Une enquête de Mary Lester, tome 32 : Sans verser de larmes
de Jean Failler

critiqué par Shelton, le 17 mai 2009
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Quand il faut y retourner...
Je vous ai toujours dit que l’on pouvait lire les enquêtes de Mary Lester dans l’ordre où les livres vous tombaient dans les mains. En effet, chaque enquête est indépendante des autres. Dans le cas présent, la règle reste valable mais, pour aider le lecteur quant à la perception de certains personnages, il est, pour une fois, conseillé de lire « Te souviens-tu de Souliko’o ? » avant de se lancer dans ce roman « Sans verser de larmes ».
Il faut dire que nous allons reprendre le chemin du village de Trébeurnou… Mary Lester y a une amie d’enfance, une infirmière, Monette Charron. Pourquoi retourner dans ce village qui est porteur de souvenirs peu agréables ?
« Un mort ! »
« Quelqu’un que je connais ? »
« Sans doute, vous connaissez tout le monde là-bas, non ? »
Oui, c’est vrai que comme Mary Lester mène ses enquêtes par l’immersion, le contact humain, le dialogue, après chaque enquête elle connaît tout le monde, ou, plus exactement, Jean Failler profite des enquêtes de Mary Lester pour faire revivre des villages entiers et transformer ses polars en « Tragédie humaine de la Bretagne contemporaine »… Enfin, c’est un peu exagéré, mais ce n’est pas loin de la vérité…
Mary Lester reprend donc le chemin de Trébeurnou où un homme vient d’être assassiné, enfin on peut dire massacré, par un de ses voisins. Il y a comme un flagrant délit, un mobile, un coup de folie, une arme et un témoin… Il y en aurait presque trop et, en tous cas, aucune raison pour dépêcher Mary Lester, officier de police de Quimper, sur le territoire de la gendarmerie nationale !
Pour le major Langlois qui est en train de prendre ses consignes car il va remplacer l’Adjudant-chef Lucas, heureux bénéficiaire d’une promotion après la dernière enquête menée en compagnie de Mary Lester, cette dernière n’est qu’une vulgaire emm… qui complique tout et qui devrait être remise à sa place le plus rapidement possible…
Mais, voilà, on n’empêche pas Mary de se mettre à la recherche des coupables quand elle commence une enquête… Tout était trop beau et elle va trouver des indices discordants avec la thèse officielle… Qui pouvait bien avoir intérêt à assassiner le pauvre Florent, ancien maire ? Ou, plus subtil, qui pouvait tirer un intérêt de la condamnation lourde de Martin pour un crime qu’il n’aurait pas commis ? Quel rôle joue le nouveau riche possesseur de si belles armes à feu ? Pourquoi la pédophilie d’un des habitants du village était-elle si bien cachée ? Et, de très nombreuses questions et interrogations remontent à la surface et ce village, qui avait déjà connu bien des troubles, continue de souffrir…
Heureusement pour Mary, l’adjudant-chef Lucas n’est pas encore parti et il est toujours prêt à aider Mary tout en ne la comprenant pas toujours…
Un très bon roman que l’on a du mal à arrêter en cours de lecture ce qui cause quelques complications au sein des vies de couple ou de famille… sans oublier les heures de sommeil !
Un très bon épisode de la série 8 étoiles

On retrouve tout ce qui a su plaire aux lecteurs fidèles... et tout ce qui déplaît aux réfractaires.
L'originalité de cet opus se trouve dans le fait que Mary est renvoyée sur le théâtre de son enquête précédente mais pour une toute autre affaire. Le lecteur retrouve donc les lieux et des protagonistes apparus de façon secondaire lors de l'enquête "Te souviens-tu de Souliko'o". Elle est arrivée sur cette nouvelle enquête suite à la demande expresse du nouveau maire qui n'est autre que l'ancien gendarme à la retraite que Mary a débarrassé de son voisin qui était à la source de tous les désordres dans la commune.

Aucune surprise sur la personnalité de Mary, toujours aussi perspicace et parfois téméraire, aussi dure à l'égard des meurtriers mais ouverte envers ceux faisant preuve de respect, de sociabilité, de bonne volonté.
Les gendarmes ont toujours le rôle de faire-valoir, comme dans un duo comique mais ce n'est pas ici l'objectif. Ils servent essentiellement à permettre à Mary d'expliquer son raisonnement. Ces braves gendarmes apparaissant comme des benêts. Cet aspect des choses pourrait être un reproche fait à l'auteur et il serait peut-être intéressant qu'il s'oriente davantage vers une collaboration constructive plutôt que sur cette opposition.

L'enquête est plutôt bien ficelée et offre plusieurs rebondissements. Quelques scènes humoristiques agrémentent le tout.
L'écriture est soignée et offre des passages intéressants. A mes yeux une bonne écriture est une écriture qui se fait oublier, ne servant que de support à l'histoire, pour la mettre en valeur et c'est totalement réussi dans ce volume.
Un volume que j'ai lu avec grand plaisir.

Certains pourraient reprocher un côté un peu caricatural de certains personnages. Pour ma part cela me fait plutôt penser à une bande dessinée où cet esprit caricatural est assez utilisé. On est très loin de l'esprit de nombres de nouveaux polars où la noirceur peut parfois être envahissante.

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"Trouant cette parure princière, çà et là, la terre montrait ses crocs acérés, comme si les bises de galerne avaient découvert la mâchoire de quelque géant gisant là depuis la nuit des temps."

"Des centaines de goélands argentés se dandinaient patauds et solennels sur leurs palmes jaunes, en une mystérieuse procession dont les humains ne pouvaient deviner le sens."

Mimi62 - Plaisance-du-Touch (31) - 71 ans - 28 février 2021