Mangez-le si vous voulez
de Jean Teulé

critiqué par Killeur.extreme, le 19 mai 2009
(Genève - 43 ans)


La note:  étoiles
Et ils l'ont fait !!!!!
Le mardi 16 août 1870, Alain de Monéys, jeune périgourdin, sort du domicile de ses parents pour se rendre à la foire de Hautefaye, le village voisin. C'est un jeune homme plaisant, aimable et intelligent. Il compte acheter une génisse pour une voisine indigente et trouver un couvreur pour réparer le toit de la grange d'un voisin sans ressources. Il veut également profiter de l'occasion pour promouvoir son projet d'assainissement des marais de la région. Adjoint au Maire, élu à l'unanimité, il connait tout le village, certains des habitants sont des amis d'enfance, et il est aimé de tous et malgré son infirmité (il boite d'une jambe) il partira la semaine suivante à la guerre contre la Prusse comme simple soldat (alors que son statut social et sa fortune auraient pu lui permette d'avoir un poste moins dangereux). Après s'être entretenu avec quelques personnes, il aperçoit son cousin qui s'enfuit de la foire ventre-à-terre, en effet, celui-ci pour rendre service a lu à haute voix le journal annonçant la déroute des armées de Napoléon III et les paysans ne le croyant pas, il a insisté ce qui lui a valu l'hostilité d'un groupe de paysans et il n'arrive à se sauver que grâce à la présence de son domestique. Quand Alain Monéys demande ce qui s'est passé, on lui répond que son cousin a crié "Vive la Prusse!!!" et Alain ne croyant pas "Mon cousin dire "Vive la Prusse!!! et pourquoi pas à bas la France???", cette simple phrase va déclencher une folie collective de la part de cette foule, à part une poignée de personnes plus lucide que les autres qui feront tout ce qui est possible pour le sauver, dont Anna serveuse à l'auberge et amoureuse d'Alain, qui durera deux heures ....

"Le Montespan" m'a, outre quelques réserves (voir ma critique éclair), vraiment plu, mais j'ai préféré ce roman (il est conforme à ce que j'en attendais), car il met en scène une situation tellement absurde (les accusations des villageois) que si ce n'était pas un fait réel, je pense pas que j'y aurais cru, mais en même temps l'Histoire nous a donné tellement d'exemples (le massacre de la Saint-Barthélemy), sans oublier les faits divers actuels (les tueries dans les campus, les divers crimes passionnels qui s'étendent à toute la famille). Teulé confie dans la vidéo de présentation de son livre qu'après le succès du "Montespan" le livre suivant serait attendu et que s'il ne plait pas "ce serait un massacre", il décide donc d'écrire sur un massacre, une histoire vraie qui défraya la chronique à son époque et faillit faire raser ce village, Teulé a d'ailleurs visité le village d'Hautefaye et même encore aujourd'hui le malaise est encore présent, Teulé dit même dans une interview que le village n'a quasiment pas changé et qu'il y a pratiquement le même nombre d'habitants qu'en 1870.

Teulé livre un vaudeville horrifique, les malentendus s'enchaînent, et chaque fois, même en sachant que Alain ne survivra pas, on se dit "c'est trop gros, il vont reprendre leurs esprits, le reconnaître, tomber à ses genoux et lui demander pardon", mais plus le récit avance plus la haine est croissante. Le but du livre n'est pas de faire une histoire à suspense "Alain Monéys va-t-il s'en sortir?" (La quatrième de couverture est assez révélatrice), mais de raconter comment dans une époque similaire à la notre (il n'y a pas de guerre européenne en 2009, mais la sécheresse qui ruine les paysans est semblable à la crise économique actuelle).

