Un jour avant Pâques de Zoyâ Pirzâd

Un jour avant Pâques de Zoyâ Pirzâd
( Yek rūz māndeh be ʿeyd-e Pāk)

Catégorie(s) : Littérature => Moyen Orient

Critiqué par Tistou, le 29 avril 2009 (Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 14 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (2 937ème position).
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En 3 chapitres

Zoyâ Pirzâd est iranienne. Iranienne mais arménienne. Dans ce court ouvrage, elle évoque la vie d’un homme, Edmond, (elle choisit délibérément d’écrire au masculin) à trois époques de sa vie ; enfant, homme adulte puis presque vieillard. Ces trois chapitres sont très courts mais d’une sensibilité, d’une délicatesse, ravissantes. Très féminin en vérité comme écriture.
Déstabilisant aussi. Iranienne, on imagine qu’elle va nous parler de la réalité islamique dont on nous abreuve concernant l’Iran … Foin de tout cela ; Edmond, son héros, est arménien, comme elle, et coexiste avec d’autres communautés, dont les musulmans bien sûr.
Mais c’est de la communauté arménienne dont il sera question tout au long de l’ouvrage, hormi une amitié d’Edmond enfant avec la fille du concierge, une musulmane. Pas de grands discours, des sentiments ténus, fragiles, décrits au ras du coeur, comme les femmes savent le faire mieux que les hommes. Un Edmond qui, enfant avec sa mère, plus tard avec Marta sa femme, et même Danik son assistante, sera toujours plus à l’aise avec le sexe féminin.
On est très loin des clichés que nous pouvons avoir acquis concernant l’Iran. Ne le lisez pas pour ça, vous seriez déçu. Il y règne plutôt un air vieillot de nostalgie, à la Proust, un peu poussiéreux, comme celui qu’on trouve dans les vieux greniers à trésor. Mais le style est efficace ; phrases courtes et directes, pas Proustien pour un sou !

« Le mot « déshonnête » me trottait dans la tête. Nous étions en visite chez ma grand-mère. « L’honneur d’une femme, dit celle-ci, c’est de se soumettre aux volontés de son père jusqu’à son mariage, et une fois tenue par les liens les plus sacrés du mariage, d’obéir à son mari.C’est pour nous une coutume millénaire. »
Ma mère ironisa : « Et que pensent nos coutumes millénaires de l’honneur des hommes ? »
La voix haut perchée d’Adamian m’était plus insupportable que jamais. « Elle est tombée amoureuse d’un voisin musulman. » Le visage d’Adamian était marqué par un gros bouton d’Alep. « Sans tenir compte des protestations de sa famille, elle leur a annoncé qu’elle avait l’intention d’épouser le garçon. » Ma paupière gauche n’arrêtait pas de cligner. « Sa pauvre mère est tombée malade de honte. Quant à la fille, suite à tout le bruit que ça a fait, elle est venue vivre à Téhéran. » »

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Tolérance et mémoire

7 étoiles

Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans) - 22 septembre 2011

Histoire en trois temps, histoire pour dire que l’Iran n’est pas que ce que les médias en disent aujourd’hui, histoire pour faire vivre cette communauté arménienne qui a fui le génocide comme bien d’autres.

Edmond, enfant sensible que son père trouve trop faible, qui passe le plus clair de son temps avec Tahereh, la fille du concierge musulman que le clan arménien qui a émigré sur les bords de la mer Capsienne en Iran après le génocide de 1915, ne peut tout de même pas chasser après vingt ans de bons et loyaux services.

Edmond, adulte, directeur d’une école à Téhéran, père d’Alenouche qui veut épouser un non arménien au grand dam de la famille.

Edmond veuf qui se repose totalement sur son adjointe, originaire comme sa femme de Tabriz, qui porte un lourd secret qu’il voudrait lui faire avouer mais elle le devance en lui demandant de renouer avec sa fille qui a épousé un non Arménien sans l’avis de sa famille et qu’il rend responsable de la mort de son épouse.

Roman initiatique, roman de la tolérance mais de la tolérance qui s’arrête à la limite de ce qu’on supporte et admet mais qui ne va pas jusqu’au mélange, à la mixité, au gommage des différences culturelles et cultuelles. On se côtoie sans se mélanger réellement. Mais, en contrepoint, roman aussi de la pérennité d’une culture et d’un peuple qui parvient à ne pas se fondre dans la nation qui l’a accueilli. Alors, où doit s’arrêter la cohabitation et où doit commencer la pérennisation culturelle et la préservation de l’identité d’un peuple ?

