Valse avec Bachir
de Ari Folman, David Polonsky (Co-auteur)

critiqué par B1p, le 17 janvier 2009
( - 51 ans)


La note:  étoiles
tous les jours
En 1982, un jeune Israélien est envoyé sur le front du Liban. Là-bas, la guerre fait rage. Là-bas, Israéliens, Palestiniens et toutes les autres factions s’unissent, s’opposent et s’entretuent. De cette époque, le narrateur a tout oublié. Il a occulté les souvenirs horribles dans le fond de sa mémoire. Mais, poussé par un ami psy, lentement il les reconstitue, replace les morceaux du puzzle au contact de ceux qui, comme lui, ont eu un rôle dans la boucherie, en particulier celle, horrible et emblématique, des camps de Sabra et Chatila.

Ne comptez pas sur moi pour faire une critique exceptionnelle : je n’ai pas vu le film dont cette bédé « reconstituée » est tirée, bien qu’il ait été un événement retentissant du Festival de Cannes. Je ne pourrai donc pas comparer ici la force dramatique de l’un et l’autre. Mais j’espère que le film d’Ari Folman est bien à la hauteur de sa réputation, car la bédé est d’une linéarité mécanique qui ne génère que peu d’émotions, fait paradoxal vu le tragique de ce qui y est décrit. Bel objet, mais se contente-t-on d’un bel objet pour décrire l’indescriptible ? Non bien sûr. Et même si l’histoire racontée ici remet un peu l’Histoire en place et permet d’éviter un peu les amalgames faciles, le mieux est encore de se remémorer l’horreur. N’ayant qu’à peine 10 ans à l’époque, je ne me souviens pas du massacre de Sabra et Chatila en particulier, mais les images de Beyrouth en ruine, de ses immeubles éventrés reste toujours quelque part dans ma mémoire. Ainsi qu’un film dont j’ai oublié le nom où des gens, des couples, des Hommes dansaient sous les bombes et se remémoraient ensuite leur propre histoire au milieu des gravats des immeubles écroulés.

Les plus jeunes que moi, par contre, auront encore moins de repère. Et le livre ne pourra malheureusement avoir de valeur pédagogique, étant à ce point linéaire et inerte. Pourtant, il l’aurait fallu, pour que les uns n’oublient pas et que les autres apprennent. Le film peut-être. Il reste le film… En tous cas, il faut, quelque part, une trace, sans cesse renouvelée. Pour qu’on ne reproduise plus. Mais en disant cela, je me rends bien compte que c’est d’une naïveté presque risible, puisque l’Homme, dans tous les pays du monde, tous les jours, fait comme si de rien n’était et dézingue et étripe et viole et torture, en masse, en groupe ou, même, individuellement.