Bunker, tome 1 - Les frontières interdites
de Stéphane Betbeder (Scénario), Christophe Bec (Scénario et dessin)

critiqué par Shelton, le 24 janvier 2009
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
La défense de l'empire...
Je sais que certains seront encore surpris, voir courroucés, si je commence par dire que nous sommes en présence d’une bande dessinée de qualité, un récit qui dépote et foudroie le lecteur, un album comme on n'en rencontre que trop peu… Pourtant, c’est bien comme ça que j’aurais débuté ma critique si je n’avais pas pris le temps de me modérer un peu au départ…
Cette bande dessinée n’est pas, j’en suis désolé, destinée à un grand et large public. C’est un texte particulier, une de ces histoires qui sont positionnées entre la science fiction et le fantastique, tout en ayant certains aspects d’un réalisme total ! Oui, cela ressemble assez à un objet hybride, une de ces créations que l’on ne sait jamais bien ranger à sa place, que l’on a bien du mal à conseiller… Et, le risque, c’est que finalement tout le monde passe à côté sans avoir eu le temps de l’ouvrir et d’en profiter…
Alors, direction la très haute montagne, du côté du Demarkacia, là où l’empire du Velikiistok frôle celui de son ennemi Ieretik. Nous arrivons sur cette forteresse naturelle, certes hérissé du fameux Bunker 37, en compagnie d’un soldat, un certain Aleksi Stassik. C’est le fils d’un paysan qui ne se voyait pas se contenter de cultiver la terre, il lui fallait quelques occupations plus nobles, plus risquées aussi, du moins c’est ce qu’il nous confie quand il avoue sa fierté de devoir se battre pour sa patrie…
« Tu me disais : il y en a qui sont faits pour servir la patrie avec des armes, d’autres avec des bêches et des pelles. Et quand tu as une bêche ou une pelle, elle ne se transforme jamais en fusil. Tu vois je t’ai fait mentir. »
Oui, Aleksi cherche en continu à se justifier au près de son frère et, par son intermédiaire, au près de ses parents qui ne peuvent pas comprendre comment leur rejeton paysan devient un soldat de l’Empire !
Mais l’Empire est en danger ! Les soldats sont là pour le défendre ! Mais plus on gravit la montagne, plus on est au cœur du Demarkacia, plus on entre dans les intérieurs de la montagne et moins on comprend qui représente le danger. Oh, le danger est bien là mais il ne semble pas se contenter du visage d’un soldat d’Ieretik. Certains monstres habitent ces terres lointaines à moins que ces monstres ne soient que des cauchemars portés par chacun des combattants… Peurs et angoisses cohabitent avec des dangers bien réels… Mais nous sommes dans la confusion… Nous tremblons pour Aleksi sans pouvoir l’aider !
D’ailleurs qui est ce combattant Aleksi ? Ne cacherait-il pas des origines douteuses, mystérieuses voir même fantastiques qui expliqueraient certains comportement autour de lui…
Un autre mystère pour le lecteur. Normalement, quand on est dans ces hautes altitudes, entre 6000 et 7000 mètres, la température devrait être toujours froide… et, pourtant, les soldats peuvent avoir soudain comme des bouffées de chaleur qui les poussent à des comportements déraisonnables et même dangereux…
Christophe Bec place dans ce premier album – la série est prévue en 5 albums – une ambiance dont il a le secret. Certes, nous sommes dans un huis-clos, mais dans un univers dont nous ne connaissons pas tous les personnages, toutes les règles du jeu, le but poursuivi par les forces en présence… C’est aussi une très bonne analyse des hommes qui acceptent, un jour, avec des motivations différentes, de défendre leur patrie, y compris en allant jusqu’au sacrifice suprême…
Le graphisme de Christophe Bec est encore plus soigné que dans sa série précédente, Sanctuaire, et les couleurs de Marie-Paule Alluard sont tout simplement exceptionnelles. Elles sont si fortes que je suis certain qu’elles participent à nous faire prendre de l’altitude et nous faire pénétrer dans cette histoire extraordinaire que j’ai beaucoup aimée…
De la grande fiction fantastique ! De l’excellente bande dessinée !
Faux départ 5 étoiles

Une petite déception à la découverte de cet Opus de Christophe Bec. Quelques belles planches, certes ; une fin de premier tome qui donne envie d'en savoir plus mais cela ne suffit pas à faire de cette introduction à la saga "Bunker" une véritable réussite.
Là où ça flanche, c'est d'abord sur la narration et les dialogues. Narration parfois un peu longue et dialogue quelques peu décalés (exemple : de la bouche du soldat qui s'apprête à mourir face à la créature monstrueuse : "Quelle sale tronche...il est presque aussi laid que ma belle-mère !". Dans le contexte plutôt premier degré de l'histoire, ça colle pas trop.)
Ensuite, la trame est quelque peu fouillis. Certes, on voit que l'auteur tente de ménager le suspens sans donner toutes les clés de lecture, mais bon, on s'y perd un peu quand même.
C'est enfin sur le dessin que je finirais cette critique. D'un autre que Christophe Bec, je n'aurais pas relevé, mais voilà, M. Bec nous a initiés, avec Carthago, à une autre qualité iconographique.
Pour conclure, je reste donc sur une impression mitigée. L'idée directrice et le contexte sont plutôt attrayants et je ne désespère pas, donc, de réviser mon jugement à la lecture du deuxième tome.

Oguz77 - - 47 ans - 1 décembre 2009