La mare au diable
de George Sand

critiqué par Clo7, le 6 décembre 2001
(Charleroi - 24 ans)


La note:  étoiles
Histoire berrichonne
Germain, la trentaine, veuf, laboureur, trois petits enfants cherche femme pour l'épauler dans les tâches domestiques. C’est en ces termes que le beau-père de Germain aurait pu placer une petite annonce dans un journal local.
En lieu et place, il a pris langue avec le père de Catherine une jeune et riche veuve de Fourche qui cherche à se remarier. Germain accepte de s'y rendre. La Guillette, une voisine, demande à Germain de prendre pour le voyage sa fille unique Marie qui doit entrer comme bergère aux Ormeaux. Chemin faisant, les deux jeunes gens retrouvent Petit-Pierre, l'aîné de Germain qui s'est enfui dans l’espoir de les accompagner. La route est longue et difficile et un orage les surprend. Ils se réfugient dans un bosquet près de la Mare au diable. Marie allume un feu, prépare un repas avec les moyens du bord et s'occupe de l'enfant avec grâce. Germain tombe sous le charme. Au matin, ils reprennent la route, la magie de la nuit est déjà loin. Chacun va vers son destin. Ils doivent cependant faire face tous les deux à de cruelles déconvenues. Germain n'est pas le seul prétendant auprès de la veuve qui joue les coquettes. Même s’il est celui qu'elle préfère, il ne veut pas participer à une compétition qu'il juge humiliante. Il part rechercher son fils qu'il a confié à Marie. La jeune fille et l'enfant de leur côté ont fui la ferme où le propriétaire a tenté d'abuser de Marie. Germain les retrouve dans les bois. Chacun rentre chez soi.
Le temps fait son œuvre et Germain s'avoue enfin qu'il est amoureux de Marie et la demande en mariage. Histoire champêtre touchante inspirée des Géorgiques de Virgile et d'une gravure de Holbein. Une atmosphère paisible se dégage du texte et en fait un véritable hymne à la terre. La langue est simple et naïve. Elle emprunte quelques expressions au patois local mais reste lyrique. Dépassant la simple représentation d'une idylle amoureuse, l'histoire oppose les vertus de la campagne (travail, amour, sincérité) aux valeurs perverties de la bourgeoisie urbaine (spéculation, vice, mercantilisme). Ce livre fait partie d'une trilogie consacrée au terroir berrichon.
A lire pour les amateurs de beaux textes bien écrits.
Un peu plat tout de même 7 étoiles

C’est l’histoire d’un veuf éploré
Portant le deuil de son épousée,
Qui toujours la voyait près de lui,
Plus présente depuis que partie.

C’est l’histoire d’une enfant confiée
Aux mains sales d’un honteux fermier,
D’une virginité enfuie,
Vers la mare et le bois, loin de lui.

C’est l’histoire d’un gouffre à sauter :
Il est vieux, elle est bien moins âgée.
Il l’adore, elle n’aime que lui.
Pourra-t-elle partager sa vie ?

C’est l’histoire d’une femme aimée
Par un père et son fils adoré.
Les scrupules vaincues, la Marie
Prendra le laboureur pour mari.

C’est l’histoire d’un feu recouvré,
D’une chance à la vie redonnée,
De deux regards l’un de l’autre épris,
De deux cœurs à la fréquence unie.

C’est l’histoire des amours ailées,
Anges créateurs d’éternité,
Qui portent au sein la pointe amie,
Le poison délicieux de la nuit.

C’est l’histoire qu’on a raconté
Les nuits froides des longues veillées,
Quand la campagne s’endort sans bruit
Et que veuves et veufs se sourient.

Il fallait bien qu’un jour je le lise, mon premier George Sand, que je brise l’épaisseur du mystère aux parfums de colchique, de poule et de foin. Le mystère en partie est chassé, la brume d’un lopin dissipée, et j’ai vu des trésors étendus encadrant une plaine un peu nue.
Quand elle est dans la glose, George Sand, elle fait une prose belle et grande, ses doigts touchent à la poésie, l’infirmer serait une hérésie. Mais sitôt le récit débuté, c’est plus plat, c’est bien moins vallonné, ça n’a plus la saveur du bon pain tout frais cuit au sortir du pétrin.
Si c’est plat, néanmoins, ça se lit, ça distrait, ça occupe l’esprit, c’est plaisant, c’est agréable aussi ; il vaut bien d’autres milliers d’écrits.
Un roman du terroir, des campagnes, présentées en pays de cocagne, un vitrail qui filtre la lumière, réduit l’ombre à des points noirs dans l’air : tout l’obscur a pris racine en ville, la vilenie, la fierté, la bile ; mais le paysan reste bien pur dans ses champs, dans ses bois, sa nature.

