombreux exégètes, l'invention de sous le soleil de Satan répond à un besoin de refus et de contestation de la part de l'auteur. Ce sont les déceptions et les colères de l'après-guerre, le spectacle quotidien de l'avilissement universel et la détérioration des valeurs chrétiennes qui l'ont amené à écrire ce chef-d'oeuvre.

L'abbé Donissan apparaît sous les traits d'un portrait-charge de l'être face au néant de la décrépitude de la chrétienté. Bernanos le présente comme l'expression de ses aspirations. Il est le porte-parole de sa philosophie. C'est la raison pour laquelle ce roman porte toutes les marques de la fougue d'un écrivain qui n'obéit qu'à la force de l'inspiration. Il s'efforce de traduire avec les mots une réalité intérieure, la finalité étant d'attirer l'attention de la communauté des hommes sur la situation inconfortable qui sévit dans le monde chrétien.

Par ailleurs, il nous semble que Georges Bernanos voudrait atteindre d'autres rivages du spirituel. Parmi les personnages qui interviennent dans ce roman, il y a Mouchette, une jeune adolescente qui a touché jusqu'au fond l'horreur du vice.

Pourtant, la peinture de ce personnage n'est ni gratuite, ni innocente dans l'économie du récit. Son existence est corrélative à celle de l'abbé. Par l'une et l'autre, le romancier a voulu faire découvrir les mystères profonds d'un monde dominé par Satan d'une part et par la grâce de Dieu d'autre part.

C'est l'image du Bien et Mal s'affrontant.

Enfin, dans ce texte, Bernanos présente une vision singulière de la sainteté. Nous avons relevé que les circonstances externes qui ont présidé à la rédaction de son premier roman sont, pour l'essentiel, la nausée d'une réalité sociale déconfite. Il s'agit alors pour l'écrivain de pourfendre la tiédeur et l'hypocrisie des milieux cléricaux.

Il fait aussi la diatribe d'une société d'après-guerre qui a laissé éclater en son sein les injustices et la mauvaise foi. L'abbé Donissan symbolise les qualités qu'il voudrait voir habiter l'homme: justice sociale et surtout abandon à Dieu.

La science, les progrès de la technologie et les idéologies politiques sont loin d'actualiser cet idéal de quiétude et d'accomplissement heureux de l'homme. Celui-ci n'étant possible que par la fusion de l'homme et de la Charité du Christ.

Mais n'oublions jamais qu'il est là, Satan, le maître cruel, qui, du haut de son noir soleil, illumine la conscience des hommes.
Un bon début. 7 étoiles

C'est un bon début de roman avec une belle phrasée et une belle écriture. L'on peut le catégoriser comme chef d'oeuvre mais il reste volontiers parfois lourd et pesant à lire. C'est une écriture fatigante et parfois lourde à lire, et c'est bien dommage, cette écriture si particulière a rendu Bernanos très célèbre dans le monde mais il faut une sacrée volonté pour lire ses textes, compliqués et avec beaucoup d'évasions inutiles. Bon peut-être c'est pour cela qu'il est devenu célèbre, mais pour le reste de ses livres je m'abstiendrai.

Obriansp2 - - 54 ans - 30 septembre 2017


Le bien, le mal 7 étoiles

Sous le soleil de Satan est un roman vraiment particulier. Il s’en dégage une atmosphère et une ambiance particulièrement singulières. L’écriture de Bernanos y est d’ailleurs pour beaucoup. Parfois fluide, parfois lourde et pesante, elle entraîne le lecteur dans différentes phases.

Ainsi le début du roman, consacré à l’histoire de Mouchette se lit aisément. Il nous conte la vie de cette jeune femme en proie à la passion et à la tentation qui la pousseront irrémédiablement dans les baffons de l’âme humaine.
La deuxième partie, « la tentation du désespoir » s’attache au personnage de l’abbé Donissan, jeune prêtre tourmenté, complexe, profondément attaché à sa fonction mais ô combien mal apprécié par sa hiérarchie cléricale. Ce cœur du roman est long et tortueux. Il contient de magnifiques passages sur la dualité humaine, perpétuellement en équilibre entre le bien et le mal. Il faut s’accrocher car la lecture devient difficile et sinueuse. Les phrases sont bien souvent longues et la qualité lexicale nécessite une certaine attention du lecteur (je parle en connaissance de cause). Clairement nous ne sommes pas dans de la lecture dite de détente. Sûrement ma méconnaissance du clergé m’a fait passer à côté d’éléments importants.
Cependant Sous le soleil de Satan n’en reste pas moins un roman marquant, une lecture difficile mais le jeu en vaut la chandelle.

Sundernono - Nice - 41 ans - 6 janvier 2015