Trilogie berlinoise de Philip Kerr
( Berlin noir)
Catégorie(s) : Littérature => Policiers et thrillers
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Nestor Burma chez les nazis
Voici une belle trouvaille : La trilogie berlinoise de l'écossais Philip Kerr.
La ré-édition réunit trois épisodes de la série qui met en scène un privé au goût de Philip Marlowe, à l'odeur de Nestor Burma (celui de la télé) mais aux relents de Gestapo puisque la série se passe à Berlin, avant et après guerre.
Ce qu'évoque d'ailleurs la couverture avec une photo qu'on jurerait tirée des cartons de Leni Riefenstahl, l'équivoque photographe du Reich aux sujets troubles, du genre un esprit sain dans un corps sain ...
Le premier épisode, L'été de cristal, se déroule en 1936 pendant les JO de Berlin (filmés par Leni Riefenstahl justement), en pleine ascension du parti National-Socialiste.
Le titre en VO (March violets) évoque «les violettes de mars 1933» lorsque fleurirent toutes les adhésions spontanées à ce parti NAZI, et lorsqu'on traficotait pour obtenir un «petit» numéro d'adhérent prouvant ainsi sa longue fidélité à la doctrine en vogue.
Le privé c'est Bernie Gunther (ancien flic, ancien détective de l'hôtel Adlon, aah l'hôtel Adlon de Berlin ...) qui fanfaronne avec un humour grinçant et caracole avec une belle inconscience entre les pattes des monstres des SS ou de la Gestapo.
On croisera même Goering au détour d'une soirée mondaine ou encore Himmler à un enterrement.
Bernie essaie de surnager dans ces eaux nauséabondes égratignant au passage tous les profiteurs du nouveau régime.
Sur les traces de Bernie on parcourt Berlin en tous sens, de la Friedrichstrasse au Kürfürstendamm et du quartier de Schöneberg au Kreuzberg, oubliant un instant dans quelle horreur s'enfonce la belle capitale (nos photos de Berlin).
Mais la radio se charge de nous rappeler aux sombres réalités.
[...] Ce soir-là, on eût dit que tout Berlin s'était donné rendez-vous à Neukölln, où Goebbels devait parler. Comme à son habitude il jouerait de sa voix en chef d'orchestre accompli, faisant alterner la douceur persuasive du violon et le son alerte et moqueur de la trompette. Des mesures avaient par ailleurs été prises pour que les malchanceux ne pouvant aller voir de leurs propres yeux le Flambeau du Peuple puissent au moins entendre son discours. En plus des postes de radio qu'une loi récente obligeait à installer dans les restaurants et les cafés, on avait fixé des haut-parleurs sur les réverbères et les façades de la plupart des rues. Enfin, la brigade de surveillance radiophonique avait pour tâche de frapper aux portes des appartements afin de vérifier se chacun observait son devoir civique en écoutant cette importante émission du Parti.
C'est tout l'intérêt de ce bouquin que de nous plonger dans la vie quotidienne berlinoise juste avant-guerre et de nous montrer les plus petits rouages de la mécanique nazie en marche.
Instructif et édifiant.
[...] Je commençai par aller voir au X Bar, un club de jazz illégal dont l'orchestre glissait des morceaux américains au beau milieu de la soupe aryenne ayant l'aval des autorités. Les musiciens se livraient à ces acrobaties avec suffisamment de finesse pour ménager les consciences nazies qu'aurait pu choquer cette musique dite inférieure.
Le second épisode, La pâle figure, nous amène en 1938 alors que l'Allemagne envahit les Sudètes.
Cette aventure est plus classique : le privé a réintégré la police officielle, pour un temps, et part sur les traces d'un serial killer ... et sur celles de la propagande qui prépare la nuit de cristal ...
Le dernier épisode, Un requiem allemand, nous propulse en 1947 à la fin de la guerre, où l'on retrouve Bernie, marié (si, si !) dans Berlin en ruines.
[...] Dans beaucoup de quartiers, un plan des rues n'était guère plus utile qu'une éponge de laveur de carreaux. Les artères principales zigzaguaient comme des rivières au mileu de monceaux de décombres. Des sentiers escaladaient d'instables et traîtresses montagnes de gravats d'où, l'été, s'élevait une puanteur indiquant sans erreur possible qu'il n'y avait pas que du mobilier et des briques ensevelis dessous.
Les boussoles étaient introuvables, il fallait beaucoup de patience pour s'orienter dans ces fantômes de rues le long desquelles ne subsistaient, comme un décor abandonné, que des façades de boutiques et d'hôtels : il fallait également une bonne mémoire pour se souvenir des immeubles dont ne restaient que des caves humides où des gens s'abritaient encore.