In fine, un livre fin, une écriture délicate, une grande pudeur mais on sent tout de même bien que la romancière n’a pas encore totalement éclipsé la nouvelliste.

Tranches de vie à la fleur d'oranger

7 étoiles

Critique de Paludo (Maine-et-Loire, Inscrite le 19 juillet 2011, 41 ans) - 11 août 2011

Ce joli petit roman nous emmène avec douceur et poésie dans un monde révolu. Il raconte une histoire, une vie certes mais donne surtout l'ambiance d'une enfance arménienne. Je suis d'accord avec Dirlandaise, j'ai préféré le premier chapitre, très savoureux. Je ne trouve pas que les personnages soient caricaturaux, ils sentent le vécu, celui d'une communauté qui a conservé farouchement ses coutumes pour subsister dans une terre étrangère. La description des divers rituels vaut la peine d'y passer du temps pour s'imprégner d'un monde que l'on n'a pas coutume de voir en littérature.

Trop court

7 étoiles

Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 69 ans) - 8 août 2011

Un petit garçon d'origine arménienne raconte son enfance dans une petite ville d'Iran. Bon, tout a été dit sur ce livre donc je serai brève. Le livre est divisé en trois chapitres. J'ai trouvé le premier absolument génial contrairement aux deux autres qui m'ont légèrement ennuyée. Je trouve dommage que Zoyâ Pirzâd passe du petit garçon à l'adulte si vite. J'aurais aimé qu'elle poursuive son récit plus longuement à travers le regard de l'enfant et non de l'adulte. Enfin, il n'en est pas ainsi et je le regrette beaucoup. Les deux derniers chapitres sont assez plats, il ne se passe pas grand chose. Ce sont essentiellement des descriptions des relations entre les différents membres de la famille d'Edmond. J'ai apprécié le glossaire avec tous ces noms de plats arméniens alléchants et les fêtes religieuses ainsi que les coutumes. C'est fascinant d'apprendre toutes ces façons de vivre différentes et si pittoresques.

Un beau livre sur l'importance des traditions familiales. Un peu court cependant. J'aurais aimé connaître plus intimement les différents personnages et leur drame personnel surtout la mère d'Edmond qui m'a semblé fort différente et plus intéressante que les autres femmes de la famille. Dommage...

Découverte

8 étoiles

Critique de Koudoux (SART, Inscrite le 3 septembre 2009, 60 ans) - 5 juillet 2011

Agréable histoire sur la vie des Arméniens en Iran.
Bonne idée de partager le récit en trois chapitres correspondants à trois périodes de la vie d'Edmond.
Cela a été pour moi une découverte d'une culture qui m'était inconnue.
La description est bien faite, on a l'impression de voir des images défiler avec un parfum de fleur d'oranger...
Un livre à déguster!

Fraicheur et nostalgie

6 étoiles

Critique de Isad (, Inscrite le 3 avril 2011, - ans) - 18 juin 2011

Il s’agit de 3 tranches de vie d’un homme, englué dans des convenances sociales et religieuses propres à son temps et à sa communauté arménienne d’appartenance en Iran. De petits flashs anecdotiques campent bien une atmosphère où tout le monde se connait et où il n’est pas possible de garder des choses secrètes.
C'est un petit livre à l'écriture simple qui se lit rapidement.

Edmond, enfant, a une nature qui le pousse à s’écarter parfois des règles, par insouciance, prenant exemple sur sa mère qui prend des libertés avec les coutumes. Cependant, en vieillissant, il ne s’en éloigne jamais beaucoup. Son comportement reste assez statique, même s’il éprouve des regrets à agir comme il le fait. Sa fille ose passer outre et se marie à un musulman qu’elle aime. 4 ans plus tard et après la mort de sa femme, lors du dîner de Pâques, il écoute une amie, jadis stigmatisée pour avoir envisagé d’aimer quelqu’un d’une autre confession et qui, pour cela, a dû partir vivre seule à Téhéran. Il utilise l’encre verte, cadeau original de sa mère pour marquer sa différence avec les autres, afin d'écrire à sa fille dans le but de se rapprocher d’elle.

