Semper Augustus
de Olivier Bleys

critiqué par Cyrus, le 4 janvier 2009
(Courbevoie - 47 ans)


La note:  étoiles
Dites-le avec des fleurs!
Ce livre est à la fois une passionnante intrigue familiale et une critique du capitalisme sauvage.
Nous sommes au début du 17ème siècle en Hollande. La province est à cette époque le lieu d'un étrange phénomène: la "tulipomanie". Nombreux sont ceux qui se passionnent alors pour les tulipes et les bulbes les plus rares, comme ceux de la "Semper Augustus", se négocient à des prix extravagants dans un marché en pleine expansion.
Un marchand de tissus, veuf et dont les affaires sont loin d'être florissantes, espère faire fortune en partant au Brésil pour faire commerce de sucre. Il laisse ses quatre enfants à Haarlem sous la garde de l'aîné et en leur assurant la protection du recteur Van Bereysten, un riche et influent négociant en tulipes.
L'aîné de la famille Van Deruick, ambitieux et naïf, va être initié au commerce des fleurs par le recteur, cynique et implacable. Rien ne va se passer comme l'aîné l'avait prévu dans ses rêves de grandeur et de richesse et toute la famille risque d'en faire les frais.
Les descriptions des lieux sont magnifiques, l'analyse de la psychologie des protagonistes est fine, la présentation de la société hollandaise est particulièrement intéressante. On assiste à la naissance du capitalisme moderne et à la contradiction permanente entre une société de plus en plus cupide et la rigueur de la religion protestante.
La spéculation sur le marché des tulipes est à son comble et les fortunes se font et se défont sur la base d'une enchère.
Ce roman est finalement une illustration très réussie de l'aliénation des pauvres par les riches, un plaidoyer contre l'injustice sociale. La critique de la spéculation et de ses effets dévastateurs est d'une actualité criante: "[...] bien des complications naissaient d'oignons acquis à tempérament par des tulipiers en association, ou d'autres passés si souvent de main en main que l'origine s'en était perdue." Ca ne vous rappelle rien?
Lafontaine revisité 8 étoiles

Un beau jour de 1630, Cornelis Van Deruick décide de quitter ses enfants en Hollande pour aller tenter sa bonne fortune au Brésil. Il laisse derrière lui une fratrie de quatre enfants orpheline de mère et dont l’aîné Wilhelm n’a que dix-huit ans. Il lui recommande de se faire aider par un ami très riche qui lui doit la vie, Paulus van Bereysten.
Paulus Bereysten est négociant en tulipes et homosexuel. Il fait pression sur le jeune Wilhelm pour obtenir de lui certaines faveurs auxquelles il n’est pas habitué, mais il se laisse vite embobiner dans ce chantage. Attiré par un bulbe qui vaut une fortune, Wilhelm se retrouve vite dans un engrenage dont il mesure mal les conséquences. Il s’attire au passage les foudres du fils de Paulus, Eliasar, et se met vite à dos son frère et ses sœurs qu’il régente de main maladroite.
Ce roman ressemble furieusement à une fable où une famille malavisée et régie par des fats se retrouve le jouet d’un ogre qui s’embête et s’amuse à titiller une souris du bout de ses griffes. L'histoire du commerce des bulbes de tulipe est par ailleurs très intéressant !

Pascale Ew. - - 57 ans - 8 mars 2024


Sympa 8 étoiles

Personnellement je ne serai pas aussi dithyrambique que l'auteur de la critique principale sur ce livre ; la grande critique du capitalisme sauvage et la lutte des classes y sont certes présentes mais sans que cela soit un leitmotiv. J'y vois simplement la conséquence immédiate d'une histoire qui se déroule au 17ème siècle dans un pays protestant.
Dès lors, il faut simplement féliciter l'auteur pour la vivacité de son écriture et le dynamisme de son roman ; ceci a pour conséquence une lecture agréable et fluide et au final, un bon moment.
Pas de génie donc, mais sans aucun doute une saine lecture.

Nanardstef - - 47 ans - 8 février 2009