Un Berlin dévasté où les femmes rescapées tentent de survivre et où la peur de la soldatesque russe est de règle.
[...] Pourtant, certains disaient que les Popovs prenaient seulement de force ce que les femmes allemandes ne demandaient pas mieux que de vendre aux Anglais et aux Américains.
On suit donc Bernie jusqu'à Vienne (Autriche) en pleine dénazification, lorsque les Américains tentent de récupérer les «meilleurs éléments» allemands pour constituer, face aux soviétiques, les forces d'espionnage qui feront bientôt les beaux jours de la guerre froide.
Mais Bernie garde son sens de l'humour et sa condescendance berlinoise qui n'est pas sans rappeler notre propre arrogance parisienne !
[...] Tard le soir, Vienne ne soutenait la comparaison avec aucune autre ville, sauf peut-être la capitale engloutie de l'Atlantide. N'importe quel vieux parapluie restait ouvert plus longtemps que les établissements nocturnes de Vienne.
Une excellente idée que de ré-éditer ces trois épisodes qui nous auront permis de parfaire notre compréhension de cette Allemagne, avant, pendant et après. La visite est terminée, n'oubliez pas le guide ! Il s'appelle Philip Kerr (ou Bernie, c'est selon).
Les éditions
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La trilogie berlinoise [Texte imprimé] Philip Kerr traduit de l'anglais par Gilles Berton
de Kerr, Philip Berton, Gilles (Traducteur)
Éd. du Masque
ISBN : 9782702433331 ; 24,50 € ; 05/11/2008 ; 836 p. ; Format Kindle
Les livres liés
- Trilogie berlinoise
- L'été de cristal
- La pâle figure
- Un requiem allemand
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Les critiques éclairs (17)
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Sensationnheil Hitler
Critique de Bookivore (MENUCOURT, Inscrit le 25 juin 2006, 42 ans) - 15 juillet 2024
Trois romans magistraux, servis par un humour acerbe, des personnages bien marqués (on s'attache fortement à Bernie Gunther, tout sauf un sympathisant nazi), un sens du réalisme très poussé, une écriture au cordeau, un sens du suspense redoutable, des accès de sadisme par moments (la description d'un viol dans un des romans, et dans un autre, le sort terrible d'une pauvre jeune femme qui finit broyée dans un pressoir à raisin...)... Je ne sais pas trop lequel des trois romans est le meilleur, aucun, en revanche, n'est décevant par rapport aux deux autres (je n'ai en revanche lu aucun des romans ultérieurs de Kerr, je ne sais donc pas ce qu'ils valent).
Trois fois très bien !
Critique de Ravenbac (Reims, Inscrit le 12 novembre 2010, 59 ans) - 7 novembre 2020
Des rues de Berlin "nettoyées" pour offrir une image idyllique aux visiteurs des Jeux olympiques à celles de Vienne la corrompue, Bernie enquête au milieu d'actrices et de prostituées, de psychiatres et de banquiers, de producteurs de cinéma et de publicitaires. La différence avec un film noir d'Hollywood, c'est que les principaux protagonistes s'appellent Heydrich, Himmler et Goering....
Message de la modération : Présentation éditeur
Un agréable mélange
Critique de Vinmont (, Inscrit le 12 août 2014, 50 ans) - 25 juin 2019
Même si il s'agit d'un pavé de 1000 pages, il est facile d'entrecouper la lecture des trois volets par d'autres lectures. Je pense que c'est même salutaire pour bien en profiter.
J'ai passé de bons moments de lecture. cette trilogie m'a bien plu et m'a donné envie de découvrir le reste de l'oeuvre de cet auteur. A découvrir.
Trilogie historico-policière
Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 6 mai 2018
D’aucuns trouvent ce procédé absurde, voire une trahison, mais le lecteur informé pourra faire la part des choses, car c’est surtout l’atmosphère qui donne à cette trilogie son caractère authentique.
Les quelques mille pages ne doivent pas rebuter le lecteur qui peut parfaitement faire une pause entre les épisodes tout en gardant le fil. Il n’a par ailleurs aucunement à craindre de s’ennuyer une seconde.
Une fois terminée, il aura bien le sentiment d’avoir lu un roman marquant et d'un haut niveau pour le genre policier.
Polar et Histoire
Critique de Elko (Niort, Inscrit le 23 mars 2010, 48 ans) - 20 août 2015
Il y a d'abord le contexte inhabituel et très documenté de l'Allemagne du Reich et de l'après guerre. Et ce qui va de paire, les thèmes abordés : les nazis par opportunisme, l'industrie de guerre, les manipulations antisémites, le devenir des SS après leur défaite, ...
