Cuba : Père et fils
de Jacques Ferrandez (Co-auteur), Pierre Ferrandez (Co-auteur)

critiqué par Shelton, le 25 janvier 2009
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Une petite île paradisiaque...
Ce que vous avez en mains n’est pas un album classique de bande dessinée. Il s’agit, en fait, d’un ouvrage contenant deux parties, une histoire en bande dessinée et un carnet de voyage. Les deux sont bien séparées, mais le travail des deux auteurs est plus délicat à identifier. En effet, lorsque le père, Jacques Ferrandez, décide de travailler avec son fils, Pierre, il nous propose un ouvrage plein de complicité, d’osmose et il semble illusoire de vouloir cerner avec précision ce qui vient de l’un ou de l’autre…
Pourtant, quelques personnages dessinés portent en eux une trace paternelle et ils pourraient directement sortir de certains travaux antérieurs, Jean de Florette pour le père Luis, Carnets d’Orient pour cette femme désabusée Hortensa… Tandis que Ronald, le fils dont il est tant question, pourrait bien être le fruit de l’imagination de Pierre le fils de Jacques. Mais tout cela n’est que suppositions gratuites…
L’histoire racontée en bande dessinée est très simple. Un héros de la révolution cubaine, Luis, se pointe chez Hortensa, la femme qu’il a aimée jadis durant quelques mois. C’était une belle cubaine – « Tu as passé quelques mois avec moi parce que j’avais un beau cul et de sacrés tétés » – et quand elle lui a annoncé qu’elle était enceinte, il a fui n’assumant pas sa paternité. Mais revient-il pour retrouver son fils ou par amour pour la belle Hortensa qui est bien conservée ?
En fait, il revient pour récupérer un objet personnel, un bien dont il a besoin pour survivre maintenant que la Révolution l’a oublié et mis sur la touche… Nous allons assister à ces retrouvailles tumultueuses. Nous ne serons pas pris par les détails matrimoniaux qui n’ont que peu d’importance, mais nous allons en quelques planches illustrées revivre la vie quotidienne à Cuba depuis cette Révolution mythique de 1959. Tout se termine comme dans une fable irréaliste voir surréaliste. Le père et le fils se sont retrouvés et qu’importe ce qu’ils feront de cette nouvelle vie à deux…
Jacques Ferrandez, dans le même temps, celui des deux voyages à Cuba et de l’écriture commune, vient de faire évoluer la relation avec son fils : « Nos relations déjà proches et complices se sont renforcées ».
N’oublions pas que ce récit est suivi d’un carnet de voyage sur Cuba. Je n’ai jamais mis les pieds sur cette ile, donc je serai prudent sur le fond, mais la forme est excellente. On n’apprend pas tout sur Cuba mais suffisamment pour commencer par humer cette vie. On y rencontre des personnages qui ne peuvent qu’avoir existé, qu’ont rencontrés les auteurs… des femmes et des hommes qui ont pris le temps de partager du temps… Nous, les lecteurs, nous sentons invités à fêter Noël en joyeuse compagnie, avec rhum et bière… Sans oublier les cigares, la musique et la mer… Pour un peu, Cuba deviendrait un paradis… entouré de pauvreté car n’oublions pas que tous les témoignages se croisent et confirment que la réussite de la Révolution n’est pas totale…
Un beau livre pour tous ceux qui aiment la bande dessinée, qui ont la passion du voyage, qui ont vibré en pensant à Castro ou Le Che, à tous ceux qui voudraient que cette île retrouve le bonheur de vivre qui l’a quitté depuis si longtemps avec des dictateurs de toute nature…