Barabbas
de Pär Lagerkvist

critiqué par Aliénor, le 13 janvier 2009
( - 56 ans)


La note:  étoiles
Remarquable
Barabbas est l’homme qui fut jugé en même temps que le Christ, mais que le peuple décida de gracier, condamnant du même coup Jésus à la crucifixion. Voilà pour les faits. Et ce que nous narre Pär Lagerkvist dans ce roman, c’est l’histoire fictive de Barabbas après qu’il eut assisté au calvaire du Christ sur la croix. Cet homme, bandit jusqu’alors sans la moindre conscience, va s’intéresser de près à la vie de cet homme mort à sa place. Il va se rapprocher des disciples de Jésus, essayer de comprendre comment cet homme qu’il a vu mourir comme un simple esclave, a pu susciter une telle ferveur. Comment pourrait-il être le fils de Dieu, et s’être laissé ainsi exécuter ?

Petit à petit, à force d’entendre tous ces témoignages passionnés et de constater l’immense douleur de ces hommes et femmes orphelins de leur guide, la culpabilité va ronger Barabbas, qui ne sera plus jamais le même et qui aimerait tant croire à son tour. Mais c’est un sceptique, et tous les actes accomplis par le soi-disant Sauveur en qui il n’a rien vu d’extraordinaire, il ne les a pas constatés lui-même. Tout repose sur des rumeurs, des histoires qui se racontent et sont certainement magnifiées. Pourtant, cette culpabilité et cette mort obsédante finiront par lui faire épouser le destin de celui qui rendit l’âme sous ses yeux sur le mont Golgotha.

André Gide avait dit de ce livre, que son éditeur lui avait fait découvrir : « n’en doutons pas : le Barabbas de Pär Lagerkvist est un livre remarquable (…) ». Il l’est effectivement, d’abord car il dépeint admirablement les tourments intérieurs de cet homme. Ensuite car il nous montre à quel point il est difficile de croire, tant les faits fondateurs du Christianisme semblent impossibles, si l’on se place sur un plan uniquement cartésien. Et malgré cela il est remarquable enfin, tant il nous restitue la foi immense et absolue des hommes et femmes prêts à tout - y compris perdre la vie - pour suivre Jésus et propager son commandement : « aimez-vous les uns les autres ».
Jésus ou Barabbas? 8 étoiles

Ponce Pilate en posant cette question laissa le choix à l'assemblée de la crucifixion de Jésus de Nazareth, rabbin qui parcourt le pays en prophétisant et faisant des miracles, ou de Barabbas, émeutier, voleur voire meurtrier.
Pär Lagerkvist, par fiction, fait témoigner Barabbas de ce qu'il a vu au Golgotha lors de la mort de Jésus. Barabbas suivra, lui aussi, son chemin de croix fait d'interrogation, de doute, d'incompréhension mais aussi d'esclavage et de privation. Comment peut-il comprendre ce "Aimez vous les uns les autres", lui qui n'a connu que haine ou indifférence?
A la fin de sa vie, sur la croix, il entrera en communion avec celui qui vécut la même fin et lui remettra son âme.
J'ai aimé cette façon de décrypter les faits réels ( ou supposés tels) et l'interprétation qui en a été faite. De montrer celui qui doute et ceux qui ont la foi.