Ensuite la présence de dirigeants majeurs du Reich permet de mettre en scène ceux dont le nom donne encore la chair de poule.
Enfin il y a la personnalité du détective Bernie Gunther, roi des métaphores, dont le courage et surtout l'impertinence lui vaudront quelques déboires virils dans la société gestapiste.
Même s'il m'est arrivé de me perdre aussi bien dans les méandres des enquêtes que dans ceux des déambulations berlinoises, même si l'intrigue tombe parfois dans la facilité (des coïncidences improbables dans certaines rencontres et certains entremêlements d’enquêtes, une tendance à toujours chercher au bon endroit), bref malgré ces réserves l'ensemble fonctionne bien et donne un bon roman noir, très noir.
Passable
Critique de Romur (Viroflay, Inscrit le 9 février 2008, 51 ans) - 20 juin 2015
Philip Kerr (écossais) tente, en reprenant les clichés des privés américains avec les enquêtes de ce héro bourru, un peu violent et légèrement alcoolo, de reconstituer ce qu'a pu être la vie quotidienne dans l'Allemagne nazie puis après-guerre. Certains passages semblent réalistes, d’autres aspects m’ont paru plus proches du cliché. Et le regard décalé de Bernie est parfois nettement anachronique.
Pas très réalistes non plus les rencontres improbables que fait Bernie au fil des enquêtes avec les grands pontes du régime nazi, des SS et de la Gestapo.
Franchement inutiles les scènes de sexe, de torture et de meurtre inutilement détaillées.
Ca se lit tout de même, pour se changer les idées.
un bon moment de lecture
Critique de Emyjito (, Inscrite le 27 octobre 2013, 58 ans) - 28 octobre 2013
un livre qui plonge dans l'atmosphère du Berlin du 3è Reich et d'après guerre
Critique de Nevermoref (Issy les Moulineaux, Inscrite le 16 août 2013, 49 ans) - 16 août 2013
J'ai adoré
Critique de PITCHOUN (, Inscrite le 7 septembre 2011, 42 ans) - 9 mai 2013
Le personnage principal Gunther est un détective à la Nestor Burma, il prend les coups mais ne renonce jamais.
Une petite pépite historique !
Critique de HildegardeVonBeaumont (Beaumont, Inscrite le 21 novembre 2008, 56 ans) - 10 juillet 2012
J'ai vérifié quelques données sur Google et je me suis aperçue que l'auteur était absolument bien documenté et qu'il avait dû faire un énorme travail de recherches avant même d'entrer en écriture... pour les amoureux du polar historique c'est que du bonheur !
Bon Polar dans un style très classique
Critique de Homo.Libris (Paris, Inscrit le 17 avril 2011, 58 ans) - 17 avril 2011
Ph. Kerr n'invente rien. Son héros est déjà vu. Les intrigues sont assez conventionnelles et simplistes, sans surprise. Il rejoint en cela quelques auteurs classiques de la littérature policière qui, sans être particulièrement brillants ("littérairement" parlant), ont livré plusieurs livres distrayants et apporté des témoignages intéressants sur une (leur) époque ou un lieu comme L. Malet, A. Boudard, D. Hammet, R. Chandler, ou G. Simenon.
C'est le cas de Ph. Kerr : le principal intérêt de cette trilogie (et de la suite "La mort, entre autres") ce sont l'époque (1936 - 1948) et les lieux (Berlin, Vienne, Munich). Ces trois lieux mythiques de la montée et de la chute du nazisme.
Tanneguy a raison. Ph. Kerr est bien documenté sur cette période et sur cette région européenne pour un Ecossais. Il aborde notamment de nombreux points intéressants dont jamais personne ne se préoccupe. Les horreurs commises par les nazis sont largement documentées, mais que sait-on de la souffrance des Allemand durant cette période ? Que sait-on de ce qu'ont du endurer les femmes allemandes pendant la guerre. Elles ont subi les nazis qui sont la cause de la mort de leurs maris, de leurs fils ; elles ont enduré les armées d'invasion et d'occupation dont certains membres se sont vengé sur elles du mal qu'elles n'ont pas commis ou ont "simplement" assouvi sur ces victimes leurs pulsions morbides ! C'était tellement facile ! Ceci est bien raconté par Ph. Kerr dans "Un requiem allemand" et dans " La mort, entre autres".
Le style est agréable et se lit facilement. Dommage que le traducteur abuse de l'emploi du verbe "faire" pour "dire"... Les personnages "font"... et pas seulement caca ou pipi. Ph. Kerr utilise-t'il les verbes "to do" et 'to make" à toutes les sauces ?