Un livre qui choque, c'est quand même des gens normaux, des paysans et des bourgeois plus éduqués qui tout à coup deviennent fous au point de massacrer une personne à qui, une minute plus tôt, ils serraient amicalement la main. A lire absolument.
Histori-fictif ? 6 étoiles

Quelle idée que j’ai eue il y a deux semaines en empruntant ce livre à lire pendant mon après-midi sauna ? Avant d’entamer ce court récit, je ne connaissais pas ce célèbre fait divers. Fait divers odieux, cruel, déchirant, insoutenable. Et pourtant, cela s’est bien déroulé. Ce que j’apprécie chez Teulé c’est le fait d’avoir reparlé de quoi étaient capables nos aïeux (qui n’étaient guère voire nullement instruits), lorsque le soleil tapait fort, quand l’alcool coulait à flots, la guerre faisait rage plus à l’est et quand le manque de nourriture se faisait ressentir. Toutefois, une chose m’a vraiment chagrinée. Toutes les paroles, tous les gestes, toutes les pensées de certains personnages sont décrites avec précision. Mais sommes-nous sûrs de cela ? Je ne le crois pas. Comment démêler le vrai du faux ? Là j’avoue que c’est moyen.

Nomade - - 13 ans - 10 avril 2019


Folie collective, mais est-ce vraiment comme ça que cela c'est passé ? 3 étoiles

L'auteur semble avoir pour habitude de broder autour d'un sujet historique ou d'un fait divers ancien et le réécrire avec beaucoup de largesses.

Il cite ses sources, mais d'une part il travestit manifestement l'histoire au point de rendre le récit absurde, et d'autre part le fait d'insister sur les détails sexuels ou sanguinolents ne plaide pas en sa faveur.

L'intérêt est peut-être de vulgariser un fait divers plus complexe qu'il ne semble vouloir le décrire, mais on serait mieux informé si on analysait sans malhonnêteté intellectuelle cette affaire retentissante.

Heureusement cela se lit en une ou deux heures.

Pacmann - Tamise - 59 ans - 5 janvier 2017


Sujet intense 7 étoiles

« - [...] "Vive la Prusse"... Pourquoi pas "À bas la France !" » ?
- Qu’est-ce que vous venez de dire, vous ?
- Quoi ?
- Vous avez dit "À bas la France !"... »

L’auteur s’inspire (librement) des événements qui se sont produits à Hautefaye, une petite commune française, en 1870, où un homme innocent se fait attaquer et tuer de façon horrible par la foule.

J’ai beaucoup de difficulté à juger ce roman parce que le sujet en soi est tellement impressionnant et fait de l’effet à toutes les personnes à qui j’en ai parlé. C’est mon deuxième essai avec Teulé. Je n’avais pas aimé Le magasin des suicides et si je n’ai pas détesté Mangez-le si vous voulez, je n’ai pas trouvé que c’est des mieux racontée. Ce n’est pas un auteur que j’aime.

Au début, on essaie trop de nous montrer le type comme d’un garçon sans défaut et les dialogues n’étaient vachement pas naturelles (certaines semblaient être juste là pour nous faire de l’ironie au vu des événements d’après), mais aussi, le style d’écriture, le langage, ne nous renvoient pas en 1870, quelques marques d’humour sont déplacées et en général, j’ai trouvé ça invraisemblable bien qu’une tragédie a véritablement eu lieu ! Cependant, un coup qu’on est dans l’action du drame, j’ai vraiment embarqué. L’histoire est affreuse et comme certains l’ont dit avant moi, on espère juste que l’homme meurt le plus vite pour mettre fin à ses souffrances. Le lecteur reste abasourdi par cette vague de folie collective. C’est à nous dégoûter de la race humaine. Mais je suis sûre que ça aurait été mieux écrit par quelqu’un d’autre.

Nance - - - ans - 24 novembre 2013


L'homme un animal comme les autres 6 étoiles

Alain de Monéys, à la suite d'un quiproquo, s'attire la haine des habitants pariticipant à la foire de Hautefaye, le village voisin. S'ensuit un acharnement insensé sur ce pauvre homme parce qu'on le croit défenseur de la Prusse dans un contexte d'extrême tension. Les habitants se transforment en véritables bêtes féroces où la cruauté est reine.

Dans ce court roman, Jean Teulé au style toujours aussi enlevé, décrit le crescendo de la violence, l'effet de foule et les pulsions barbares qui peuvent émerger quand la raison n'est plus maîtresse de certains instincts. Le fait divers en lui-même est profondément choquant et l'auteur est parvenu à rendre palpable cette atmosphère des plus troublantes. Les faits sont rudes, donc les pages le sont aussi. Ce n'est évidemment pas un roman qui détend et qui ne serait qu'un simple passe-temps.

