Nietzsche à Nice
de Patrick Mauriès

critiqué par Sahkti, le 30 avril 2009
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Quand un destin bouscule
Nietzsche a-t-il marqué Nice ? Sans doute non, mais l'inverse est vrai. Le philosophe y a séjourné à plusieurs reprises, s'y livrant à de multiples réflexions au soleil d'un climat bénéfique. Quoique, diront certains à propos du climat, car lorsqu'il quitte Nice pour la dernière fois en 1888, Nietzsche s'enfoncera quelques mois plus tard dans sa douce folie. De quoi effectuer le rapprochement avec Jean-Marie Guyau, jeune philosophe rencontré sur place dans lequel Nietzsche a l'impression de voir un double et dont les thèmes lui sont proches. Un homme qui mourra peu de temps après ces croisements, une disparition qui marquera fortement le philosophe.

Patrick Mauriès explore avec sobriété cette rupture d'un lien amical et respectueux très fort avec les conséquences qu'un tel bouleversement peut provoquer chez un homme fragilisé.
On sait à quel point Nietzsche admirait l'oeuvre de Guyau et ce départ a sérieusement ébranlé ses repères. faisant ressortir une humanité qu'on lui a souvent niée. Hommage, en quelque sorte, rendu par Patrick Mauriès mais aussi beau portrait d'un homme traversé de part en part par cette déchirure. L'écriture de Mauriès s'exprime avec finesse et élégance. Sans oublier Nice, cette ville qui a réchauffé le coeur de Nietzsche, omniprésente dans ces pages de qualité.