L'affaire est close
de Patricia Wentworth

critiqué par Shelton, le 10 mars 2009
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Belle enquête ! Beau roman ! Grand suspense !
Peut-on revenir sur une affaire jugée, un crime tellement transparent et évident que le coupable n’a aucune chance de s’en sortir… D’ailleurs, il traine au fond d’une prison et on se demande encore comment il a pu échapper à la pendaison…
Nous allons donc assister à une enquête à postériori. Hilary Carew, une jeune femme dynamique mais touchée par la peine profonde de son amie Marion Grey va tenter de comprendre ce qui a bien pu se passe le jour où Geoffrey Grey a tué son oncle que, pourtant, il aimait et dont il aurait du prendre la suite professionnelle…
L’enquête sera délicate et l’issue est incertaine. D’ailleurs, ce Geoffrey est probablement coupable car rien ne permet d’expliquer les faits : les heures, les voix entendues, les témoins, les intérêts de chacun… Mais, pourtant, le doute existe et on dit bien qu’il doit profiter à l’accusé…
Hilary est bien seule et elle se retrouve confrontée à des dangers bien plus réels que l’innocence supposée de Geoffrey. Hilary sera aidée par son ex-fiancé toujours amoureux, un certain capitaine Henry en train de se reconvertir en antiquaire… Mais ça ne suffira pas !
Nos deux amis tumultueux sont obligés de faire appel à une spécialiste, une femme rompue à toutes les enquêtes et à la mise en évidence de la vérité, une certaine Maud Silver.
Maud Silver est une vieille dame qui mène les enquêtes avec ses méthodes, des méthodes que l’on ne connaît pas trop car tout se passe pendant que le lecteur vit au rythme des émotions de notre chère Hilary. On a souvent comparé Maud Silver et Miss Marple : deux miss qui font des enquêtes en restant la plupart du temps assises dans leur fauteuil… oui, il est bien vrai qu’Agatha et Patricia ont créé des héroïnes assez proches, à des dates peu distantes, mais, selon moi, Maud Silver est un peu plus mobile. Par exemple dans la dernière partie du roman, on la voit prendre le train de Londres pour l’Ecosse, et même faire preuve d’à propos pour ne pas dire plus… C’était moins une qu’elle ne prenne une arme et qu’elle fasse le coup de feu… J’exagère un peu, mais pas tant que ça…
Ce roman est un excellent roman policier et la solution finale mettra beaucoup de temps à se dessiner. Le lecteur est manipulé par les uns, endormi par les autres, et il reste dans le vague sans comprendre comment a pu se mettre en place une telle organisation criminelle. Patricia Wentworth me semble à son apothéose et ce fut un grand moment de lecture. Quand on regarde l’année d’écriture, 1937, on la trouve d’une modernité terrible car son texte serait classé, aujourd’hui, dans les thrillers…
C’est aussi l’occasion de redire tout le bien que nous, un certain nombre de lecteurs, pensons de la collection « grands détectives » des éditions 10/18. Ce label policier dirigé par Jean-Claude Zylberstein est toujours d’une grande tenue même quand certains textes nous plaisent moins. Mais je dois vous avouer que cette « affaire close » me paraît une grande réussite dans le genre…