Les premières sépultures : Les origines de la culture
de Bruno Maureille

critiqué par Bolcho, le 17 mai 2009
(Bruxelles - 76 ans)


La note:  étoiles
Funérailles !
Premier livre d’un coffret sur les origines de la culture qui comprend aussi « Les débuts de l’élevage », « Les premiers outils », « Les origines du langage », « Les origines de l’art », « La révolution néolithique » et « Les origines de la culture ».

Petit format et gros caractères : le texte est bref et dense. On est quelque part entre le livre scolaire de haut niveau et la synthèse pour grand public. Pas de blabla. Du concret.
Le risque, c’est d’en faire trop pour le commun des mortels qui ne tient pas à se spécialiser sur la question des origines, et de n’en faire pas assez pour les passionnés de la chose.
Mais c’est pratique : on glisse un exemplaire dans la poche et on est prêt pour les files d’attentes au supermarché…

C’est donc là qu’on va découvrir la définition d’un rite funéraire (il faut prouver la répétitivité d’une pratique), la distinction entre sépulture primaire (premier lieu où est mis un corps) et sépulture secondaire, celle entre pratiques funéraires et gestes mortuaires (par exemple, se débarrasser d’un corps, tout simplement).
On s’interrogera avec l’auteur sur la relation qu’il y aurait entre l’existence d’une sépulture et celle d’ « activités symboliques complexes » (manière de dire, si j’ai bien compris, qu’on n’enterrait dignement ses morts que si l’on croyait en un/des dieu(x) : drôle d’idée). Et pourtant, une des réflexions du livre nous inciterait à une infinie prudence en matière d’interprétation des traces. C’est à propos des néanderthaliens et d’une de leurs pratiques consistant à mettre en terre des corps dans une position « désordonnée », comme jetés au hasard dans la fosse : « (…) n’oublions pas que nos propres références culturelles (…) accentuent sans doute notre sensation d’étrangeté face à ces dépôts (…) ». En effet, ce qui est « jeté » pour nous aujourd’hui, ne l’était pas forcément pour ceux qui vivaient il y a 40 000 ans.
On trouve aussi des commentaires détaillés sur les hiérarchies. Un corps recouvert de perles taillées (nécessitant des centaines d’heures de travail) est-il le témoin de hiérarchies sociales (puisque les autres corps ne sont pas accompagnés de tant de « richesses »). Je continue à trouver que c’est difficile à dire : d’une part, ce qui est perçu comme richesse aujourd’hui ne l’était pas forcément alors, et d’autre part, les motivations d’une attention plus grande à tel corps pouvaient n’avoir aucun rapport avec ce que nous nommons hiérarchie aujourd’hui.
Je terminerai – pour lancer avec perversité un débat – avec cette dernière idée du livre : « l’hypothèse que ces rituels se fondaient alors sur une croyance en l’au-delà ne relève pas des sciences archéologiques ».