Ce n'est sans doute pas le meilleur Teulé, mais le roman ne laisse pas insensible et est intéressant par la peinture de ce fait qui nuance la caractère civilisé de l'homme.

Pucksimberg - Toulon - 45 ans - 18 novembre 2012


TEULé, UN PETIT MONSIEUR DANS LA COUR DES GRANDS 1 étoiles

La grande spécialité de Teulé consiste à s'emparer d'un sujet ancien peu ou mal connu pour en faire un brouet nauséabond dans lequel surnagent les ingrédients habituels du racolage putassier : sexe, sang, excrétions diverses. Il se veut romancier historique, il n'est ni l'un ni l'autre. Romancier, il ne l'est pas parce qu'il ne crée ni des personnages ni des milieux. Il n'est capable que de travestir et de badigeonner des personnages et des époques qu'il ne connaît pas. Ses prétentions historiques, qu'il étale avec complaisance dans ses interviews, sont discréditées par une succession d'erreurs matérielles et, plus encore, par un anachronisme ridicule qui consiste à lire le passé avec les lunettes du XXIe siècle. Le style est à la mesure de la médiocrité du contenu. En conclusion, Teulé se vend bien, le Coca aussi, ce qui n'en fait pas un nectar.

Dilok - - 79 ans - 3 septembre 2012


Incroyable et pourtant vrai ! 9 étoiles

D’une manière générale je ne suis pas vraiment attiré (et encore c’est là un doux euphémisme) par les romans dits « historiques » mais là c’est davantage l’aspect fait divers qui m’a inspiré (et oui comme tout à chacun j’ai de bas instincts de voyeurisme), en effet le roman s’inspire (plus ou moins librement) d’une histoire vraie. A la lecture de ces quelques pages on peut se demander ce qui a pu motiver un tel déferlement de violence gratuite, le malentendu semble en effet n’être que prétexte à la barbarie des hommes. Alors quoi ? La peur face à la guerre franco-prussienne qui tourne à la défaveur de la France ? Les doutes de la paysannerie face à une sécheresse qui n’en finit plus ? La rancoeur de cette même paysannerie face à la noblesse ?
L’auteur a pris le parti de nous présenter en courts chapitres les différentes étapes du calvaire qu’a dû subir De Monéys avant de mourir, certes l’on peut supposer qu’il romance quelque peu les faits (les actes de cannibalisme ne semblent pas être avérés) mais l’on ne peut que frissonner devant un tel déferlement de connerie humaine.
Mince consolation de savoir que les meneurs (quatre individus) ont été condamnés à mort et exécutés (dommage la guillotine leur a offert trop rapide, ils auraient dû bénéficier d’un long traitement de faveur afin de connaître les affres de la souffrance avant de crever), d’autres (huit des vingt et un accusés) seront déportés au bagne (en Nouvelle-Calédonie soit dit en passant)… En quelques pages (lues en une journée) Jean Teulé réussit à nous livrer un roman qui ne laissera personne indifférent (à ne pas mettre entre toutes les mains, âmes sensibles s’abstenir), et le pire c’est que je reste convaincu que, aujourd’hui encore, ce genre de dérapage de masse peut se reproduire…

Amnezik - Noumea - 57 ans - 20 octobre 2011


Misère ! 8 étoiles


Nous sommes le mardi 16 août 1870 à Hautefaye, dans le département de la Dordogne. La France est en guerre contre l’Allemagne. Ce jour-là, Alain de Monéys, jeune homme d’une trentaine d’années, se rend à la fête dans un village voisin. Il est connu de ses concitoyens comme étant intelligent, aimable, serviable même. Lors d’une conversation, ses propos sont mal compris et tirés de leur contexte. Un bout de phrase est lancée et stupidement mal interprétée ( on a raison d’associer « bête et méchant « ). Aussitôt, il est accusé d’être un pro-prussien. D’abord par un groupe d’hommes et de femmes puis par une foule déchaînée de plusieurs centaines de personne va littéralement s’abattre sur lui. Alain est rué de coups, torturé, mutilé, suspendu comme un gibet, brûlé vif et même presque mangé.
Une des anecdotes parmi les plus honteuses de l’histoire du XIX è siècle, en France.
Jean Teulé nous énonce fidèlement les faits, de façon romancée, avec l’humour noir, grinçant qu’on lui connaît ( voir « Je, François Villon « ).
En pareil cas une question se pose : et nous, qu’aurions-nous été ? : les bourreaux, les défenseurs, les Ponce Pilate comme le maire du village ? En tout cas, une sorte de dégoût vous envahit après la lecture de ce court roman historique ( avec en bonus chez bibi, un affreux rictus au niveau de la bouche et du nez ).
L’horreur !


