L'accordeur de pianos de Pascal Mercier
( Der Klavierstimmer)
Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone
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Un livre magnifique !
Un beau et très grand livre ! Un livre sur une famille marquée par la tragédie et l’échec des relations entre ses membres. Patricia et Patrice sont des jumeaux identiques. Depuis leur tendre enfance, ils ont vécu une relation fusionnelle très forte. Cette relation s’est maintenue jusqu’à l’âge adulte mais un événement grave les oblige à se séparer. Chacun suivra donc son propre chemin mais tout lien entre eux n’est pas rompu. Afin de préserver un peu de cette relation, ils décident chacun de son côté d’écrire un journal et de relater l’histoire de leur vie et celle de leur famille proche. Donc, chaque chapitre donne la parole soit à Patricia, soit à Patrice et nous pouvons donc vivre les événements qui ont jalonnés leur vie d’un point de vue différent.
La famille Delacroix réside à Berlin et est dominée par l’image du père, un accordeur et vendeur de pianos travaillant pour la maison Steinway. Frédéric Delacroix excelle dans son domaine mais il n’arrive pas à se satisfaire de cette vie limitée et aspire à écrire un opéra qui lui apportera la gloire et la reconnaissance. C’est son obsession, son idée fixe, son unique but dans la vie, mais il ne connaît qu’échecs sur échecs car ses opéras lui sont toujours retournés avec la mention refusée. Il plonge ainsi sa famille dans l’angoisse et la tristesse. L’épouse de Frédéric, Chantal, est une ancienne ballerine qu’un stupide accident a obligée à abandonner une carrière prometteuse. Pour calmer ses douleurs, elle prend de la morphine mais devient avec le temps dépendante de cette drogue et sa déchéance n’en est que plus évidente et irréversible. Elle délire, elle oublie, elle se parle à elle-même et perd de plus en plus sa lucidité. Les deux jumeaux grandissent dans cette atmosphère étouffante et la musique devient pour eux synonyme d’échec. Aucun des deux ne consent à apprendre à jouer d’un instrument malgré l’insistance du père et de la mère. Ils quittent tous deux le foyer familiale pour exercer des métiers tout à fait en dehors du domaine musical. Mais un drame se prépare qui viendra sceller le destin de cette famille qui malgré les apparences, abrite chez ses membres un immense amour les uns pour les autres malgré le mur qui se dresse peu à peu entre eux, mur qui sera démoli à mesure que le drame se précise et que plus rien ne peut être rattrapé du mince semblant de bonheur passé.
Ce qui ressort de cette lecture, c’est l’immense fossé qui sépare des êtres qui vivent pourtant dans la même maison, fossé qui sépare les parents de leurs enfants. Patricia et Patrice réalisent devenus adultes qu’ils ne connaissent rien de la vie et du passé de leurs parents. Pourtant, l’explication du drame qui se produit est bien tapie dans ce passé. L’ambition du père et son refus de sa condition prépare le terrain et trace le chemin que prendra la famille qui la mènera à son éclatement et à sa totale dissolution.
J’ai beaucoup aimé le personnage de Frédéric, un homme courageux, digne et d’un honneur sans failles. Je me suis sentie très proche de Chantal, la mère, une femme fragile mais aussi parfois très forte, qui érige souvent un rempart contre la réalité en se réfugiant dans ses rêves et ses fantasmes. Suite au départ de son fils pour le Chili, elle lui écrit de nombreuses lettres qui demeurent sans réponse alors elle s’en invente et y répond.
L’écriture de Pascal Mercier s’attarde souvent sur de nombreux petits détails révélateurs de l’état d’esprit de ses personnages et de leur plus secrètes pensées. Un geste anodin, un frôlement, une main qu’on passe dans les cheveux, un bref échange de regards, un manteau qu’on aide à enfiler et des mains qui s’attardent… C’est vraiment très beau et émouvant que ces petits gestes du quotidien remplis de tendresse et de pudeur qui sont les manifestations extérieures de sentiments qu’on n’ose pas toujours traduire en paroles.
