Hitler à Chicago : Nouvelles canadiennes
de David Albahari

critiqué par Dirlandaise, le 10 janvier 2009
(Québec - 69 ans)


La note:  étoiles
Le rêve d'une vie meilleure...
Un recueil de seize nouvelles dont la plupart mettent en scène des immigrés originaires de pays de l’ex-Yougoslavie, venus chercher une vie meilleure dans la ville de Calgary au Canada. David Albahari est lui-même né en Serbie et il vit au Canada depuis 1994. Il connaît donc très bien ce que c’est que d’être un immigrant fraîchement débarqué dans un pays dont on ignore tout de la langue et des coutumes et sur les nombreuses difficultés d’adaptation et préjugés auxquelles il doit faire face. Ses nouvelles sont très attachantes bien que le procédé de terminer d’une façon absurde certaines d’entre elles me semble un rien agaçant mais je lui pardonne puisqu’il m’a conquise avec son écriture simple et tendre, ses personnages vulnérables et déracinés, le mystère qu’il introduit dans ses courts récits qui laisse une impression de malaise et soulève beaucoup de questionnement sur le pourquoi du comment…

Certaines nouvelles sont quelconques surtout au début mais il faut persévérer car l’auteur a réservé le meilleur pour la fin. J’ai particulièrement aimé « L’autre langue » qui se rapproche du polar et aussi « Offre immobilière à Calgary » qui est remplie d’humour et de dérision sur les relations entre voisins. « L’indien d’Olympic Plaza » est savoureuse bien qu’un peu obscure et « Hitler à Chicago » qui donne son titre à l’ouvrage est intriguante au possible. Certaines sont poétiques, d’autres un brin nostalgique et plusieurs ont le mérite de nous sensibiliser au sort de ces réfugiés qui doivent tout recommencer de zéro et se contenter souvent de petits emplois payés au noir, suivre des cours d’anglais et vivre de l’aide sociale en dissimulant au fisc leurs maigres revenus de travail. Un auteur à lire pour les thèmes humains qu’il met de l’avant et pour l’écriture douce et très agréable.

« Je me taisais et me repliais dans ma solitude. Ce n’était pas une noble solitude que l’on a soi-même choisie, mais un isolement de pestiféré imposé par les autres. Bref, où que j’allasse, un espace désert m’attendait : les gens s’écartaient devant moi et s’éloignaient de l’endroit où je me rendais. Il ne restait derrière moi que des choses mortes. »