Extrait :

- Quoi ? Mais non ! Allons donc, j’étais auprès et ce n’est pas du tout ce que j’ai entendu. Et puis je connais assez Maillard pour être sûr qu’il est impossible qu’un tel cri sorte de sa bouche : « Vive la Prusse « … Pourquoi pas « A bas la France « ?
- Qu’est-ce que vous venez de dire, vous ?
- Quoi ?
- Vous avez dit « A bas la France ! «
- Hein ? Mais non !
- Si, vous l’avez dit ! Vous avez dit « A bas la France « .
(… )

Catinus - Liège - 73 ans - 27 septembre 2011


Un fait divers n'est pas forcément un roman... 5 étoiles

Ce livre, dont on ne peut dire qu’il est un roman, est la relation d’un fait historique stupéfiant. Le lynchage d’un brave homme du Périgord, son calvaire, (torture, lapidation, écartèlement, crémation) par une foule déchaînée qui finit par le dévorer, est transcrit par Jean Teulé dans un récit qui « donne vie » à cette œuvre de mort.

Même si J. Teulé écrit bien, j’ai eu du mal à lire ce tout petit livre de 110 pages. Pourquoi ? Je pense qu’un évènement même aussi sidérant, ne suffit pas à constituer la trame d’un roman. Si les protagonistes prennent corps, sortent de l’anonymat de ce fait divers, leur multiplicité, leur férocité irrationnelle, nous laissent frustrés d’une tentative d’analyse. L’auteur ne parvient pas à susciter l’émotion car les personnages ne sont que succinctement décrits, la victime nous reste inconnue, les amis à peine esquissés, les bourreaux inventoriés…

Du coup, même l'écriture, sans conteste littérairement de qualité, m'a paru superficielle, créant même parfois une sorte de malaise, comme si elle n'était là que pour elle-même.
Sans cette émotion qui rend humain, difficile pour la lectrice que je suis de ne ressentir que l’horreur. Bon, je n’ai pas adhéré et j'ai du me forcer à terminer.

Il m'a manqué quelque chose, difficile à décrire dans la position de lecteur, quelque chose de l’ordre de la compassion, de l’ordre de l'humanisme, de l'ordre de la distanciation qui aurait peut-être permis d'apporter à la transcription du verdict (chap.18) et de ses conséquences sur le quotidien de ce village un regard d'écrivain, quelque chose enfin de l’ordre de l’implication de l’auteur, qui pour moi reste tout au long du récit en position d’observateur, aussi passif que les témoins qu’il dépeint.

Papyrus - Montperreux - 64 ans - 23 avril 2011


Le phénomène de foule 8 étoiles

Ce livre pose l’éternelle question du : Qu’aurait-on fait confronté à la même situation ? Se serait-on rebellé contre cette horde enragée, comme la logique et la justice le commanderaient ? Ou au contraire, se serait-on laissé prendre par cette folie dévorante (excusez le mauvais jeu de mot) ? Là est le mérite du livre qui ne répond en rien à cette question.
L’histoire montant crescendo, au fil des étapes du véritable chemin de croix vécu par ce jeune homme, montre aussi comment se forme les phénomènes de foule développé par Durkheim, « dans lesquels l’individu semble comme dépossédé de sa raison personnelle : des individus, parfaitement inoffensifs pour la plupart, peuvent, réunis en foule, se laisser entraîner à des actes d’atrocité ».
On s’imagine que de telles atrocités sont bien loin de notre époque dite civilisée. On peut en douter au vu de certaines images d’actualité : le lynchage de soldats américains il y a quelques années en Irak, le phénomène du hooliganisme autour de certains stades.
Reste que ce livre pose des questions, mais lisez-lie le cœur bien accroché tant certaines descriptions sont insoutenables.

