La Voix
de Seichō Matsumoto

critiqué par BMR & MAM, le 10 février 2009
(Paris - 64 ans)


La note:  étoiles
Quelques nouvelles du Simenon japonais
Avec La voix, revoici cet auteur réputé au Japon (le Simenon japonais, dit-on) avec un recueil de six nouvelles, six petites enquêtes policières pleines de charme.
On y retrouve toutes les caractéristiques déjà découvertes dans Tokyo Express.
L'attention portée aux petits riens, aux choses ordinaires de la vie ordinaire.
La fascination pour les chemins de fers japonais : il est vrai que le Japon est un petit pays [par la superficie] et que, là-bas, on prends le Shinkansen [le TGV local] avec autant de facilité et de simplicité qu'on prend le métro à Paris, on l'a constaté nous-mêmes lors de notre dernier voyage.
Et bien sûr, l'intérêt pour les crimes parfaits, aux alibis imparables ... qu'une enquête approfondie ou tout bonnement le hasard ordinaire viendra démonter de manière tout aussi imparable.

[...] J'imaginai diverses manières de le tuer. Le meurtre en soi ne posait pas de problème ; il y a de nombreux moyens de commettre un crime. Mais il me fallait mettre au point une méthode à toute épreuve, digne de l'auteur d'un meurtre, afin que je ne sois pas découvert. Car, mon objectif atteint et l'homme tué, à quoi cela servirait-il si j'étais pris ? Sa revanche prendrait finalement le pas sur la mienne.
Je consultai de nombreux livres sur la question. Beaucoup de criminels font des efforts démesurés pour dissimuler leur forfait. Pourtant, ce sont souvent leurs méthodes puériles qui les perdent. Il est vrai que la plupart des cas décrits dans les livres relatent ceux de criminels qui finissent par être arrêtés. Mais à travers le monde, il doit bien y avoir de nombreux crimes restés ignorés et des meurtriers qui courent toujours.
Le crime parfait existe, j'en suis persuadé.

Dans ces quelques nouvelles, c'est bien souvent le hasard qui viendra mettre à mal ces crimes presque parfaits : un visage apparu sur un écran de cinéma, un article de journal lu rapidement, une voix reconnue au téléphone, ... à chaque fois un petit détail vient remettre le crime à sa place (et le criminel !).
Comme on le disait déjà pour Tokyo Express, un moyen bien agréable de découvrir la littérature japonaise et la vie quotidienne au pays du soleil levant.
Polar japonais 8 étoiles

Six nouvelles :

1.- « Le complice « : jadis, deux hommes ont attaqué une banque. L’un d’entre eux se monte le bourrichon croyant que son complice veut trahir leur secret …
2. – « Le visage « : Ryokichi Ino a tué sa fiancée. Ce jour-là, il a été vu en sa compagnie par une personne qui la connaissait. Entretemps, Ryokichi est devenu un acteur réputé au cinéma et craint qu’on le témoin le reconnaisse sur le grand écran. Il cherche à s’en défaire …
3. - « Au-dessus de tout soupçon » : le narrateur veut venger la mort de sa sœur dont un de ses collègues fut témoin de la tragédie vu qu’il était son amant …
4.- « Le roman-photo « : une femme doit se débarrasser de deux hommes qui exercent un chantage sur elle …
5. – « La voix « : une standardiste-téléphoniste reconnait la voix de la personne qui jadis a commis un meurtre. Ce sera sa perte …
6. - « la collaboratrice d’une revue de haïkus « : ou comment tuer sa femme en faisant semblant d’être amoureux d’une autre et de toucher deux millions de yens…

Six nouvelles d’un des plus connus et réputés écrivains de polars japonais. On le compare souvent à Simenon, à tort à mon avis car une des caractéristiques du « père de Maigret « est la description minutieuse du portrait psychologique de ses personnages, ce qui est loin d’être le cas chez Matsumoto. Mais on pourrait, si on le veut vraiment, le comparer à Colombo. En outre, j’ai trouvé quelques invraisemblances dans les scénarios. Se lit avec intérêt.

Catinus - Liège - 73 ans - 5 juin 2014