Il y aurait tant à dire sur ce livre. Les liens qui unissent les membres de cette famille sont complexes et parfois tout simplement révoltants. Cette famille abrite de nombreux drames et vies gâchées, elle tente de survivre malgré les écueils et les déboires qui parsèment sa route. Mais comme les personnages sont beaux et pathétiques ! Une lecture qui nous fait pénétrer dans un labyrinthe d’émotions et de rapports troubles. C’est beau, vraiment très beau…
« Ce que je préférerais, c’est que tu sois livré sans défense, dans un mutisme total, à mes images intérieures telles qu’elles apparaissent sur l’écran, si bien que tu comprendrais ce qu’il en a été de toi et moi pendant ces vingt-cinq années. Comme cela n’est pas possible et que notre convention te donne un avantage, je te prie de laisser mes mots agir sur toi comme je souhaiterais que mes images le fassent. Je te prie de les recevoir en toi sans résistance et de ne pas les traiter comme des points dans un jeu où tu m’es supérieur. Puissent mes mots tomber en toi comme dans un étang calme, puissent-ils décrire des cercles et soulever des vagues ; je voudrais que tu laisses à ce phénomène toute liberté de se déployer, que pour me répondre tu attendes qu’il ait produit tous ses effets, non seulement à l’extérieur, mais aussi à l’intérieur, et que tu aies vraiment compris ce que je dis. Feras-tu cela, Patrice ? Le feras-tu pour moi ? Mettras-tu de côté une fois, une seule fois le bouclier de ton éloquence, pour te laisser toucher et même, là où c’est inévitable, blesser ? Afin que nous puissions nous libérer l’un de l’autre ?
Message de la modération : Prix CL 2011 catégorie Roman Étranger
Les éditions
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L'accordeur de pianos [Texte imprimé] Pascal Mercier traduit de l'allemand par Nicole Casanova
de Mercier, Pascal Casanova, Nicole (Traducteur)
Maren Sell
ISBN : 9782355800085 ; 23,35 € ; 17/07/2008 ; 506 p. ; Broché -
L'accordeur de pianos [Texte imprimé] Pascal Mercier traduit de l'allemand par Nicole Casanova
de Mercier, Pascal Casanova, Nicole (Traducteur)
10-18 / Domaine étranger
ISBN : 9782264049704 ; 10,20 € ; 04/02/2010 ; 599 p. ; Broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (15)
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Tragédie familiale à rebondissements
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 47 ans) - 23 décembre 2011
Merci à Ludmilla pour m'avoir fait connaître l'auteur, et à Dirlandaise pour sa belle critique.
De la bonne volonté mais...
Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 14 septembre 2011
Une écriture fluide et très agréable et une belle idée que celle de ces jumeaux séparés qui vont se raconter leurs vies et confronter leurs souvenirs par cahiers interposés.
La lecture alternée de ces cahiers nous permet de découvrir les étranges relations nouées entre père/ fille, mère/fils, frère/sœur...
Mais voilà, alors qu'il est question de musique pratiquement à chaque page, je n'ai trouvé aucun rythme, aucun élan dans cette lecture qui m'a finalement semblé si pesante que je me contenterai de lire les critiques pour connaître la fin (?) de ce roman.
Superbe écriture /Contenu nul!
Critique de FranBlan (Montréal, Québec, Inscrite le 28 août 2004, 82 ans) - 16 août 2011
Six cents pages de déception contenue, j’en ressens encore une amère frustration même si j’en ai terminé la lecture depuis quelques semaines déjà, car j’ai complété cette lecture malgré la vacuité du contenu, subjuguée sans aucun doute par la qualité de l’écriture et par conséquent celle de la traduction et j’avoue, dispersé parcimonieusement quelques faux espoirs d’intérêt…
Je n'offrirais pas ce livre à mon pire ennemi!
Deux fois plutôt qu’une, un couple de jumeaux raconte le parcours pathétique d’une famille de paumés, tarés, de génération en génération qui gravite autour du père, accordeur de pianos, isolé dans son obsession de célébrité et surtout obstiné jusqu’à l’extrême dans le déni de son propre échec… et ceci sans insister sur les mille et une digressions qui truffent inutilement le dit double récit.
Un fouillis, somme toute indescriptible, de mélo et de pathos!
J’avoue lire de façon compulsive depuis toujours et avoir connu d’inestimables bonheurs de lecture, mais de pouvoir difficilement contenir mon désarroi lorsque je réalise, malheureusement trop souvent, que les auteurs talentueux n’ont pas toujours quelque chose d’intelligent à raconter…
J'suis partagée ... mais ravie de l'avoir lu !
Critique de Mandarine (, Inscrite le 2 juillet 2010, 52 ans) - 26 juillet 2011
Les personnages sont très riches et complexes, l'intrigue principale un peu "coincée" dans d'autres intrigues (qui n'apportent pas forcément beaucoup) : mais bon, est-ce que la vie est simple ??? cela se saurait !!! Parce que voilà, ce livre, c'est l'histoire de Vies Et je trouve cela assez bien rendu.
Le passage d'un journal à un autre permet de respirer un peu : il y a des longueurs un peu difficiles à digérer ....