Nothingman - Marche-en- Famenne - 44 ans - 20 octobre 2010


à ne pas mettre dans n'importe quelle main 4 étoiles

Epouvantable !

Si ce « roman » était une fiction, il faudrait tout de suite le détruire et surtout ne pas le lire.
Malheureusement il ne s'agit pas d'une histoire imaginée par un esprit plus que tordu mais du récit d'un fait historique.
Il s'agit de l'affaire d'Hautefaye survenue le 16 août 1870 dans un village de Dordogne....
Alain de Moneys, jeune adjoint au maire d'une commune périgoudine se retrouve dans la commune voisine à l'occasion du marché.
A la suite d'une réflexion mal comprise par des paysans, il est frappé violemment par des individus de plus en plus nombreux. C'est le déchaînement bestial: le lynchage, la torture, la crémation et même le cannibalisme.
C'est l'enfer. Même ses « amis » d'enfance s'y mettent.
Il est accusé d'être un prussien.
Le contexte international avec la guerre Franco-Allemande pèse beaucoup, certes mais comment expliquer une telle folie ?
Comment expliquer que le Maire de la Commune interpellé par les quelques personnes opposées à cet assassinat plus que bestial puisse crier à la foule : « Mangez-le si vous le voulez » !
Evidemment je pense que de tels actes sont inimaginables aujourd'hui...Quoique ! ?
Ne voit-on pas ça et là quelques lynchages ou lapidations ?
Ne voit-on pas des supporters éméchés s'en prendre violemment à d'autres supporters?
L'intensité n'est pas la même, certes mais l'hystérie collective reste la même.
J'ai lu ce livre, sans regret mais si vous êtes sensibles, n'insistez pas....

Jean-François Chalot

CHALOT - Vaux le Pénil - 76 ans - 8 octobre 2010


Insoutenable 10 étoiles

Un très court roman dont on ne sort pas indemne. Le style éblouissant de Teulé rend compte du calvaire enduré par Alain en temps réel, et c'est horrible, effarant, inimaginable. On en est ému, remué, bouleversé, secoué de fond en comble, et après tout ça, il est difficile de croire en l'humanité. Le choc passé (et il est profond) on a du mal à comprendre comment une horreur pareille a pu se produire, comment de braves paysans ont pu se laisser entraîner dans une telle folie collective.

Le rat des champs - - 74 ans - 3 octobre 2010


Totalement déroutant! 7 étoiles

Au début, j'ai choisi ce livre sans connaitre l'existence de ce massacre. Et en la découvrant, je suis restée sidérée! L'écriture est simple, les actes de torture correctement retranscrits, dommage que la description de la souffrance ressentie par Alain de Moneys soit quasi inexistante (ce qui enlève la part d'horreur de ce massacre).
Par contre, à la fin de la lecture, on se sent déstabilisé. Quelle aurait été notre réaction si nous avions été pris dans cette foule hystérique?

Luluganmo - - 42 ans - 26 septembre 2010


quel livre 10 étoiles

Une histoire très dure, par le détail, par sa fin, et par le fait que ce soit vrai.
Les hommes sont dingues on en a des exemples tous les jours. De quoi avaient-ils aussi peur pour en arriver là ? On imagine difficilement le calvaire de cet homme pendant deux heures.

