Les courants de l'espace
de Isaac Asimov, Michel Deutsch (Traduction)

critiqué par Loic3544, le 10 avril 2009
(Liffré (35) - 46 ans)


La note:  étoiles
Un roman actuel
Avec son style fluide et toujours agréable à lire, Asimov nous entraine dans un Univers futuriste qui se révèle très proche de nous. Au travers de l'histoire de Rik et de sa mémoire qui revient, Asimov aborde des thèmes qui sont toujours d'actualité comme le racisme voire carrément dans l'air du temps comme l'exploitation de l'homme par l'homme et le profit placé devant la vie humaine. Ce roman écrit il y a plus de 50 ans résonne donc particulièrement aujourd'hui.

De plus, l'histoire est assez prenante, et même s'il peut se placer dans les œuvres du futur d'Asimov, il peut se lire indépendamment. Si l'amnésie reste un ressort classique pour emporter le lecteur dans une aventure pleine de suspense, Asimov nous révèle rapidement certains éléments supplémentaires, qui éclairent l'histoire et nous donnent envie d'en savoir encore plus et de comprendre le fin mot de l'histoire qui n'est pas facile à deviner.

Le suspense est constant et l'auteur manie parfaitement l'histoire présente et les souvenirs des différents protagonistes qui nous permettent de faire avancer l'intrigue et de comprendre les rapports qui unissent les Floriniens et les Sarkites. Comme souvent chez Asimov, le côté science-fiction n'est pas primordial, encore moins dans ce roman-ci.

Court, bien écrit, donnant envie d'en savoir toujours plus et abordant des thèmes très actuels, il serait dommage de se priver de la lecture de ce très bon roman.
Un excellent "space opera" du grand Asimov 10 étoiles

Ce roman possède effectivement toutes les caractéristiques d'un grand "space opera" :
- il se passe essentiellement sur 2 planètes (Stark et Florina) qui sont fascinantes par leur géographie (surtout Florina) et par leur contexte politique en marge de l'empire galactique trantorien qui, bien que puissant, n'a pas encore investi tout l'univers.
- l'intrigue est passionnante dans le cadre d'une domination coloniale de Stark sur Florina (qui possède le fabuleux kyrt) le tout sous espionnage étroit de Trantor (qui cherche le moyen de contrôler sans guerre Stark et, à travers Stark, Florina et son fabuleux kyrt).

J'ai particulièrement aimé (entre autres) la trouvaille d'Asimov concernant les villes floriniennes : le peuple florinien vit dans des villages ou des villes au ras du sol et est maintenu dans un niveau de vie médiocre et privée de plaisirs intellectuels au prix d'un travail harassant (principalement la culture du kyrt) et les colons Sarkiens vivant dans des villes "en hauteur" (sur des piliers d'aciers) au-dessus des villes indigènes qu'ils privent de soleil, avec des communications réduites et strictement contrôlées entre les deux niveaux (principalement pour faire transiter le kyrt dont le profit revient à Sark). Le tout sous la surveillance (en haut et en bas) des mercenaires "patrouilleurs" (étrangers à Sark et Florina) à la solde des Sarkiens qui maintiennent ainsi un régime de soumission des Floriniens.

Une autre trouvaille intéressante d’Asimov est la façon dont Sark maintient Florina "juste au niveau de la ligne de flottaison" en détectant dès l'enfance les Floriniens ayant des capacités intellectuelles au-dessus de la moyenne pour les envoyer "en éducation" sur Sark afin de les transformer en domestiques serviles sur Sark (après avoir éliminé physiquement les rebelles repérés) ou bien de les renvoyer sur Florina dans les zones indigènes comme Prud'homme (sortes de maires "omnipotents" des villages, qui sont ainsi redevables à Sark de leur sort privilégié et sont ainsi des "représentants" de Sark).

Bien évidemment, on pourrait faire le parallèle entre Sark et l'Europe et entre Florina et l'Afrique à l'époque coloniale. Les Etats-Unis pouvant jouer le rôle de Trantor. Mais ce n'et pas si simple car les critiques d'Asimov sur le racisme et les préjugés peuvent aussi bien concerner les Etats Unis et leur façon de traiter les noirs (ce roman date des années cinquante). Il y a également une critique (non caricaturale) du libéralisme économique effréné.
Tout ceci trouve encore les mêmes résonances à notre époque.

Un roman passionnant dans la grande fresque galactique d'Asimov, qui se situe après l'époque des robots et avant la Fondation. Il fait partie d'un cycle de 3 romans sur l'empire galactique (la montée en puissance de Trantor) avec "Cailloux dans le ciel" et "Poussière d'étoiles".

JEANLEBLEU - Orange - 56 ans - 31 juillet 2014