J'ai aussi un peu regretté l'anti-gallicisme primaire de l'auteur. A l'en croire, les Français ne sont qu'une "race" de lourdauds imbéciles, lâches, et désorganisés ... Faut-il lui rappeler qu'en matière "raciale", il n'y a pas de différences entre Anglais et Français ? En gros, une couche de Celtes, une couche de Germains, saupoudrées de Normands pour quelques uns. La plupart des Britanniques ont des ancêtres qui ont débarqué avec Guillaume le Conquérant ! Et dans cette horde, il n'y avait pas que des Normands, mais de nombreux Bretons, trop heureux de venger les invasions saxonnes, de nombreux Gallo-Francs, vassalisés par les Normands, des Francs également, dont les rois étaient trop heureux de voir Guillaume quitter le continent, etc. Les Français vaincus par les Allemands, certes, trop facilement d'ailleurs, mais dans cette armée de vaincus de 1940, il y avait aussi de nombreux contingents anglais. Et l'Angleterre est elle-même passé à deux doigts de la défaite... Sans l'intervention US ... Il n'y a donc pas de quoi fanfaronner et être morveux ! Les armées français ont aussi eu leur part dans la reconquête (De Lattre, Juin, Leclerc, etc.).
Très bon thriller sur l'allemagne nazie
Critique de Hiroo (, Inscrit le 18 février 2011, 50 ans) - 15 mars 2011
Un peu décevant...
Critique de Rick (Rive Sud de Mtl, Québec, Inscrit le 17 février 2005, 76 ans) - 2 février 2011
Le premier roman,"L'été de cristal", est le moins intéressant des trois. Je trouve que l'intrigue traîne en longueur, l'action est confuse, à tel point que j'ai failli abandonner l'entreprise, mais j'ai persisté... sûrement à cause du contexte historique où baignent ces intrigues pour le moins emberlificotées.
Heureusement, les deux derniers romans sont d'un meilleur calibre, particulièrement "L'été de cristal", qui prend son rythme très rapidement... j'ai cependant une petite réserve sur la facilité avec laquelle notre héros bourru entre en contact avec les hautes autorités nazies... on devine le "deus ex machina" derrière le récit. J'aime bien, cependant, l'absence de "politically correct" dans le ton des dialogues et surtout dans les pensées profondes du policier, surtout celles traitant de la gent féminine... on est au temps de la guerre, n'est-ce-pas?
En conclusion, cette trilogie, qui avait été présentée à sa sortie par un critique patenté du journal La Presse (de Montréal) comme étant de beaucoup supérieure à "Millénium", m'a un peu laissé sur ma faim. Peut-être avais-je mis la barre trop haute?
Trilogie berlinoise
Critique de Baden baden (, Inscrite le 28 juillet 2009, 68 ans) - 13 novembre 2010
ce roman polar historique est une suite de sourires qui sont les conséquences du comportement du personnage principal en la personne de Herr GUNTHER... Intelligent plein d'humour,un brin cynique dérisoire, nonchalant, buveur, fumeur, tellement séduisant........
J'aurais adoré avoir 30 ans à BERLIN en 1938 ( eh oui même en cette période particulière....) et rencontrer Bernie sur UNTER DEN LINDEN
A côté des références historiques qui sont exactes et du suspense des 3 intrigues ( je préfère "La pale Figure")
ces 1010 pages sont un bonheur de lecture et on souhaiterait pouvoir lire beaucoup d'ouvrages de la sorte.
Pour lecteur exigeant
Critique de Yeaker (Blace (69), Inscrit le 10 mars 2010, 51 ans) - 13 octobre 2010
Trois bons policiers, ou plutôt "detective stories"
Critique de Tanneguy (Paris, Inscrit le 21 septembre 2006, 85 ans) - 29 août 2010
J'ai surtout apprécié le Requiem, troisième de la série pour sa description de la vie quotidienne à Berlin, mais surtout à Vienne. Sans doute des exagérations, mais toujours avec mesure...
Du très bon roman
Critique de Laurent63 (AMBERT, Inscrit le 15 avril 2005, 50 ans) - 25 juin 2009
J'ai savouré ce livre avec beaucoup de plaisir, j'ai appris beaucoup de choses et j'ai adoré l'atmosphère générale de cet ouvrage. Je ne peux faire que des éloges, car malgré les événements tragiques qui servent de trame aux histoires j'ai passé un très bon moment. Je recommande donc de lire ce livre et j'espère que comme moi vous passerez un bon moment...
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