Nymo - - 58 ans - 30 mars 2010


A bout de souffle 8 étoiles

Quatrième de couverture :
Nul n'est à l'abri de l'abominable. Nous sommes tous capables du pire ! Le mardi 16 août 1870, Alain de Monéys, jeune périgourdin, sort du domicile de ses parents pour se rendre à la foire de Hautefaye, le village voisin. C'est un jeune homme plaisant, aimable et intelligent. Il compte acheter une génisse pour une voisine indigente et trouver un couvreur pour réparer le toit de la grange d'un voisin sans ressources. Il veut également profiter de l'occasion pour promouvoir son projet d'assainissement des marais de la région.
Il arrive à quatorze heures à l'entrée de la foire. Deux heures plus tard, la foule devenue folle l'aura lynché, torturé, brûlé vif et même mangé. Comment une telle horreur est-elle possible ? Comment une population paisible (certes angoissée par la guerre contre l'Allemagne et sous la menace d une sécheresse exceptionnelle) peut-elle être saisie en quelques minutes par une telle frénésie barbare ? Au prétexte d'une phrase mal comprise et d'une accusation d'espionnage totalement infondée, six cents personnes tout à fait ordinaires vont pendant deux heures se livrer aux pires atrocités. Rares sont celles qui tenteront de s'interposer. Le curé et quelques amis du jeune homme s'efforceront d'arracher la malheureuse victime des mains de ces furieux et seule Anna, une jeune fille amoureuse, risquera sa vie pour le sauver.
Incapable de condamner six cents personnes d'un coup, la justice ne poursuivra qu'une vingtaine de meneurs. Quatre seront condamnés à mort, les autres seront envoyés aux travaux forcés. Au lendemain de ce crime abominable, les participants hébétés n auront qu une seule réponse : «Je ne sais pas ce qui m'a pris. »
Avec une précision redoutable, Jean Teulé a reconstitué chaque étape de cet atroce chemin de croix qui constitue l'une des anecdotes les plus honteuses de l'Histoire du XIXe siècle en France.

Mon avis :
Quelle lecture... Quel coup de poing dans la figure.... Ce roman a beau être court, j'ai du faire de multiples pauses durant sa lecture, tant la partie où Alain de Moneys est battu, ecartelé, frappé, brûlé, mangé est difficile.
J'ai lu ce roman en me disant qu'une telle barbarie ne pouvait avoir existé. J'ai même fait des recherches pour vérifier... Tout est vrai.
Comment une foule peut elle sombrer dans la folie et l'abomination? Surtout avec un être qui était apprécié de tous, qui était d'une bonté certaine.

Mcchipie - - 47 ans - 17 mars 2010


des hommes ordinaires 7 étoiles

Après la lecture de ce livre, je suis allée relire la 4ème de couverture d'un livre de Christopher R. Browning :" DES HOMMES ORDINAIRES "
Je cite une phrase : " C'est la preuve accablante ... de l'ordinaire aptitude humaine à une extraordinaire inhumanité. "
Jacmac

Jacmac - - 80 ans - 11 janvier 2010


Effrayant ! 9 étoiles

J'ai, comme beaucoup, espéré (avec naïveté) que tous s'arrêtent de maltraiter (non, de massacrer, de tuer, de charcuter, de, de ...) Alain de Monéys, tout en sachant que, puisque c'est tiré d'un fait réel, il n'y a aucun recours.
Par contre, cela mène à réfléchir sur le comportement humain.
On nous parle de ces êtres qui, en tant de guerre, font subir n'importe quoi à d'autres personnes. On n'arrive pas à y croire.
"c'est quand même des gens normaux, des paysans et des bourgeois plus éduqués qui tout à coup deviennent fous au point de massacrer une personne à qui, une minute plus tôt, ils serraient amicalement la main." Cela me fait penser à ces reportages sur les supporters de foot ultra-violents (donc loin d'être tous ainsi !) : dans la journée, ce sont des gens ordinaires, puis sur un stade, ils deviennent des terreurs aveugles, prêt à frapper sur des supporters adverses ! Edifiant !

Klein - - 60 ans - 16 septembre 2009


Itinéraire morbide 7 étoiles

L’économie de mots de Teulé fait en sorte que le lynchage présenté soit animé et axé sur la séquence des choses. En même temps, le style succinct enlève beaucoup de vraisemblance à l’incident. De même pour les pointes d’humour tordu apparaissant ici et là – que certains interpréterons comme un manque de respect.

On ne parlera jamais assez du phénomène de foules dans lesquels l'individu semble comme dépossédé de sa raison personnelle et s’adonne aux pires atrocités. C’est l’humain à son plus bas. Pour cette raison, l’œuvre a de la valeur car la paranoïa existera toujours. On voit des ennemis partout et il y’a encore des chasses aux sorcières sous une forme ou une autre.

