Largo Winch, tome 06 : Dutch connection
de Jean Van Hamme (Scénario), Philippe Francq (Dessin)

critiqué par Shelton, le 1 janvier 2009
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
C'est pas mal du tout !
Les spécialistes de la lutte anti-drogue des Etats-Unis, le fameux DEA, et la police hollandaise ont décidé de donner le coup de grâce au réseau d’héroïne supposé être dirigé par Largo Winch lui-même…
Jean Van Hamme cite Oscar Wilde pour donner le ton de second épisode qui fait suite à H : « On n’est jamais trop soigneux dans le choix de ses ennemis ». Le lecteur va donc chercher désespérément les indices qui pourraient bien le mettre sur la piste du s… qui ose trahir notre beau héros parfait (pléonasme puisqu’il est bien le héros !)…
C’est lors de l’arrivée de Simon à Amsterdam (il est parti à la recherche de son ami Largo pour le sauver) que nous faisons la connaissance de la belle Merjan Texel, petit bout de femme que nous retrouverons dans d’autres albums des aventures de Largo comme quoi toutes les belles femmes ne meurent pas de mort violente…
Largo mène la danse, malgré l’adversité, les attaques lâches et les accusations, et c’est en fin d’album que tous auront bien les preuves que l’on ne peut pas jouer avec Largo en ignorant ses règles du jeu… Mais je ne peux pas vous en dire plus car il faut que vous preniez du plaisir à lire cette bande dessinée…
Il me semble que cet album est d’une grande qualité. Le dessin de Philippe Francq est de plus en plus mature, les couleurs de Marie-Paule Alluard sont venues densifier la force de la narration graphique. De plus, dans cette histoire de drogue, Jean Van Hamme montre qu’il est capable d’inventer des intrigues de plus en plus fortes en baignant dans un réalisme tant financier que politique, diplomatique, narcotique… Oui, ce scénariste est vraiment un des meilleurs de sa génération. Au pinacle des raconteurs d’histoires en bédé, on trouverait certainement Charlier, Goscinny, Giroud, Van Hamme, Convard…
Du très bon travail qui permet d’affirmer que Largo Winch est une des grandes séries bédé contemporaines, même si on peut aussi dire que cette série se place résolument au niveau des sphères financières, des holdings, et que, du coup, elle met entre parenthèse les réalités humaines comme le côté terrible de la drogue qui n’est approché qu’à travers le cas spécifique de Solange que Largo prendra sous sa coupe en l’envoyant chez un des plus grands spécialistes de la désintoxication…
Mais, prenons cette série pour ce qu’elle est et pas plus, c’est à dire un moment de lecture de qualité, fort bien documenté, qui montre ce que peut être une bonne bande dessinée pour ados plus et adultes !
AVENTURES AUX PAYS-BAS... 8 étoiles

Au début de l’histoire nous sommes au Pays-Bas, tout près de la frontière allemande. Nous retrouvons le commissaire Karel de la police néerlandaise et l’inspecteur James Donahue de la D.E.A. américaine (1). Nos deux limiers sont toujours sur les traces de Largo, qu’ils soupçonnent toujours d’avoir organisé un immense trafic de drogue entre l’Europe et les États-Unis d’Amérique, au moyen de la «Winchair Airlines», la compagnie d’aviation du «Groupe W».

Pendant ce temps Simon arrive à Shipol l'aéroport de la ville d'Amsterdam. Lui aussi est à la recherche de Largo. A peine descendu de l’avion, il «tombe» littéralement jolie Marjan Texel, une jeune et jolie hollandaise étudiante en sociologie. Simon «s'incruste» tout de suite dans sa vie, et profite directement de de sa voiture dont il prend le volant, afin de... Mieux semer la police néerlandaise, qui bien entendu le suivait en espérant qu’il les mène à Largo...

