Les Princes nubiens
de Juan Bonilla

critiqué par Aaro-Benjamin G., le 3 mars 2009
(Montréal - 55 ans)


La note:  étoiles
Le plus vieux métier
Le protagoniste de ce roman est un chasseur de beauté. Il sauve des vies, arrache des enfants des griffes de la misère pour le bénéfice des clients d’un sex-club haute gamme… Les écarts de richesse et les conflits armés font de notre planète un terrain de prédilection pour la marchandise qu’il recherche : « Jeunes éphèbes en provenance du Maroc ou d'Amérique latine, petits crâneurs en blouson de cuir, beaux Blacks tout en muscles, filles sensuelles des Caraïbes ou jeunes pousses thaïlandaises… »

De sa jeunesse dans les déchets de Bolivie jusqu’à Malaga en Espagne, le narrateur raconte, avec un certain humour, la mécanique du rabattage à l’heure de la mondialisation. La majeure partie du livre est consacrée à la capture d’un jeune boxeur soudanais, symbole ultime de virilité africaine.

Le ton est respectueux et agréablement désinvolte. Le récit ne s’aventure au-delà de la première couche de l’industrie du sexe, choisissant de s’amuser avec l’élément le plus noble du fantasme ; l’attirance physique. Il évite ainsi de tomber dans le « trash » ou l’explicite. Ce n’est pas un roman qu’il faut prendre au sérieux. Bonilla n’utilise pas son histoire comme un conte moral ou un pamphlet dénonciateur des abus de la classe privilégiée. Il s’agit d’une comédie noire, en quelque sorte, sur les pièges du narcissisme.

(Prix Biblioteca Breve)