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Quelle sobriété

8 étoiles

Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 13 mai 2011

Un récit tout en douceur, tout en tendresse, tout en cruauté aussi. Cruauté de la vie lorsqu'on est môme et qu'on ne comprend pas pourquoi la fille du concierge n'aurait pas le droit de vivre comme les autres enfants de l'école. Difficultés à maîtriser les affaires des grands, à savoir ce qui peut être dit ou non, à connaître les gestes à ne pas commettre.
Puis les années passent, mais ce n'est pas pour autant que la vie devient plus douce, même si elle peut se montrer excessivement belle. Aux soucis de l'enfance succèdent ceux de l'adolescence, ces micro-drames vécus comme des tragédies, auxquels s'ajoutent les relations délicates entre famille, politique, idéaux et déceptions.
L'âge adulte confirme tout cela. Simplement offre-t-il un recul, une résignation, de la sagesse, autant d'ingrédients indispensables pour appréhender ce monde qui tourne, un peu fou, autour de nous..
L'auteur évoque toutes ces choses avec beaucoup de pudeur, tout en sobriété et ça rend certaines injustices encore plus fortes. Des destinées prennent vie sous nos yeux, tellement familières qu'il en faut peu pour vivre cette histoire à la place du principal protagoniste.
Zoyâ Pirzâd manie la plume avec beaucoup de finesse, dosant subtilement les émotions, évitant l'écueil du pathos tout en chatouillant là où il le faut. A l'image de cette Arménie oubliée. Une bien agréable lecture !

Douceur avant Pâques

8 étoiles

Critique de Olinot (Proche de Paris, Inscrit le 5 janvier 2010, 56 ans) - 16 avril 2011

Un livre qui se lit rapidement mais auquel on prend plaisir.

L'auteure nous conte l'histoire en trois étapes d'Edmond, Arménien chrétien, vivant en Iran.
Aucune description du pays et d'un contexte politique quelconque, juste trois tranches de sa vie : enfance, adulte et âge avancé.

Le temps sent bon la fleur d'oranger et sa douceur. Edmond est un personnage doux, consensuel et sans haine.

On apprend peu de choses de la culture perse hormis l'art culinaire de Pâques pour des chrétiens fervents.
On aperçois les rapports entre chrétiens et musulmans, et l'auteure nous montre les travers de chacun et la même égalité dans la violence verbale.
Edmond dans ces passages est un ange qui passe...

Ce livre vous fait passer un bon moment.

Tout en douceur et en finesse... un vrai plaisir de lecture !

8 étoiles

Critique de Mandarine (, Inscrite le 2 juillet 2010, 52 ans) - 10 avril 2011

Ce livre est une vraie découverte : merci la sélection CL ! Cependant, je ne pense pas que sans y être "obligée", j'aurais pris ce livre sur une étagère de bibliothèque ou de librairie. Et pourtant ... Ce livre est un condensé de bonheur, de poésie, de ces "petites choses" qui font de ce livre un vrai petit bijou.
Nous voyagons au cours du temps avec le narrateur (avant _ après) et cela reste limpide. Ce livre se lit facilement et on est déçu d'arriver au bout si vite ...
A découvrir !!

Agréable...

8 étoiles

Critique de Shan_Ze (Lyon, Inscrite le 23 juillet 2004, 41 ans) - 4 février 2011

Un jour avant Paques, un triptyque qui montre la vie des iraniens (d'origine arménienne), les dissensions entre communautés chrétiennes et musulmanes, les différences entre hommes et femmes... Un tableau de vie tout en douceur et agréable à lire (même s'il m'a fallu un moment pour mettre les personnages en place).

Tout en finesse

6 étoiles

Critique de Nance (, Inscrite le 4 octobre 2007, - ans) - 3 février 2011

À la même période (les alentours de Pâques), mais à trois étapes de vie différentes (l’enfance, l’âge adulte et la vieillesse), on suit le narrateur, un iranien chrétien aux racines arméniennes.

C’est un livre que j’ai aimé, ça nous fait découvrir une autre culture (bien que je n’ai pas compris toutes les références évoquées), on ne cherche pas à dramatiser ou à embellir les situations, ça a ton très franc, mais d’un autre côté, je ne peux pas dire que ça m’a vraiment touché au plan des émotions. Aussi, je dois dire que je préfère des notes en bas de pages à un glossaire (qu’on retrouve ici à la fin de l’ouvrage), je ne suis pas fans des aller-retours, un moment donné j’ai juste laissé tomber pour ne pas me déconcentrer du texte. Reste, un bon moment de lecture.

