James Dieu - Livre troisième
de Frédéric Pontarolo

critiqué par B1p, le 18 janvier 2009
( - 51 ans)


La note:  étoiles
American way of not living
Frédéric Pontarolo a déjà montré qu’il était doué pour critiquer le monde moderne par la bande (dessinée). Il l’a déjà fait en décrivant des futurs plus ou moins proches où les logiques modernes (ou les « absences de logique » si vous préférez) étaient poussées dans une direction aboutissant à un monde à l’agonie, avec toujours, quelque part, un héros qui essaie, à sa façon, de résister.

Avec la série des « James Dieu », on dirait que Pontarolo a décidé d’y aller plus frontalement. Ici, pas de métaphore futuriste, ou très peu : un futur tellement proche qu’on peut le confondre avec l’époque actuelle. Pontarolo ne se cache plus derrière un univers métaphorique mais ’il s’attaque à un sujet frontalement : les Etats-Unis et leurs valeurs.

Dans un monde à peine différent du nôtre, les habitants d’un immeuble se shootent au coca-cola tandis qu’une statue de la liberté grassouillette essuie les pilonnages des pigeons la recouvrant de leur fiente.
Un couple vivote comme il peut, se cachant mal l’absence de sens de leur vie et la tristesse du boulot, quand il y en a. Mais tout cela promet de se résoudre lorsque notre héros ramasse une vieille canette vide. Rien de très exceptionnel me direz-vous ? Si ! Car cette vieille canette abrite Dieu, qui est dorénavant plus soucieux de draguer tout ce qui bouge et de se saouler la gueule plutôt que de s’occuper d’un monde qu’il a pourtant créé ! Faut dire qu’Elvis, c’était lui. (Il en a même conservé les vêtements.) Et une vie de débauche comme ça, ça use !
A ces personnages viennent notamment s’ajouter un voisin accroc au cannabis qui ressemble étrangement à Jésus et divers intervenants qui viennent faire un petit cameo (comme on dirait au cinéma) : on croise au détour des pages Michael Moore, les Experts Manhattan ou Woody Allen, quand on n’est pas en pleine parodie des films de Quentin Tarantino.
Et puis, aussi, il y a le 11 septembre, ou du moins une réinterprétation de celui-ci.

On l’aura compris, depuis 3 tomes que ça dure, Pontarolo s’est bien amusé à détourner les figures qui ont fait et font l’Amérique dans une histoire qui doit autant à la grosse déconne qu’au vrai scénario bétonné. Avant le quatrième tome, on se demande toujours où va aller Pontarolo, tant les ingrédients ne cessent de s’ajouter à une recette qui reste encore assez digeste. Espérons que ça dure. Et puis, ce qui fait passer la pilule, et ce qui fait qu’on passe toujours un bon moment, c’est le dessin, qui reste toujours impeccable.