Quand Strindberg se déchaîne !

Cette fois, ce n’est pas un roman ni une pièce de théâtre que nous propose August Strindberg mais un petit catéchisme de son cru qui est plus que révélateur des prises de position du grand homme au sujet de la société en général, de la religion, de la politique, des lois, de la philosophie, de la morale et bien sûr… des femmes et du mariage.

Ah ! Il n’est pas tendre mon écrivain adoré et je dirais même plus… il nous assène ses vérités et convictions sans aucune nuance ni concession. Comme il le dit si bien lui-même et je le cite : « Je déteste les demi-mesures. A bas l’ordre établi. Ce que je veux, c’est l’anarchie ! » Et cela transparaît tout le long de ce petit livre coup de fouet.

Étonnant tout de même ces prises de position d’un homme dont le père était un aristocrate. Strindberg n’est pas du côté de la classe supérieure au contraire, il la vilipende et la houspille à qui mieux mieux. Il est « un alliage de socialisme, de nihilisme et de rousseauisme », « un exalté de l’absolu » ! Il rêve d’une société idéale et le clame haut et fort : « Je suis socialiste, nihiliste, républicain, tout ce qui peut être à l’opposé des réactionnaires. » Il est de tous les débats de son temps Strindberg et se jette dans la bataille avec courage et conviction.

Je ne suis pas tout à fait en accord avec toutes ses affirmations mais ce petit livre est une merveille pour qui veut approfondir la pensée de ce grand écrivain. Son opinion sur les femmes et leur émancipation est parfois virulente mais il faut dire qu’il a connu bien des déboires avec elles alors cela peut expliquer en partie ses jugements sévères.

Ce livre a été écrit dans un seul but et encore une fois je cite Strindberg : « En ce qui concerne le catéchisme, c’est un livre d’agitation ayant pour but d’éveiller la haine de la classe inférieure contre la classe supérieure. » Et je dois dire qu’il fait tout en ce sens…

J’admire son courage, sa franchise et son honnêteté. Il m’a fait rire souvent malgré le sérieux des sujets abordés. Il est unique…

Le livre comporte une préface des deux traducteurs qui s'avère très intéressante et instructive sur l'histoire et le contexte de création de ce petit opuscule.

« La société est une forme de vie communautaire qui permet à la classe supérieure de maintenir la classe inférieure sous sa domination. »

« La classe supérieure se moque en secret de la religion, mais estime « qu’il faut une religion pour le peuple ». Un athée de bonne foi a déclaré récemment qu’il serait regrettable de rendre la classe inférieure malheureuse en la privant de sa religion. »

« L’économie est une science inventée par la classe supérieure pour s’approprier le fruit du travail de la classe inférieure. »

« Le mariage est une institution économique dans laquelle l’homme, devenu l’esclave de la femme, est obligé de travailler pour elle. »

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  Petit catéchisme à l'usage de la classe inférieure de August Strindberg

  de Strindberg, August Ahlstedt, Eva (Traducteur) Morizet, Pierre (Traducteur)
  Actes Sud
  ISBN : 9782868696113 ; 6,20 € ; 10/08/1993 ; 56 p. ; Reliure inconnue

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