A la rencontre des Arméniens d'Iran

8 étoiles

Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 16 janvier 2011

Ce très court roman nous amène dans l'intimité d'une famille Arménienne en Iran. Ces communautés Arméniennes en Iran sont des chrétiens martyrisés par les Turcs et qui ont fui le pays après le génocide. Comme c'est toujours le cas avec les minorités opprimées, ils entretiennent des liens très forts avec leur tradition, leur langue et leur religion. C'est pourquoi les fêtes religieuses tiennent une place importante, les liens familiaux et la nourriture aussi.

Le roman comporte trois petites parties, chaque fois une tranche de vie du narrateur : d'abords un petit garçon dans un village sur la côte, ensuite le même garçon devenu adulte, qui a emménagé à Téhéran, et finalement ce même homme en fin de vie. Le roman se termine de manière très émouvante et vous tirera quelques larmes peut-être.

Il ne se passe pas grand chose dans ce livre, juste un tableau à petites touches de la communauté Arménienne, un tableau plein de sensibilité et de finesse. Comme le dit Tistou, l'écriture est très féminine, d'ailleurs j'étais persuadé que le narrateur était une petite fille au début. J'ai énormément apprécié de découvrir cet univers et ce peuple que je ne connaissais pas du tout. On reste un peu sur sa faim, c'est vrai, car le roman est vraiment très court.

Découvrons le peuple Arménien

7 étoiles

Critique de Elya (Savoie, Inscrite le 22 février 2009, 34 ans) - 25 décembre 2010

Qui n'a pas déjà admiré et complimenté le chant d'un enfant de 5 ans, malgré son oubli des paroles et sa voix peu mélodique, parce qu'il a l'excuse de l'âge. C'est un peu ce que je ressens à l'idée de critiquer ce livre : peu d'écrivains iraniens sont publiés en France, rare sont les livres relatant les conflits entre Arméniens orthodoxes et iraniens musulmans. Alors, j'ai envie d'être indulgente.
Peut-être suffirait-il de remplacer le nom de cet écrivain, Zoyâ Pirzâd, par un pseudonyme moins exotique, et de situer l'action en France, entre musulmans et chrétiens, pour que cette lecture paraisse bien fade, ordinaire tout au moins.

Le récit s'articule en 3 chapitres. Le premier est clairement construit et nous raconte le quotidien d'un enfant d'une dizaine d'années, Edmond, vivant à Téhéran mais d'origine Arménienne. Les personnages sont relativement caricaturaux : les hommes, machos, lâches, violents, égoïstes, racistes, les femmes, soumises, généreuses, aimantes ou bien aigries et xénophobes. Edmond n'échappe pas à cette conception manichéenne : peureux mais respectueux, tolérant, relativement brillant scolairement.
Les deux chapitres suivant sont construits d'une façon tout à fait différente mais toutefois intéressante, même si j'ai été un peu perdue dans les premières pages. En effet, on fait un bond de plusieurs décennies dans l'histoire, mais l'écrivain revient tout de même dans le passé par moment. De nouveaux personnages apparaissent ; il est parfois assez difficile de savoir qui il sont vraiment, quel lien ils ont avec les autres protagonistes.
Cette construction assez disparate aurait gagné je pense a être un peu plus harmonisée.

Il nous est bien sûr exposé en toile de fond les relations difficiles entre musulmans et chrétiens, et le désir d'indépendance des Arméniens à l'époque où ils ne l'avaient pas encore acquise; à croire que pour être traduits les écrivains persans se doivent d'aborder les thèmes cruciaux de leur pays.

Tout de même une agréable petite histoire, très simple dans la forme comme dans le fond, dans le sens positif du terme.

Microcosme

7 étoiles

Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 23 décembre 2010

Un roman tout en pudeur et tout en douceur essentiellement fait de petits moments du quotidien. Il y’a très peu d’écrivains perses traduits et pour cette raison j’aurais aimé que ce récit soit plus long, aille plus loin dans la vie des personnages de cette famille. Toutefois, ceci aurait sûrement dénaturé la poésie particulière de l’écriture…
Une jolie lecture qui m’a laissé tout de même sur ma faim.

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