Pétales : Et autres histoires embarrassantes
de Guadalupe Sánchez Nettel

critiqué par BMR & MAM, le 4 avril 2009
(Paris - 64 ans)


La note:  étoiles
Peut-être la plus japonaises des auteures mexicaines
Voici Pétales et autres histoires embarassantes de Guadalupe Nettel.Le site du Salon
Un recueil de nouvelles, six nouvelles d'une auteur mexicaine qui vit en Espagne.
Et qui crée la surprise : on n'imaginait pas aller si loin vers l'ouest mexicain pour découvrir une auteure aussi ... japonaise !
On se croirait chez Yoko Ogawa ...
Le livre s'ouvre même sur une histoire de ... paupières ! étrange coïncidence.
Une autre nouvelle se passe à Tokyo où il est question de bonsaï.
Dans une autre, on découvre un bézoard, celui d'une jeune femme atteinte de tricophagie.

[...] Les manies de Victor étaient elles aussi imperceptibles aux yeux du monde extérieur. Il fallait l'observer un certain temps pour se rendre compte qu'il faisait craquer ses doigts de façon compulsive - et pas pour une question de style, comme j'avais pu le croire au début - car son geste était naturel et le bruit du craquement presque inaudible. Et pourtant, passé les premiers mois, ce geste superflu et acceptable a commencé à m'être désagréable. Petit à petit, mon ouïe est devenue plus sensible au craquement.

Avec ses histoires embarrassantes, Guadalupe Nettel nous emmène loin du Mexique, dans son cabinet des curiosités, là où les fantasmes prennent corps, prennent notre corps.
Pour celles et ceux qui aiment les étrangetés des corps.
En chaque être humain se cache une part monstrueuse 7 étoiles

Ce recueil de nouvelles porte bien son nom, les histoires sont bel et bien embarrassantes. Guadalupe Nettel dissèque les pulsions et les désirs innommables de l'être humain, laissant comprendre au lecteur que nous n'avons aucune emprise sur nos attirances. Nous pouvons les cacher, les taire, mais elles sont bien là !

Zola estime que l'homme cohabite avec la bête, que la raison est parfois en prise avec les pulsions dans "La Bête humaine", Nettel pense que nous détenons une part monstrueuse en nous, par là même explore cette zone enfouie.

Il faut dire que chaque sujet des nouvelles est étrange, on se demande où l'écrivain va chercher de telles lubies ! Dans " Ptôse", un photographe est fasciné par les paupières volumineuses d'une jeune fille, paupières dotées d'un pouvoir quasi érotique. Dans "Transpersienne", une jeune fille observe son voisin par la fenêtre, nous sommes donc en pleine scène de voyeurisme. Dans "Bonsaï", le personnage principal crée des liens entre les individus et les plantes et explique le comportement de l'Homme par une logique végétale ( ma nouvelle préférée ! ). Dans "L'autre côté du quai", une jeune fille mystérieuse développe des rapports tout aussi mystérieux. Dans "Pétales", le personnage masculin cherche la femme aimée dans les toilettes, lieu sensuel pour le héros. La dernière nouvelle, "Bézoard", met en scène une jeune femme qui ne peut s'empêcher de s'arracher les cheveux. Je n'ai fait ici qu'évoquer le début des nouvelles sans en amorcer l'évolution !

Le laid côtoie le beau, la sensualité flirte avec le dégoût. Un recueil qui indispose par son charme étrange.

Pucksimberg - Toulon - 45 ans - 11 novembre 2011