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 55 ans - 14 juillet 2009


et aujourd'hui? 9 étoiles

Je rejoins parfaitement les critiques précédentes sur l'énormité du fait divers relaté et la vivacité de l'écriture de Jean Teulé. La bibliographie de la fin de l'ouvrage donne un clef de compréhension, elle met en exergue le philosophe René Girard et le concept de "bouc émissaire". On peut expliquer ainsi comment un groupe quelconque est capable, dans une situation d'humiliation, de détresse ou de confusion, de s'en prendre à un individu et le mener à la mort par les chemins les plus horribles, contre toute raison.
D'ailleurs Teulé souligne bien l'inanité des efforts des "gens raisonnables" contre la folie collective. Sans parler des lâchetés de quelques uns comme celle de la seule autorité présente: le maire.
Au delà de l'aspect historique, c'est la leçon générale qui se dégage de ce récit qui est fondamentale. A la fin du procès du "gang des barbares" et de Fofana la question ne cesse de se poser. J'ai été étonné par le fait que deux lectrices aient eu peur de se laisser aller à un certain "voyeurisme", la compréhension du monde passe malheureusement par la contemplation et la compréhension de ses pires aspects.

Falgo - Lentilly - 85 ans - 14 juillet 2009


Folie collective 9 étoiles

En 1870, Alain de Moneys, jeune homme bourgeois et respectable, apprécié de beaucoup, décide de se rendre à la foire de Hautefaye, le village voisin de Beaussac. Arrivé sur place, tout le monde se fend d'une parole agréable ou d'un bonjour sincère. Jusqu'à ce qu'éclate une méprise. Le cousin de Moneys est accusé d'avoir crié "Vive la Prusse". Du plus mauvais effet en cette période de guerre ! Voulant défendre sa famille, de Moneys a le malheur de dire "Pourquoi pas A bas la France tant que vous y êtes" ?. Il n'en fallait pas plus pour qu'un malentendu prenne d'énormes proportions et vire au drame. L'homme est bousculé, violenté, torturé, puis brûlé vif avant d'être dévoré (je ne révèle rien de l'intrigue ici puisqu'il s'agit d'un fait divers déjà bien connu).

Terrifiante histoire que celle-ci, folie humaine collective dont un homme va payer le prix fort. Il est assez effrayant de penser que rien n'a pu arrêter ces gens bien déterminés à faire casquer "Le Prussien" et que la plupart d'entre eux l'ont salué très amicalement quelques heures avant de le manger. Brrr, ça donne froid dans le dos.

Outre l'aspect incroyable des événements racontés, le style de Jean Teulé tient également le lecteur en haleine. Il raconte les événements pratiquement minute par minute, fournit de multiples détails qui accentuent la tension et donne à son écriture une impulsion très vivante, mélange de documentaire et de reportage journalistique oral.
Si il m'a parfois paru plus emprunté dans d'autres romans historiques, le cadre ici présent lui permet de libérer la vivacité de sa plume et j'ai grandement apprécié cela.

Sahkti - Genève - 50 ans - 7 juillet 2009


Le monde est fou... 7 étoiles

Incroyable!
Le fait divers choisi ici par Jean Teulé est par lui même totalement incroyable et prenant. Comment des gens ont-ils pu faire de telles choses?
La force de Jean Teulé c'est d'arriver à nous conter l'inimaginable de cette façon! Il nous présente tout d'abord Alain de Monéys comme le plus sympathique des garçons. Il nous expose de manière succincte mais tout à fait claire la situation politique et économique de la France en 1870. On comprend alors un peu mieux l'état d'esprit dans lequel se trouvaient tous ces braves gens.
Pendant le calvaire subi par Antoine on a pitié de lui, on espère juste que tout va se terminer au plus vite pour lui.
Quand vient le procès, ce ne sont pas des monstres que l'on juge...

Dommage que le procès n'aie pas plus d'importance dans ce roman.
Je ne suis pas certaine qu'il s'agisse de voyeurisme, je ne sais pas.
Mais quelle lecture!

Sanchan - - 41 ans - 12 juin 2009


que dire??? 6 étoiles

Roman déroutant, choquant, qui ne laisse surtout pas indifférent.
En effet, pendant la lecture je me suis dis que je n'aimais pas et pourtant... je suis allée jusqu'au bout... voyeurisme???
Maintenant avec une semaine de recul, oui, sans doute que j'ai aimé... mais peut être pas...
Difficile à dire.

Matata59 - - 41 ans - 25 mai 2009