Fabert - - 71 ans - 24 mai 2016


Un Jésus peut en cacher un autre. 7 étoiles

Barabbas, que sait-on de ce personnage historique et biblique ?
Pas grand chose en somme, même en furetant sur le net on trouve peu d'informations.
Brigand certes, révolutionnaire peut-être !
Ce qui est sûr c'est qu'il a pu aller mettre un cierge, quand on échappe in extremis à la crucifixion c'est le moindre que l'on puisse faire.
Lagerkvist prend donc Barabbas pour personnage central de son livre.
Un homme comme beaucoup d'autres, enfanté dans la haine des hommes et de Dieu, rejeté par les siens et qui finit par tourner mal.
Il est ici tourmenté tout le long du livre, il assiste à la crucifixion de son sauveur qu'il ne reconnaîtra jamais comme le Sauveur, quoique peut-être à la fin quand lui-même subira la crucifixion.
Entre le supplice du Christ et sa fin, il va être témoin de la mort du Christ, de sa résurrection, puis il va errer, brigander, mis en état d'esclave dans les mines, ramené au jour et condamné à mort car il s'est mépris sur la foi des chrétiens.
L'auteur use évidemment d'allégories, quand Barabbas est au fond de la mine, dans les ténèbres enchainé à un chrétien à qui il doit son retour à la surface et à la lumière, Lagerkvist fait le parallèle avec le Salut.
Quand il assiste à l'incendie de Rome il ne comprend pas que les chrétiens ne peuvent agir de cette manière et il se trompe de combat.
Jamais Barabbas ne saisit les perches que Dieu lui tend, il se trompe, erre, tergiverse et se retrouve dans la position du supplicié
La boucle est bouclée.
C'est le destin d'un homme qui n'a pas compris, qui n'a pas voulu comprendre, qui n'a pu réussir sa renaissance. Peut-être le poids de la vie a été sa plus lourde croix.
C'est dur de voir un homme obstiné qui continue à se tromper car il n'a tout simplement ouvert son cœur.
Un roman agréable qui a valu le prix Nobel à son auteur.
Sans avancer de grande théorie Lagerkvist dresse un roman intelligent et touchant qui malheureusement semble être tombé dans les oubliettes de la littérature.

Hexagone - - 53 ans - 23 mars 2014


Remarquable 9 étoiles

La prise de conscience de Barrabas est lente et torturée. Il ne peut pas accepter les faits. Dieu (Jésus Christ) ne meurt pas seul sur une croix. Contradiction ? Barrabas erre, se perd, s'isole.
Ce livre interroge remarquablement le mythe fondateur de la crucifixion.
Il livre tout aussi brillamment une analyse terriblement humaine de la naissance de la religion chrétienne. La rendant si humaine, il ne fait que l'éloigner d'une intemporalité, faisant de cette religion ce qu'elle est avant tout c'est à dire une construction sociale. Mais là, j'ai déjà biaisé. C'est moi qui parle. Encore moins Barrabas, ni l'auteur.
Le prodige avec ce livre c'est d'interroger notre foi ou notre absence de croyance. En fait, peu importe, l'essentiel est de s'être posé la question. Pour le reste, le livre est magnifiquement bien écrit et passionnant. Remarquable !

Ulrich - avignon - 50 ans - 6 juillet 2009


Et si il avait subi le sort de Jésus ? 8 étoiles

Ce roman valut le prix Nobel de littérature à l’auteur, il donne à lire l’histoire de Barabbas le libéré, celui qui échappa à la crucifixion aux dépens de Jésus Christ.

Aux commencements du Christianisme, ce Barabbas nous laisse aussi percevoir la création d’une foi et l’aura (pour ne pas dire l’aspect légendaire) qui l’accompagne aussi.

Barabbas sera marqué, à vie et à mort, d’avoir été libéré bien sûr mais aussi d’avoir assisté à l’agonie et à la passion du Christ sur la croix.

Nous donnant « sa » version, il sera confronté aux crédules qui firent les croyants et non content d’avoir été celui en faveur duquel le Christ perdit la vie, Barabbas ne sera jamais vraiment convaincu par la foi et le prosélytisme qui l’environneront jusqu’au jour de son trépas.

Barabbas peut être devenu fou de cette simple loterie qui modifia considérablement la face de l’humanité par le développement et l’essor du christianisme ; il peut aussi, mais l’on n’y croit guère, avoir émis ces doutes, ces questionnements qui ne sont jamais de bon aloi quand doit naître ou grandir une foi, ces doutes et ces questionnements qui font pourtant que s’il fallait un berger nous n’avons pas tous des vocations de mouton.

Monito - - 52 ans - 10 mai 2009