Un jour avant Pâques de Zoyâ Pirzâd
( Yek rūz māndeh be ʿeyd-e Pāk)
Catégorie(s) : Littérature => Moyen Orient
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En 3 chapitres
Zoyâ Pirzâd est iranienne. Iranienne mais arménienne. Dans ce court ouvrage, elle évoque la vie d’un homme, Edmond, (elle choisit délibérément d’écrire au masculin) à trois époques de sa vie ; enfant, homme adulte puis presque vieillard. Ces trois chapitres sont très courts mais d’une sensibilité, d’une délicatesse, ravissantes. Très féminin en vérité comme écriture.
Déstabilisant aussi. Iranienne, on imagine qu’elle va nous parler de la réalité islamique dont on nous abreuve concernant l’Iran … Foin de tout cela ; Edmond, son héros, est arménien, comme elle, et coexiste avec d’autres communautés, dont les musulmans bien sûr.
Mais c’est de la communauté arménienne dont il sera question tout au long de l’ouvrage, hormi une amitié d’Edmond enfant avec la fille du concierge, une musulmane. Pas de grands discours, des sentiments ténus, fragiles, décrits au ras du coeur, comme les femmes savent le faire mieux que les hommes. Un Edmond qui, enfant avec sa mère, plus tard avec Marta sa femme, et même Danik son assistante, sera toujours plus à l’aise avec le sexe féminin.
On est très loin des clichés que nous pouvons avoir acquis concernant l’Iran. Ne le lisez pas pour ça, vous seriez déçu. Il y règne plutôt un air vieillot de nostalgie, à la Proust, un peu poussiéreux, comme celui qu’on trouve dans les vieux greniers à trésor. Mais le style est efficace ; phrases courtes et directes, pas Proustien pour un sou !
« Le mot « déshonnête » me trottait dans la tête. Nous étions en visite chez ma grand-mère. « L’honneur d’une femme, dit celle-ci, c’est de se soumettre aux volontés de son père jusqu’à son mariage, et une fois tenue par les liens les plus sacrés du mariage, d’obéir à son mari.C’est pour nous une coutume millénaire. »
Ma mère ironisa : « Et que pensent nos coutumes millénaires de l’honneur des hommes ? »
La voix haut perchée d’Adamian m’était plus insupportable que jamais. « Elle est tombée amoureuse d’un voisin musulman. » Le visage d’Adamian était marqué par un gros bouton d’Alep. « Sans tenir compte des protestations de sa famille, elle leur a annoncé qu’elle avait l’intention d’épouser le garçon. » Ma paupière gauche n’arrêtait pas de cligner. « Sa pauvre mère est tombée malade de honte. Quant à la fille, suite à tout le bruit que ça a fait, elle est venue vivre à Téhéran. » »
Les éditions
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Un jour avant Pâques [Texte imprimé], roman Zoyâ Pirzâd traduit du persan (Iran) par Christophe Balaÿ
de Pirzâd, Zoyâ Balaÿ, Christophe (Traducteur)
Zulma
ISBN : 9782843044601 ; 16,80 € ; 21/08/2008 ; 136 p. ; Broché -
Un jour avant Pâques [Texte imprimé], roman Zoyâ Pirzâd traduit du persan (Iran) par Christophe Balaÿ
de Pirzâd, Zoyâ Balaÿ, Christophe (Traducteur)
le Livre de poche / Le Livre de poche
ISBN : 9782253156642 ; 6,10 € ; 12/05/2010 ; 147 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (13)
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Tolérance et mémoire
Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans) - 22 septembre 2011
Edmond, enfant sensible que son père trouve trop faible, qui passe le plus clair de son temps avec Tahereh, la fille du concierge musulman que le clan arménien qui a émigré sur les bords de la mer Capsienne en Iran après le génocide de 1915, ne peut tout de même pas chasser après vingt ans de bons et loyaux services.
Edmond, adulte, directeur d’une école à Téhéran, père d’Alenouche qui veut épouser un non arménien au grand dam de la famille.
Edmond veuf qui se repose totalement sur son adjointe, originaire comme sa femme de Tabriz, qui porte un lourd secret qu’il voudrait lui faire avouer mais elle le devance en lui demandant de renouer avec sa fille qui a épousé un non Arménien sans l’avis de sa famille et qu’il rend responsable de la mort de son épouse.
