Impardonnables
de Philippe Djian

critiqué par Sophie anne, le 10 février 2009
( - 55 ans)


La note:  étoiles
si possible
Je ne connaissais pas Philippe Dijan. Je suis entrée très vite dans cette histoire tellement possible. J'étais dans le sud ouest de la France que j'aime particulièrement, dans cette maison, avec ce père, je le comprenais. Nous étions face à la nature humaine, face à la douleur qu'amène ce mauvais côté égoïste que nous sommes tous susceptibles de revêtir parfois et face aux conséquences invisibles de nos actes sur ceux qui nous entourent. Et aussi ravie de cette capacité de pardon que nous possédons tous en réalité . J'ai adoré, je l'ai lu d'une traite. Ce livre fait réfléchir. Je serai attentive aux prochains écrits de Philippe Dijan. Je vous le conseille .
Décevant 6 étoiles

J'adore Philippe Djian mais force est de constater qu'Impardonnables est vraiment loin des standards habituels. Certes on retrouve les éléments qui font le charme de cet écrivain, son style notamment, mais la mayonnaise ne prend jamais. Il faut dire qu'on tourne en rond, trop, beaucoup trop. Au final beaucoup de bavardages pour pas grand-chose, comme si Djian avait perdu toute inspiration.
Souvent les histoires des romans de cet écrivain ne sont qu’un subterfuge, un prétexte pour plonger dans une certaine forme d’existentialisme. J’aime cette façon d’amener le lecteur au plus proche du narrateur.
Impardonnables ne fait pas exception à cette règle mais le tout manque de peps. Il manque ce je ne sais quoi qui fait tout la différence faisant de ce roman le moins appréciable des Djian que j’ai pu lire jusqu’à présent.
Une déception.

Sundernono - Nice - 41 ans - 13 juin 2023


On vieillit … 7 étoiles

Dévoré en une nuit. Et pourtant pas vraiment convaincu. C’est Djian, dans toute sa splendeur, reconnaissable entre mille. Un Djian qui a vieilli – comme nous d’ailleurs – et dont les préoccupations ou habitudes de vie de ses héros subissent des changements. Il y est question de Viagra, l’écrivain est fatigué, …

« A soixante ans, je ne voulais plus entendre parler de certaines choses. J’aspirais à la paix. Je voulais lire des livres, écouter de la musique, me promener dans la montagne ou sur la plage de bon matin. M’occuper d’enfants, bien qu’ils fussent la chair de ma chair ainsi que Judith n’hésitait pas à me le rappeler, ne m’intéressait pratiquement plus du tout. Je m’étais occupé d’Alice et de sa sœur en leur temps et il me semblait avoir épuisé toute la gamme des expériences possibles et susceptibles d’exciter le jeune vieillard que j’étais devenu aujourd’hui – mon temps était précieux, même si je n’écrivais pratiquement plus rien. »

Philippe Djian, lui, continue à écrire. Et donc cet « Impardonnables ». Notre écrivain, le héros d’ « impardonnables », arrive au soir de sa vie et commence à accuser le coup. Il faut dire qu’il n’a pas été ménagé au cours de sa vie. Il a vu brûler sous ses yeux sa femme et une de ses filles. Celle qu’il lui reste a assisté aussi au spectacle, en reste perturbée, et voilà-t-y pas que là, lorsque le roman commence, alors qu’elle est devenue actrice reconnue –euh, c’est un roman, reprécisons le – elle disparait sans plus laisser de traces. Et donc laisse un mari désemparé et deux petites filles dont il faut s’occuper et on aura lu plus haut l’avis de l’écrivain sur la question. Mais les choses vont continuer à se compliquer, notre ami se laissant un peu aller et perdant peu à peu le contact d’avec sa nouvelle femme qui restait pourtant son seul soutien … Très djianesque.
Il va se passer beaucoup de choses. Beaucoup de choses désenchantées surtout. Des choses pardonnables, des impardonnables … La musique de Djian est là. Le souffle peut-être pas. Mais à soixante ans, que notre ami écrivain perde du souffle, c’est dans la logique des choses, foi de coureur à pied !

Tistou - - 68 ans - 7 mai 2010


Ennuyeux au possible ! 2 étoiles

Il est tout à fait possible d’avoir été enivré par l’écriture et le style d’un auteur dans un précédent roman (Impuretés, en l’occurrence), tout en découvrant lors d’une seconde lecture qu’en réalité, c’était probablement un effet isolé qui n’avait pas vocation à se répéter… Pourtant, on se dit « Philippe Djian, c’est quand même celui qui a écrit 37°2 le matin, et puis la saga Doggy Bag ! », mais rien n’y fait, je me suis ennuyé.