Je me suis souvent posé la question du thème du livre : les jumeaux ? Le Père ? La Mère ? La Famille ? La Vie ? La Musique ?
Pour conclure, on ne peut pas être insensible à ce livre. Le talent de Pascal Mercier est indéniablement présent. Mais il faut que je passe plus de temps avec cet auteur pour mieux le connaître et j'espère encore plus l'apprécier ! (Train de nuit pour Lisbonne ?)
Drame philosophique
Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 18 juillet 2011
De plus, puisque le personnage clé (le père) est raconté à travers la voix de ses enfants, ceci ajoute une distance et un froid terrible. Les deux voix. Patricia et Patrice, sont frère et soeur et se ressemblent. Il aurait été préférable d'avoir deux visions totalement uniques.
Meurtre en famille
Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans) - 6 juillet 2011
Une histoire comme Agatha Christie sait si bien les raconter, une histoire qui puise sa source dans un passé lointain, une histoire qui pourrait être écrite sur une partition, une histoire en musique, une histoire de musique, un drame lyrique qui explose quand le père est accusé d’avoir tué le ténor en pleine représentation de Tosca sur la scène de l’Opéra de Berlin. A cette occasion, les jumeaux, vont essayer de renouer les relations qu’ils ont rompues et accompagner leurs parents jusqu’au terme de leur vie en recueillant chacun des bribes de confidences qui leur permettront de reconstruire la vie qu’ils ont cru avoir et qui n’était pas celle que les autres membres de la famille avait vécue.
Ainsi, ils vont réaliser une véritable autopsie de cette famille suisse romande, exilée à Berlin, composée d’un accordeur de pianos génial mais médiocre compositeur qui vit son échec avec une profonde frustration, d’une mère morphinomane, artiste foudroyée et amante délaissée dans sa jeunesse et de ces jumeaux qui essaient de composer leur personnalité sur les ruines de leur couple gémellaire.
Avec « Train de nuit pour Lisbonne », Mercier avait produit un livre sur l’inné, alors qu’avec ce roman, même s’il n’oublie jamais de rappeler que ce que nous voyons de la vie n’en est que la partie émergée, il évoque plutôt l’acquis : la mémoire de la douleur, physique ou morale, la jalousie de la sœur, les frayeurs de l’enfant battu, la culpabilité du frère se croyant responsable de la mort de sa sœur, l’humiliation du père, l’échec et le succès… tout ce qui contribue à la construction de la personnalité.
Il serait trop prétentieux de vouloir évoquer toutes les facettes de ce roman qui évoque tant la construction de l’être que sa capacité à vivre en société et à construire des couples par un plus ou moins bon assemblage des personnalités, tant la nécessité de faire vivre le passé pour créer l’avenir que la nécessité d’oublier pour ne pas altérer l’avenir, tant la faiblesse de la chair que la noblesse des sentiments, tant l’apparence de la vie désirée que la réalité de la vie vécue, « quel gouffre entre de qu’il désirait être et ce qu’il était réellement ! », …
Un roman subjuguant malgré les longues digressions qui n’enrichissent pas forcément le récit, l’étirant même dans une longueur qui n’est pas nécessaire tant le texte est dense, tant le style est précis et tant l’écriture est serrée. La musique de Puccini ne méritait peut-être pas ces errements dans des récits périphériques inutiles, à mes yeux du moins.
La « sagesse » consiste à ne pas se tromper de combat
Critique de Isad (, Inscrite le 3 avril 2011, - ans) - 26 mai 2011
Le livre montre aussi qu’on ne connait guère les êtres proches qui gardent d’immenses poches secrètes au fond d’eux-mêmes, ce qui génère un sentiment de gâchis. Heureusement qu’il y a l’espoir d’un nouveau départ vers l’avenir pour les jumeaux qui se sont allégés de leur passé en l’écrivant.
Et la citation de La Bruyère en épigraphe résume autant le livre qu’une philosophie de vie qu’il est souvent difficile de pratiquer : « Nous cherchons notre bonheur hors de nous-mêmes, et dans l’opinion des hommes, que nous connaissons flatteurs, peu sincères, sans équité, pleins d’envie, de caprices et de préventions : quelle bizarrerie ! »
IF-0111-3730
Une œuvre massive
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 25 avril 2011
« En est-il des livres comme des bûches?
Si vous avez une cheminée, vous n’êtes pas sans savoir que selon la nature du bois, de la compacité de la bûche, celle-ci se consumera plus ou moins vite. Entre la bûche de frêne bien sèche, sans réelle capacité calorifique et celle d’un chêne ayant accumulé les années, rien de comparable!