Roman initiatique, roman de la tolérance mais de la tolérance qui s’arrête à la limite de ce qu’on supporte et admet mais qui ne va pas jusqu’au mélange, à la mixité, au gommage des différences culturelles et cultuelles. On se côtoie sans se mélanger réellement. Mais, en contrepoint, roman aussi de la pérennité d’une culture et d’un peuple qui parvient à ne pas se fondre dans la nation qui l’a accueilli. Alors, où doit s’arrêter la cohabitation et où doit commencer la pérennisation culturelle et la préservation de l’identité d’un peuple ?
In fine, un livre fin, une écriture délicate, une grande pudeur mais on sent tout de même bien que la romancière n’a pas encore totalement éclipsé la nouvelliste.
Tranches de vie à la fleur d'oranger
Critique de Paludo (Maine-et-Loire, Inscrite le 19 juillet 2011, 41 ans) - 11 août 2011
Trop court
Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 69 ans) - 8 août 2011
Un beau livre sur l'importance des traditions familiales. Un peu court cependant. J'aurais aimé connaître plus intimement les différents personnages et leur drame personnel surtout la mère d'Edmond qui m'a semblé fort différente et plus intéressante que les autres femmes de la famille. Dommage...
Découverte
Critique de Koudoux (SART, Inscrite le 3 septembre 2009, 60 ans) - 5 juillet 2011
Bonne idée de partager le récit en trois chapitres correspondants à trois périodes de la vie d'Edmond.
Cela a été pour moi une découverte d'une culture qui m'était inconnue.
La description est bien faite, on a l'impression de voir des images défiler avec un parfum de fleur d'oranger...
Un livre à déguster!
Fraicheur et nostalgie
Critique de Isad (, Inscrite le 3 avril 2011, - ans) - 18 juin 2011
C'est un petit livre à l'écriture simple qui se lit rapidement.
Edmond, enfant, a une nature qui le pousse à s’écarter parfois des règles, par insouciance, prenant exemple sur sa mère qui prend des libertés avec les coutumes. Cependant, en vieillissant, il ne s’en éloigne jamais beaucoup. Son comportement reste assez statique, même s’il éprouve des regrets à agir comme il le fait. Sa fille ose passer outre et se marie à un musulman qu’elle aime. 4 ans plus tard et après la mort de sa femme, lors du dîner de Pâques, il écoute une amie, jadis stigmatisée pour avoir envisagé d’aimer quelqu’un d’une autre confession et qui, pour cela, a dû partir vivre seule à Téhéran. Il utilise l’encre verte, cadeau original de sa mère pour marquer sa différence avec les autres, afin d'écrire à sa fille dans le but de se rapprocher d’elle.
IF-0611-3740
Quelle sobriété
Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 13 mai 2011
Puis les années passent, mais ce n'est pas pour autant que la vie devient plus douce, même si elle peut se montrer excessivement belle. Aux soucis de l'enfance succèdent ceux de l'adolescence, ces micro-drames vécus comme des tragédies, auxquels s'ajoutent les relations délicates entre famille, politique, idéaux et déceptions.
L'âge adulte confirme tout cela. Simplement offre-t-il un recul, une résignation, de la sagesse, autant d'ingrédients indispensables pour appréhender ce monde qui tourne, un peu fou, autour de nous..
L'auteur évoque toutes ces choses avec beaucoup de pudeur, tout en sobriété et ça rend certaines injustices encore plus fortes. Des destinées prennent vie sous nos yeux, tellement familières qu'il en faut peu pour vivre cette histoire à la place du principal protagoniste.
Zoyâ Pirzâd manie la plume avec beaucoup de finesse, dosant subtilement les émotions, évitant l'écueil du pathos tout en chatouillant là où il le faut. A l'image de cette Arménie oubliée. Une bien agréable lecture !
Douceur avant Pâques
Critique de Olinot (Proche de Paris, Inscrit le 5 janvier 2010, 56 ans) - 16 avril 2011
L'auteure nous conte l'histoire en trois étapes d'Edmond, Arménien chrétien, vivant en Iran.
Aucune description du pays et d'un contexte politique quelconque, juste trois tranches de sa vie : enfance, adulte et âge avancé.
Le temps sent bon la fleur d'oranger et sa douceur. Edmond est un personnage doux, consensuel et sans haine.
On apprend peu de choses de la culture perse hormis l'art culinaire de Pâques pour des chrétiens fervents.