Impardonnables est un roman dans le roman, et on songerait volontiers que l’oeuvre est autobiographique, le temps de quelques pages. Pourtant, l’écrivain qui connu en son temps le succès s’appelle ici Francis, et il est en proie aux questionnements existentiels de tous les intellectuels aux alentours de la cinquantaine.

La vie ne lui a pourtant pas fait de cadeau : marié et père de deux enfants, il a vu mourir sous ses yeux sa femme et l’une de ses filles dans un terrible accident. Aujourd’hui, c’est sa fille Alice qui semble avoir disparu, personne n’a plus de nouvelles d’elle, et Francis est terriblement inquiet. Son nouveau couple, qui subissait les assauts du temps depuis déjà quelques mois, ne fait que souffrir de cette disparition.

Impardonnables interroge, comme le titre le laisse imaginer, sur la capacité, le désir et la place du pardon dans la société. Un père doit-il tout pardonner à sa seule fille ? Un mari doit-il tout pardonner à sa femme par amour ? Une mère doit-elle pardonner à un fils de ne pas être celui qu’elle aurait aimé ? Un veuf doit-il se pardonner le décès de sa femme ? Autant de questions qui resteront sans réponse, abordées dans le style littéraire très français, un peu existentialiste, un peu mélancolique, un peu dépressif, vaguement interrogatif, avec une notion très mince de philosophie derrière. Bref, un livre loin d’être indispensable, dont la lecture est assez ennuyante. Rien d’impardonnable, donc, si vous vous dispensez de le lire…

BONNEAU Brice - Paris - 40 ans - 2 novembre 2009


Enfin 8 étoiles

Je dois avouer ne pas l’avoir abordé avec facilité comme je peux le faire avec d’autres. Vers chez les blancs m’avait laissé cette sensation désagréable d’avoir perdu un objet de son enfance qui n’a pas de réelle valeur en soi mais qui suscite beaucoup de souvenirs et d’émotions. Puis au fur et à mesure que les pages défilaient et sans même m’en rendre compte, je l’ai retrouvée. Cette émotion qui m’avait transportée dans Lent Dehors et ce décor que j’avais tant aimé dans Sotos. Tout y était et c’était pourtant différent. Quelque chose avait changé. Je ne saurais dire s’il s’agissait du style car je n’y connais rien mais le rythme ou la musique étaient différents. Néanmoins l’émotion, celle qui vous transporte au fil des pages, était de nouveau là, intacte, retrouvée et ça n’avait pas de prix. Alors, merci Monsieur Djian de m’avoir rendu mon objet, il est certes différent peut-être un peu plus rêche ou plus limé mais il me procure autant de plaisir qu’avant. Celui qui vous laisse dans un état pensif, entre deux mondes.

Addax - - 51 ans - 1 juillet 2009


On passe à la caisse 6 étoiles

Pas franchement inspiré pour parler de ce livre, que j'ai lu sans déplaisir, mais dont je ne garderai aucun souvenir impérissable. Cette histoire d'adultes et enfants ayant du mal à se pardonner, puis si, puis non, même s'il ne fatigue pas, ne passionne pas non plus.
Ceci dit le style est plaisant, pas d'ennui à l'horizon, juste le fil liant les personnages et les évènements ne m'a pas semblé bien épais. Les différentes péripéties sont donc souvent tombées à plat.
Le message final est assez clair, mais la démonstration ne m'a pas totalement convaincu.
Bref, pas d'étincelle chez moi mais il en reste une lecture agréable.
Donc "tout se paye", mais dans ce cas, je préfère le bouquin de Pelecanos qui porte ce titre ;)

El grillo - val d'oise - 51 ans - 1 juillet 2009


Trois petits tours et puis s'en vont 9 étoiles

Elle lui en a joué, des mauvais tours, la vie. Il s'est relevé. Jusqu'à ce jour. Sa fille, actrice connue, a disparu sans crier gare. Et le voilà à devoir gérer, seul, outre son désarroi qui devient vite de l'angoisse, son gendre et leurs deux jumelles. Oui, seul, car sa femme à lui semble se désintéresser de la question. Alors, une vieille copine d'école devenue détective, ça peut servir. A condition qu'elle n'ait pas de pépin. Et si son fils à elle peut assurer un petit coup de main, il est prêt à lui tendre la sienne. C'est que ce môme n'est pas de tout repos non plus. L'ardoise se remplit. Et à soixante ans, l'heure du (dépôt de) bilan n'est pas loin…

Difficile de raconter, sans en dévoiler les ressorts, cette histoire magnifique à de multiples égards. Djian surprend et émeut comme rarement. Avec des phrases somptueuses, des paragraphes percutants, qu'on a envie de recopier illico dans un petit carnet, pour se les relire, plus tard, un jour. Un seul petit bémol : les redites, nombreuses et pas toujours nécessaires, qui s'apparentent plutôt à du remplissage qu'à une restitution de la véhémence (voir page 202, par ex).

