Pérégrinations argentines
de Witold Gombrowicz

critiqué par Granada, le 4 janvier 2009
(Bruxelles - 60 ans)


La note:  étoiles
Les tribulations d’un Polonais en Argentine
On est en août 1939. Witold Gombrowicz est invité à la première croisière d’un transatlantique polonais pour Buenos Aires. Pendant le voyage, l’Europe bascule. La guerre est déclarée, la Pologne envahie et Gombrowicz est contraint de rester en Argentine, exil qui durera 24 ans.
En 1960, Radio Free Europe, la radio américaine émettant vers les pays communistes, lui commande une série de conférences destinées aux Polonais. Ce sont elles qu’on retrouve ici.
Le voyage de Gombrowicz est passionnant, il parcourt le pays, noue de nombreux contacts avec les Argentins et dessine une série de croquis des régions traversées (Aconcagua, Iguaçu, Mar del Plata, etc.). Tout en voyageant, Gombrowicz ne peut s’empêcher de philosopher, improvisant des réflexions artistiques au gré de ses lectures ou de ses rencontres, et c’est ainsi que Kierkegaard surgit en plein milieu de la pampa.
Plus que des conférences, il s’agit plutôt de causeries, adressées à ses compatriotes vivant sous la main de fer communiste et Gombrowicz se laisse parfois aller à ces bougonneries réactionnaires dont il avait le secret sur Neruda, la gauche latino-américaine et les relations avec les États-Unis, bien dans le ton de Radio Free Europe. Mais avant tout, il trace un portrait à la fois intuitif et précis sur «ce pays existentialiste».