On aperçois les rapports entre chrétiens et musulmans, et l'auteure nous montre les travers de chacun et la même égalité dans la violence verbale.
Edmond dans ces passages est un ange qui passe...
Ce livre vous fait passer un bon moment.
Tout en douceur et en finesse... un vrai plaisir de lecture !
Critique de Mandarine (, Inscrite le 2 juillet 2010, 52 ans) - 10 avril 2011
Nous voyagons au cours du temps avec le narrateur (avant _ après) et cela reste limpide. Ce livre se lit facilement et on est déçu d'arriver au bout si vite ...
A découvrir !!
Agréable...
Critique de Shan_Ze (Lyon, Inscrite le 23 juillet 2004, 41 ans) - 4 février 2011
Tout en finesse
Critique de Nance (, Inscrite le 4 octobre 2007, - ans) - 3 février 2011
C’est un livre que j’ai aimé, ça nous fait découvrir une autre culture (bien que je n’ai pas compris toutes les références évoquées), on ne cherche pas à dramatiser ou à embellir les situations, ça a ton très franc, mais d’un autre côté, je ne peux pas dire que ça m’a vraiment touché au plan des émotions. Aussi, je dois dire que je préfère des notes en bas de pages à un glossaire (qu’on retrouve ici à la fin de l’ouvrage), je ne suis pas fans des aller-retours, un moment donné j’ai juste laissé tomber pour ne pas me déconcentrer du texte. Reste, un bon moment de lecture.
A la rencontre des Arméniens d'Iran
Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 16 janvier 2011
Le roman comporte trois petites parties, chaque fois une tranche de vie du narrateur : d'abords un petit garçon dans un village sur la côte, ensuite le même garçon devenu adulte, qui a emménagé à Téhéran, et finalement ce même homme en fin de vie. Le roman se termine de manière très émouvante et vous tirera quelques larmes peut-être.
Il ne se passe pas grand chose dans ce livre, juste un tableau à petites touches de la communauté Arménienne, un tableau plein de sensibilité et de finesse. Comme le dit Tistou, l'écriture est très féminine, d'ailleurs j'étais persuadé que le narrateur était une petite fille au début. J'ai énormément apprécié de découvrir cet univers et ce peuple que je ne connaissais pas du tout. On reste un peu sur sa faim, c'est vrai, car le roman est vraiment très court.
Découvrons le peuple Arménien
Critique de Elya (Savoie, Inscrite le 22 février 2009, 34 ans) - 25 décembre 2010
Peut-être suffirait-il de remplacer le nom de cet écrivain, Zoyâ Pirzâd, par un pseudonyme moins exotique, et de situer l'action en France, entre musulmans et chrétiens, pour que cette lecture paraisse bien fade, ordinaire tout au moins.
Le récit s'articule en 3 chapitres. Le premier est clairement construit et nous raconte le quotidien d'un enfant d'une dizaine d'années, Edmond, vivant à Téhéran mais d'origine Arménienne. Les personnages sont relativement caricaturaux : les hommes, machos, lâches, violents, égoïstes, racistes, les femmes, soumises, généreuses, aimantes ou bien aigries et xénophobes. Edmond n'échappe pas à cette conception manichéenne : peureux mais respectueux, tolérant, relativement brillant scolairement.
Les deux chapitres suivant sont construits d'une façon tout à fait différente mais toutefois intéressante, même si j'ai été un peu perdue dans les premières pages. En effet, on fait un bond de plusieurs décennies dans l'histoire, mais l'écrivain revient tout de même dans le passé par moment. De nouveaux personnages apparaissent ; il est parfois assez difficile de savoir qui il sont vraiment, quel lien ils ont avec les autres protagonistes.
Cette construction assez disparate aurait gagné je pense a être un peu plus harmonisée.
Il nous est bien sûr exposé en toile de fond les relations difficiles entre musulmans et chrétiens, et le désir d'indépendance des Arméniens à l'époque où ils ne l'avaient pas encore acquise; à croire que pour être traduits les écrivains persans se doivent d'aborder les thèmes cruciaux de leur pays.
Tout de même une agréable petite histoire, très simple dans la forme comme dans le fond, dans le sens positif du terme.
Microcosme
Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 23 décembre 2010
Une jolie lecture qui m’a laissé tout de même sur ma faim.
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