Eh bien oui, il doit en être de même des oeuvres littéraires et celle-ci: «Train de nuit pour Lisbonne», ce n’est pas du frêne! C’est dense, c’est compact. Le genre de livre qu’il est impossible d’expédier en quelques heures soutenues. Il demande de la lecture au long cours, par portions à digérer avant de reprendre la suite. Pour en finir avec ma comparaison forestière, certains polars qui ne se soucient que de l’histoire et d’une intrigue se consument d’un coup, un «Train de nuit pour Lisbonne» c’est du chêne centenaire.”
Remplacer dans les propos précédents « Train de nuit pour Lisbonne » par « L’accordeur de pianos » et rien n’est à retirer. On ne lit pas ce roman au rythme régulier du coureur de fond, tenace et têtu. Impossible. Pour moi en tout cas. Trop de choses à assimiler, à digérer. Pascal Mercier n’écrit pas une histoire au sens strict du terme. Il envisage et prend en compte tous les aspects, toutes les incidences, de chaque avancée, de chaque pensée. Il introspecte sans cesse, dans un style solide, avec des préoccupations tellement complètes et multiformes qu’on se demande s’il serait possible qu’il en ait oublié ! (Pascal Mercier n’est pas professeur de philosophie pour rien !) Et tout ceci a un prix : la lenteur, le « stop-and-go », le besoin de regarder par moments ce roman à distance, sans l’ouvrir, pour n’y revenir que lorsqu’on y est prêt.
L’histoire elle-même – parce qu’il y en a une !, en plus – est séduisante, flirtant avec les névroses, les tabous franchis – pas franchis, les passions, et tout ce que ces pathologies et sentiments peuvent engendrer. Une très très belle chose. Bien emmenée par Pascal Mercier aux idées décidément toujours très claires, qui nous emmène où il veut quand il veut.
Pour en revenir à mon titre : « Une œuvre massive » … c’est, comment dire ?, … en référence à ces armoires de chêne massif telles qu’on en faisait autrefois, qui pèse le poids d’un âne mort … Et qui n’ont rien à voir avec ces meubles modernes à monter en kit, même plus en « vrai » bois.
On aimerait qu’il y ait plus de romans contemporains de cette densité …
Je suis passé à côté
Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 17 mars 2011
Première critique plutôt négative
Critique de Elya (Savoie, Inscrite le 22 février 2009, 34 ans) - 14 février 2011
Il y a 4 livres à lire pour le prix CL 2011 étranger. J'avais décidé de lire celui-ci en dernier car tout m'emballait : l'auteur, le résumé, les thèmes abordés, les critiques... Je n'ai retrouvé aucune de ces attirances.
J'avais donc adoré le récit de la détresse d'une séparation entre 2 personnes qui s'aiment (les jumeaux) d'une manière simple et sans chichis, je trouvais la description des sentiments très vraie, très forte.
Ensuite, l'histoire s'enlise dans des détails insignifiants et des répétitions puisque les narrateurs racontent d'un point de vue différent la même histoire. Toutes les 100 pages une petite révélation nous est faite sur cette étrange famille. Mais entre ces quelques révélations, le récit est bien vide.
Le métier d'accordeur de piano, original et poétique à souhait, aurait pu être une source prolifique d'anecdotes amusantes, de clins d'oeil réussis au milieu musical et artistique. Pourtant celui-ci est abordé de manière glauque et ennuyante.
Une lecture qui ne vaut pas le temps qu'on y consacre.
Entre Saga Familiale et Tragédie Grecque.
Critique de Rouchka1344 (, Inscrite le 31 août 2009, 34 ans) - 25 janvier 2011
Oppressant...
Envoûtant...
Tragique...
... est ce roman.
Bercée par les confessions des jumeaux, par l'écriture envoûtante de Mercier, par cette fatalité qui écrase ses protagonistes, je ne peux qu'applaudir ce roman qui oppresse par certains moments. Je me suis rendue compte alors que les mots peuvent avoir un véritable impact sur nous. Il m'est arrivé d'arrêter la lecture tellement je me sentais mal à l'aise, tellement je me sentais gagnée par la pitié envers ce pauvre Frédéric Delacroix. Rarement un livre ne m'avait autant retourné !
Peut-être quelques longueurs vers la fin, quelques confessions mal placées par rapport à la trame du récit qui pourraient un peu gâcher le plaisir. Mais finalement, avec du recul, ce ne sont que des broutilles.
Mes prédécesseurs ont déjà tout dit. J'en reste là.
