Friandises littéraires
de Joseph Vebret

critiqué par Numanuma, le 7 janvier 2009
(Tours - 51 ans)


La note:  étoiles
Une bonne recette...
En 2005, les éditions Allia ont l’excellente idée de faire paraître Les Miscellanées de Mr. Schott (que j’ai chroniqué sur ce site), un recueil de tout et de rien, soit le sens du mot miscellanées, le mot latin d’origine signifiant « choses mêlées » et désignant la nourriture des gladiateurs qu’on imagine peu ragoûtante. Je me souviens parfaitement de Beigbeder parlant du livre sur Canal+. J’ai trouvé l’idée géniale et, hop, magie de Noël, je l’ai trouvé au pied du sapin !
Cette fois, ce sont les éditions Archipel, si j’en crois l’adresse mail en bas du quatrième de couverture, qui reprennent l’idée avec leur recueil Friandises Littéraires, un assemblage hétéroclite, forcément hétéroclite, d’informations sur la littérature mondiale.
Vous aurez bien compris que je n’ai pas résisté bien longtemps à la tentation, environ deux secondes, avant de m’emparer de cet ouvrage. Soyons honnête, ce genre d’initiative sent bon la bonne recette éditoriale au point où l’on pourra bientôt parler de genre. Chez Allia, on a repris l’idée en 2007 avec Les Miscellanées culinaires de Mr. Schott. Archipel, reprend non seulement l’idée mais le format de l’ouvrage, l’épaisseur, le genre de reliure (hard cover dans le jargon) et le papier de la jaquette. Je ne sais pas si on peut parler de plagiat en ce sens qu’il ne s’agit pas d’une œuvre de l’esprit mais je suis bien sûr que les ouvrages de ce type sont bien plus répandus que je le pense et que les éditeurs ont vu là un moyen original et peu couteux, les informations présentées étant quasiment du domaine public. Je veux dire, à qui devrait-on payer les droits d’utilisation des équivalences des distances kilomètres-miles par exemple ?
Bref. Au-delà de l’aspect purement marketing de la chose, il faut bien avouer que le principe est très efficace, très intelligent et très utile. Seulement, la grande force des Miscellanées de Mr. Schott est de mélanger des sujets très différents. Ici, on sait d’avance que l’on ne parlera que littérature. Un bien beau sujet, certes, mais le fait de restreindre le champ de ces choses mêlées nous éloigne du principe de base, le mélange, donc, j’en vois qui ne suivent pas au fond de la classe…
L’auteur est un ancien journaliste désormais auteur et animateur du Monde des Livres ; on peut considérer qu’il maitrise son sujet. La littérature est ici entendue au sens large puisque on parle aussi bien des œuvres que des auteurs, qu’on brasse les genres sans oublier la BD et que institutions littéraires sont de la partie.
Et puis, quel plaisir de retrouver mes chères figures de styles sur lesquelles j’ai tant trimé durant mes études de lettres !! Et quelle horreur devant le palmarès des meilleures ventes françaises des années 2006 et 2007 : du Marc Levy, du Guillaume Musso, du Anna Gavalda en veux-tu en voila… ! Avons-nous réellement aussi peu de goût que nous en sommes réduit à du roman de bons sentiments ?
En écrivant ces lignes, je découvre un aspect nouveau de ces miscellanées : cette surprenante faculté à susciter des émotions très diverses et parfois opposées à partir de simples faits. Ajoutons à cela le plaisir de la découverte, ou de la redécouverte parfois, grâce aux nombreuses citations qui émaillent ce livre ainsi qu’à, je dois l’avouer, la liste complète des insultes du capitaine Haddock !