Froidmont - Laon - 33 ans - 25 septembre 2024


récit ethnologique 8 étoiles

Je n'évoquerai pas l'histoire, simple en soi, mais l'auteure dès le chapitre 2 nous en informe "je me demandai pourquoi son histoire ne serait pas écrite, quoique ce fût une histoire aussi simple, aussi droite et aussi peu ornée que le sillon qu'il traçait avec sa charrue."

Ce récit, outre une perception de ce que devrait être aussi l'Art, soit une mission "de sentiment et d'amour", est aussi sous une certaine forme une évocation ethnographique, ce qui transparaît d'ailleurs de manière plus ample dans les chapitres ajoutés suite à une demande des imprimeurs, afin d'étoffer un peu l’œuvre. Avec cela un peu de romantisme et un zeste de "fantastique", d'ensorcellement plutôt, dans un style plaisant et qui ne m'est pas paru désuet, d'où une agréable lecture...

Deinos - - 62 ans - 12 septembre 2021


Une lecture sympathique 5 étoiles

J'aime beaucoup le style, le contexte, l'amour...alors ce livre m'a forcément plu! Mais finalement, je ne suis pas non plus transcendée.

Simple, efficace, mais aucune surprise, on peut deviner la fin nous-même dès les premières pages.

Mais le but n'est pas là ! Le but est d'avoir une approche des différences sociales de l'époque et de la région, ainsi que leurs traditions.

J'ai aimé mais ...

Prouprette - Lyon - 40 ans - 22 août 2016


Sympathique 8 étoiles

Un petit roman facile et agréable à lire, une histoire touchante et des personnages attachants sur fond d'une campagne Berrichonne enchanteresse; un brin de poésie, une touche de romantisme pour une ode à la vie rurale, digne de Virgile... Cependant ce petit hymne à la vie rude mais belle des paysans peut sembler démodé et puéril pour des citadins convaincus ce qui le destine à un lectorat amoureux de la nature ou du moins épris de poésie et de simplicité rustique.
Bonne lecture :)

Encyclopédie sur pattes - - 28 ans - 30 juin 2013


Poésie = champs, paysans, traditions, amour. 8 étoiles

Joli petit roman champêtre qui nous propose une histoire simple mais attachante sur le fond des magnifiques paysages de la campagne française. C'est poétique, attrayant, beau... ensorcelant. Cette mare qui trouble l'esprit de Germain, veuf et laboureur, ne siginifierait-elle pas beaucoup de choses ? Le deuil, l'amour... mais aussi la magie ?
Comme elles sont belles ces forêts où la passion naît ! Et ces coutumes campagnardes si fraîchement dévoilées sur un fond mélodieux qu'est l'écriture de George Sand !
Un vrai poème raffraîchissant !

R. Knight - - 29 ans - 25 février 2012


Une très belle histoire! 8 étoiles

C'est le deuxième livre que je lis de George Sand et il m'a autant plu que "La petite Fadette". J'aime beaucoup l'écriture de cet auteur que je trouve simple mais efficace car elle m'emmène toujours dans les mêmes endroits que ses personnages. Pour ces derniers, j'aime le mélange de force, de courage, de gentillesse et de générosité qu'ils dégagent. je trouve que ce style de livre permet de revenir aux valeurs essentielles de la vie qui sont parfois un peu oubliées de nos jours.

A découvrir!

Lalie2548 - - 39 ans - 2 août 2011


Une histoire sympathique mais sans plus 6 étoiles

L'histoire se déroulant dans la campagne avec des histoires de mariages et d'amour a un côté déjà vu je trouve et manque légèrement de piquant

John - - 34 ans - 11 novembre 2010


Entre plaisir et exagération 8 étoiles

La simplicité du style de George Sand, la banalité pourtant attachante de l'histoire, les personnages "typiques" mais proches du lecteur.. On en oublierait presque le temps qui passe! La mare au diable nous tient dans un univers innocent, nostalgique.
Mais lancé à vitesse de course, notre appétit de lecteur prend des risques, car la fin de l'histoire est à double tranchant. C'est le combat de deux écoles : la première veut un happy end, de la rêverie et un instant agréable à lire, la seconde veut du réalisme, aussi bien sentimental que matériel. Ce n'est pas cette dernière voie qu'a choisie George Sand, et c'est bien dommage! La fin est décevante, et heurte l'esprit comme un poteau inévitable à la sortie d'un autoroute.
A conseiller aux lecteurs qui apprécient les fins heureuses, je garderai cependant un bon souvenir du roman, malgré certains choix de son auteur, car il dégage une sorte de poésie géniale.

Antalarion - Thuillies - 33 ans - 22 août 2010


attaché à son époque... 7 étoiles

Je pense qu'il faut remettre la philosophie de ce livre dans le contexte de l'époque où il a été écrit par Mme.George Sand. il est probable que ses pensées mises en écriture dans "la Mare au diable" étaient le reflet de ce qu'elle percevait dans son environnement.
Il est vrai qu'aujourd'hui, en relisant ce livre, il parait un peu désuet dans son style et dans son histoire, mais combien de milliers d'autres livres subissent le même "sort"?? !!!...