Après quelques péripéties assez mouvementées dans la campagne hollandaise, Simon arrive à semer la police. Mais, quand il parvient enfin à Amsterdam, dans la maison qui sert de planque à Largo, celui-ci n’est pas là. Il trouve à sa place la Baronne Solange Vandeberg et Daong le tueur indonésien, spécialiste des décapitations violentes…

Le scénario du belge Jean Van HAMME (*1939) se présente comme la suite directe de «H» (2), le volume précédent et est impeccable. Comme toujours avec M. Van HAMME, il n’y a rien à redire. C’est du solide, bien écrit, bien «torché», très linéaire. Les évènements s’enchaînent vraiment bien, et s’emboîtent parfaitement. Il y a heureusement moins de moments d’exposition dans ce volume que dans le précédent, où l’on était littéralement «abreuvé» d’explications franchement pas toujours nécessaires…
Cette fois-ci, il y a beaucoup plus de scènes d’actions «pure»! Le lecteur ne s’en plaindra pas, au contraire, étant donné que cela nous donne à voir de très belles planches et de très beaux découpages!
Il y a bien quelques «invraisemblances» scénaristiques plus ou moins «grossières», comme p. ex. p. 14/15, Belinda se sait menacée de mort, mais quand quelqu’un toque à la fenêtre, elle ne trouve rien d’autre à faire que d’aller voir ce qu’il se passe dehors en tirant le rideau et, bien sûr… se faire assassiner d’une balle dans la tête! Mais bon, dans le fond, comme toujours, rien de grave… Et puis c’est tellement bon, on est tellement pris dans l’action, que l’on est prêt à tout pardonner à M. Van HAMME.

Les dessins de son compatriote M. Philippe FRANCQ (*1961), sont… Que dire? Comment les décrire? Parfaits? Magnifiques? Incroyables? Immenses? Je ne sais quels mots employer, les dessins sont tout simplement... «Stratosphériques»? Leur précision est sans pareil! Regardez p. ex. p. 20/21, nous sommes à Amsterdam, aux Pays-Bas la nuit… Et je vous jure que l’on a vraiment l’impression d’y être!

Comme pour le scénariste, on peut lui faire le reproche de quelques petites erreurs… P.10 p. ex. et jusqu’à la fin de l’album… M. FRANCQ, ce n’est pas la peine de dessiner Simon Ovronnaz avec un blouson de l’équipe de Football américain, à l’effigie des «Washington Redskins» (Les «Peaux Rouges» de Washington, renommés depuis 2019, les «Washington Commanders»…), si au lieu des couleurs officielles de l’équipe, - à savoir le jaune et le rouge bordeaux profond -, vous dessinez le blouson en bleu très clair et blanc? Une question de droit de reproduction à l'image peut-être?
Mais bon, comme pour le scénario; les dessins sont tellement beaux que l’on est prêt à tout pardonner à M. FRANCQ...

Que dire de plus sur cette BD? Rien! Regardez les dessins, leur beauté leurs couleurs, leur beauté, regardez les scènes d’actions, le découpage, la cinétique. Profitez de la précision du scénario…. Franchement après, vous pouvez oublier tout le reste!..

Pour finir, est-ce que je conseille la lecture de cette BD? Oui. Sans hésiter une seule seconde. Déjà, si vous avez lu les deux premiers volumes de la série (3), vous trouverez dans ces deux volumes, la suite directe de l’histoire.
Ensuite, vous qui n’avez pas encore lu cette BD, je ne vous dis pas la chance que vous avez! Vous êtes en train de lire la série de BD qui, avec le temps, allait devenir légendaire! Une des plus grandes BD des années 90 – 2000, et qui continue encore aujourd’hui à épater ses lecteurs!.. Donc, vous savez ce qu’il vous reste à faire!


(1). : Drug Enforcement Agency. Division du Ministère de la Justice des États-Unis d'Amérique chargée de la lutte contre le trafic de stupéfiants.
(2). : Cf. ici sur CL : https://critiqueslibres.com/i.php/vcrit/18744
(3). : Cf. Ici sur CL: https://critiqueslibres.com/i.php/vcrit/18725 et ici https://critiqueslibres.com/i.php/vcrit/18732 sur CL.

Septularisen - - - ans - 11 décembre 2024


Bien très bien 9 étoiles

Action, dynamisne, intrigue, sexe! Tous les ingrédients pour faire un bon album. Cette bédé est un classique très classe du genre. Difficile de ne pas s'emballer tant la combinaison du dessin, du texte et des couleurs est saisissante et motivante. Du bel ouvrage. Un très bon volume de Largo.

Hexagone - - 53 ans - 4 février 2010