Backstage de Jean-Éric Perrin, Pierre Terrasson

Catégorie(s) : Arts, loisir, vie pratique => Photographie , Arts, loisir, vie pratique => Musique

Critiqué par Numanuma, le 17 mai 2009 (Tours, Inscrit le 21 mars 2005, 51 ans)
La note : 6 étoiles
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Intemporel et classieux

Il vous faut ce bouquin, vous qui me lisez et s’il vous faut une bonne raison pour cela, la voici : allez à la page 186 et appréciez ce moment d’histoire.
Un chanteur mort, Michael Hutchence, tenant un appareil aujourd’hui disparu, un lecteur K7, si, si ça a existé, sur une moto Citroën !! Détail ultime, le lecteur K7 de marque Sharp est du même rouge que la moto, si c’est pas un exemple parfait de la classe, hum, des années 80, je ne sais pas ce que c’est…
Je crois que je ne connaissais pas Pierre Terrasson, le photographe à qui l’on doit l’ensemble des clichés regroupés ici et pour être totalement honnête, en ce qui me concerne, le meilleur c’est Claude Gassian.
Néanmoins, l’œuvre de Terrasson est intéressante en ce sens qu’elle ne magnifie pas ses sujets, contrairement aux photos de Claude Gassian. Ici, les choix de la photo couleur donne un rendu typique des 80’s ; toute personne qui a traversé cette décennie merdique aura l’impression de revenir en arrière en regardant ces portraits de Robert Smith, Gainsbourg, Motorhead et autres représentants de l’époque plus ou moins glorieux.
On peut aborder cet album de diverses manières je suppose et l’une d’elle est essentiellement vestimentaire. Au-delà de l’aspect musical du truc, on parle de photos de groupes de rock là, le livre est un merveilleux best of de ce qui s’est fait de pire en fringue !
Rares sont ceux qui s’en sortent bien question look et ce sont toujours ceux qui pratiquent une musique qui vise à un certain classicisme, si ce mot peut s’adapter au rock. On parle de Brian Ferry, de Sting, de Robert Palmer… Pas vraiment dans mes goûts musicaux mais ils ont réussi à passer les époques.
A l’inverse, les artistes un peu trop mode prennent vraiment chers !! En 3°, le groupe Saxon, des britons chevelus pratiquant un hard rock pas dégueu mais au look tellement gay friendly qu’on dirait Franky Goes to Hollywood, autre gloire de l’époque. En 2° position, Jaaaaaaaaaaaaaaames Brown !! Le plus grand hurleur de funk de l’univers connu était capable d’un mauvais goût tellement hallucinant que cela en devenait presque douloureux. D’ailleurs, regarder trop longtemps cet ignoble costume à veston à pois blancs qu’il arbore accompagné de lunettes de soleil orange, d’une chemise à large bandes rouges et noir avec, détail qui tue, une liasse de dollars qui dépasse de la poche, est proprement insoutenable. Les pois blancs forment un motif impressionniste qui fait mal aux yeux !
Et enfin, number one de la loose vestimentaire (et musicale aussi), big boss du mauvais goût et de la ringardise en pleine jeunesse : Bon Jovi !!! Pour bien apprécier le sex symbol eighties, rendez-vous page 192 du livre avec des lunettes de soleil. Il y a là tout ce qui caractérise l’outrance musicale et vestimentaire de la décennie : les poils apparents pour faire macho quand on est chanteur pour minettes, choucroute sur la tête, sourire de benêt, fausse peau de serpent en guise de ceinture, pantalon mauve en peau, foulard sur la tête et au poignet, bijoux en corne à l’oreille, bracelet par paquet de dix, marcel ouvert jusqu’au nombril. Bizarrement, il n’y a pas de maquillage…
Mention spéciale à Franck Zappa devant les loges du Zénith de Paris habillé comme un épicier du XVIIIe arrondissement… Mon Dieu !
Evidemment, si j’avais eu vingt ans en 1983 et pas dix, mon approche de ce bouquin serait bien différente. Pourtant, même si je n’ai pas été franchement touché par cet album photo, je dois bien admettre qu’il est une parfaite illustration de l’époque. Les couleurs, probablement à cause des pellicules utilisées, et oui, y’a pas d’appareil numérique en ce temps-là, sont envahissante au point que même les photos de Slayer, pourtant pas un groupe porté sur les couleurs, ont l’air légères, noir clair, si cela est possible. C’est clinquant, parfaitement en adéquation avec cette période de yuppies. Et pourtant, au milieu de tout ça, il y a ce cliche magnifique de la main gauche de Lemmy, l’aboyeur concasseur de basse avec Motorhead. Bagouzes sur tous les doigts, clope entre l’index et le majeur. Intemporel et classieux.

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