Maryette - Cassis - 78 ans - 21 octobre 2008


décevant 1 étoiles

la mare au diable raconte l'histoire de paysans qui se montrent tels qu'ils sont sous leurs vrais aspects.
parfois adorables , parfois détestables les paysans nous racontent leurs histoires.
mais avant tout c'est l'histoire d'une veuve , une histoire d'un amour compliqué. ce livre est nul car le titre ne correspond pas à l'histoire .
je suis déçue.

Monalisaleidi - - 30 ans - 20 octobre 2008


Une histoire simple 8 étoiles

Lu à treize ans, la critique de la société bourgeoise ne m'est pas apparue comme évidente.
C'est tout d'abord le côté romantique, bucolique et naïf qui m'a touchée. La magie de la mare qui va unir pendant une nuit deux êtres qui n'avaient pas prévu de s'aimer, qui 'en n'ont même pas "avantage" (Marie est pauvre, la veuve fait donc un meilleur parti).
J'avais bien repéré à l'époque une dualité, mais plutôt entre l'union basée sur l'amour, qui semble fiable et celle pervertie engendrée par les intérêts. Ah romantisme quand tu nous tiens!
Une courte lecture rafraichissante et tendre.

Opalescente - - 42 ans - 17 mai 2008


La mare et le diable au corps 7 étoiles


Nous sommes dans les années 1830 environ et ce tout petit roman de George Sand (120 pages et quelques) se déroule dans le Berry, aux alentours de Châteauroux. L'histoire est celle de Germain, jeune veuf de 28 ans qui vit chez ses beaux-parents et qui souffre de sa solitude sentimentale.
Le père Maurice, son beau-père, conscient du malheur de Germain va tenter de lui trouver une ancillaire capable aussi de répondre aux besoins de la ferme et sachant s'occuper du fils de Germain.
C'est à Fourches petit village voisin que Germain va se rendre pour rencontrer la femme proposée par le père Maurice. En cours de route Germain va mener sa petite voisine Marie chez son futur patron afin qu'elle puisse entrer en "condition"; cette escapade campagnarde va mener nos deux personnages vers cette petite mare au diable où va résider le tournant des sentiments de Germain.

Je n'avais encore jamais lu ce roman et je n'ai pas été déçu; il est très agréable à lire et se découvre comme un aperçu du mode de vie des gens dans nos campagnes pendant la restauration. Ainsi on y voit des hommes et des femmes vivant comme des bêtes de labour, des journées régulées par la ferme, enfin rien de particulièrement propre au 19ème siècle mais on apprend beaucoup sur les moeurs, les mariages de raison et de dot et enfin sur l'influence des "anciens" sur les jeunes.

Oxymore - Nantes - 52 ans - 26 juin 2006


Histoire à deux niveaux de lectures 8 étoiles

Je fais de ce roman une lecture à deux niveaux :

D'une part, il s'agit d'une courte histoire bucolique et naïve démontrant le triomphe de l'amour entre deux êtres sans nuage à l'horizon débouchant sur une union maritale de bon aloi.

Si l'ouvrage se limitait à cette dimension, il serait pour moi inintéressant.

S'y greffe cependant une dimension critique de la morale bourgeoise de l'époque : la mare au diable, c'est simplement le contexte qui permet à deux êtres de s'aimer, au-delà du carcan social : c'est simplement la liberté d'aimer. George Sand dépeint donc à merveille et très habilement la vertu idéalisée de la vie campagnarde qu'elle oppose en filigrane au vice inhérent à la vie urbaine et bourgeoise.

Au niveau du style, et bien c'est du tout bon. J'ai d'ailleurs apprécié les expressions locales qui ajoutent à la rusticité du récit.

Fa - La Louvière - 49 ans - 13 septembre 2005


Envoutant 9 étoiles

Trompé, Germain l'est. Ensorcelé même. La forêt l'emprisonne. Dieu ou diable, un sortilège le tient. Il ne retrouvera son chemin qu'au lever du jour. Mais la nuit est longue. Le charme puissant. Et Marie, la petite bergère qui l'accompagne, la douce, si belle et jeune Marie, n'est tout à coup plus l'enfant qu'il connaît. Et sous la lune blafarde miroite la mare au diable... Qui les y a conduits? Qui les a envoutés au point que dans les ténèbres, le jeune homme perd ses esprits et la raison de son voyage. Le démon de la forêt? Lucifer lui-même? Où l'âme aimante d'une disparue? Suspens... A lire.

Lolita - Bormes les mimosas - 38 ans - 12 décembre 2001