Une très bonne découverte grâce à la sélection du Prix CL 2011 ! J'ai hâte de redécouvrir Mercier dans "Train de nuit pour Lisbonne".
le rêve foudroyé
Critique de Pieronnelle (Dans le nord et le sud...Belgique/France, Inscrite le 7 mai 2010, 77 ans) - 19 août 2010
Ce qui m'a frappé au départ c'est l'impression d'avoir trois livres dans un seul : les jumeaux, le père et la mère. Et puis très vite on se rend compte que le chef d'orchestre de tout cela c'est le père avec son rêve fou. Alors tout converge vers lui et la famille se rassemble soudain avec la découverte des blessures de chacun.Ce père est extraordinaire, accordeur de piano de la plus grande maison au monde et côtoyant les plus grands pianistes dans l'ombre, il vit avec des opéras plein la tête et des rêves fous de gloire. Il est dans son monde et les autres autour de lui ne semblent pas croire en son génie. L'histoire des jumeaux est troublante et très forte, il est long le chemin de la séparation ! le fait d'écrire un journal chacun de leur côté pour mieux se retrouver est très original. L'histoire de la mère est pathétique, quelles solitude et souffrance; et pourtant quel geste d'amour elle va avoir pour son mari! tous ces personnages sont magnifiques; personnellement j'ai une préférence pour le père qui va tomber foudroyé par sa musique. Un très beau livre qui m'a donné envie de lire "train de nuit pour Lisbonne" du même auteur (les critiques étant de plus, assez extraordinaires)
Humanité, subtilité, justesse et opéra
Critique de Falgo (Lentilly, Inscrit le 30 mai 2008, 85 ans) - 4 octobre 2009
Les parcours des quatre membres d'une même famille sont décrits avec une très grande subtilité. Les élans d'amour, les blocages, les remords, les ambitions, les échecs de chacun s'entremêlent dans un récit mené avec une grande originalité.
Je ne vais pas répéter les excellentes critiques déjà présentes sur le site. Je souhaite seulement exprimer mon enthousiasme pour ce livre et tenter de lui trouver de nouveaux lecteurs.
Les drames en filigrane
Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 22 août 2009
Avec en toile de fond, l'omniprésence de la musique pour guider les pas de chacun et marquer les événement de leurs vies. Musique pas toujours évidente à restituer en mots mais dont la présence et l'influence sont palpables, de la première la dernière page.
Un très bon roman, de grande qualité, avec une écriture parfaitement maîtrisée, ciselée à souhait.
Ecrire pour briser le silence
Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 16 juin 2009
Une famille –la famille Delacroix, la bien nommée, chacun y semblant porter sa croix- sur laquelle pèse, comme dans une tragédie, un destin malchanceux qu’elle reproduit sur trois générations . La matière du roman est riche, tant par le nombre de personnages évoqués, que par le tragique de leur vie, que par la double analyse qui est faite de leurs relations troublantes . Le passé se dévoile sans ordre chronologique, par bribes distillées par les deux voix de Patrice et de Patricia qui se croisent et se complètent . Au lecteur alors de reconstituer le puzzle de ce récit éclaté .
Comme la précédente oeuvre de Pascal Mercier : TRAIN DE NUIT POUR LISBONNE , le roman présente une réflexion sur l’écriture . Les phrases placées en exergue et dans le dernier cahier, qui encadrent donc le roman, en témoignent . Il y a non seulement les cahiers des jumeaux, mais aussi les recherches faites en secret par Chantal sur sa grand-mère ballerine dont elle reproduit le destin et qui révèlent à Patricia une facette ignorée de sa mère, et, par le père, la rédaction de l’opéra : Michel Kohlhaas dont le héros apparaît comme une projection de lui-même . Si la fonction initiale des cahiers alternés était pour Patrice et Patricia de briser le silence consécutif à leur séparation et l’emprise mutuelle qu’ils exerçaient l’un sur l’autre malgré leur éloignement, « nous raconter notre vie afin de nous libérer l’un de l’autre », elle se transforme en cours de récit et devient le moyen de libérer avant tout celui qui écrit de ce qui l’oppresse . « Ecrire tout cela m'a rendu le présent que j'avais perdu depuis longtemps. Mais maintenant il est différent d'autrefois: c'est un présent pour moi tout seul.»
Aussi dense et fouillé que TRAIN DE NUIT POUR LISBONNE, L’ACCORDEUR DE PIANOS m’a semblé s’adresser à un public plus large car son thème central : la famille est plus porteur, et le passé des personnages est tellement lourd et chargé qu’il paraît difficile de ne pas s’y intéresser.
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