Lutzie - Paris - 60 ans - 13 mai 2009


Qui se soucie de son sort ? 9 étoiles

Djian m'avait déjà scotché il y a quinze ans déjà, lorsque je découvrais Zone Erogène, 37,2 le matin etc ...
Son aventure littéraire m'avait laissé dubitatif à l'époque de Assassins. je n'avais pas souscrit à la série Doggy Bag. Avec Impardonnables, Djian revient jouer dans son jardin de prédilection. Les sentiments complexes qui font les hommes et les femmes. Le style impeccable, chirurgical. Lire Djian revient à faire une cure de méditation transcendantale, il vous remue les tripes et laisse planer un fantôme au dessus du lecteur. Impardonnables est ce qui peut se faire de mieux, et constitue un bonne découverte de Djian. Tous les ingrédients qui ont fait son talent s'y retrouvent. Les rapports compliqués hommes /femmes, l'océan, et les soirs triomphants. Le seul reproche que je formulerais, serait le côté people présenté par le biais de la fille. L'épisode Brad est peu crédible. Egalement les répétitions concernant Hemingway qui pourraient faire passer Djian pour une midinette.
On voit dans Impardonnables l'évolution de l'auteur. Là où avant ces héros fumaient, faisaient l'amour, et se déchiraient, on les retrouve maintenant à envisager le Viagra, certains à mourir ( pauvre A.M). Jérémie est pathétique et symbolise bien une forme de jeunesse actuelle, n'ayant plus de phare, et ne voulant plus les accepter. Françis aurait pu l'aider s' il avait su s'y résigner au lieu de le trahir. j'aurais envie de dédier à Jérémie ces vers de Daniel Darc " Pardonnez nos enfances, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont enfanté". Ce qui m'a dérouté également est la scène de la postière, cocasse, marrante, pathétique et révélatrice. Francis parle d'ailleurs de vie sexuelle et non d'amour, c'est très significatif. Avec ce livre Djian semble nous dire que l'impunité n'existe pas et que tout fini par se payer un jour ou l'autre. Au final, j'aurais été impardonnable de ne pas lire ce livre.

Hexagone - - 53 ans - 6 avril 2009


Très déçu 4 étoiles

Une critique dans une émission de télé m'avait donné envie de lire ce roman. Le sujet me semblait intéressant, mais j'ai vite été déçu par le style de l'auteur. Je trouve que l'idée est bonne, mais elle manque de souffle ou d'énergie. J'avais envie de voir ce père réagir de façon plus irrationnelle lorsque sa fille disparait, j'aurais bien aimé sentir sa haine de manière plus forte. Au lieu de ça j'ai assisté à un mélo, où ce père se souciait plus des aventures de sa femme que de la disparition de sa fille. Quant à la fin du roman c'est vraiment catastrophique, donc je suis très désemparé par ce livre...

Laurent63 - AMBERT - 50 ans - 13 mars 2009


Epoustouflant 8 étoiles

J'ai également découvert Djian avec ce livre, même si j'avais eu l'occasion de faire connaissance avec le personnage dans un article de presse où il révélait sa conception de la littérature (lui qui abhorre justement tous ces écrivains pédants dont regorge la France, eux qui veulent écrire comme Proust, qui s'érigent comme modèles d'intellect, et qui, de fait, agissent comme un repoussoir sur le lectorat), et je dois dire que cette première rencontre m'a poussé à en faire l'acquisition.

L'incipit est somme toute classique, l'histoire et ses composantes n'ayant rien de particulièrement original. Toutefois, on ne manque pas de remarquer dès les premières lignes le style très épuré, très travaillé de Djian (qui peut passer, selon ses dires, une journée entière sur la place d'une virgule) : il sait sans conteste trouver les mots justes, les insérer là où il faut, éviter les détails superflus et mettre en exergue ceux qui méritent de l'être. Ainsi, la force de cette écriture ineffablement efficace nous porte jusqu'à la fin du roman, géniale, époustouflante.

Chapeau.

Jolan - - 32 ans - 1 mars 2009