Une chance mortelle
de Paul Gerrard

critiqué par Henri Cachia, le 30 mai 2009
(LILLE - 62 ans)


La note:  étoiles
Belle surprise
Pas moins de cinq pseudonymes pour cet auteur, de son vrai nom Jean Sabran. En fonction de ce qu'il écrit, il utilisera l'un ou l'autre : livres pour la jeunesse, science-fiction, romans noirs, romans policiers, et littérature.
Paul Gerrard écrit donc des romans noirs. J'ai retrouvé ce livre, alors que je n'avais pas encore refait le plein. J'ai fouillé et me suis arrêté sur cet auteur que je ne connaissais pas et intrigué par ce qui était mis en évidence en fin de quatrième de couverture... Sans savoir comment cet objet avait atterri dans les rayons de ma bibliothèque.
« Voyage sans retour dans le milieu très spécial des champs de courses, par un des maîtres du roman policier... »
Ecrit en 48, et après plusieurs réimpressions, c'est dans la collection « Le masque » que j'ai donc lu avec grand plaisir ce livre à l'écriture ni classique ni moderne, plutôt « entre les deux ». Je ne sais comment qualifier ce style. En tout cas sans fioritures inutiles.
Ce qui m'a spécialement séduit dans cet ouvrage, c'est la connaissance très fine, non pas du monde, mais des mondes des courses. Des aristos, aux loosers, en passant par le petit joueur et les gros parieurs qui ne jouent qu'à coups sûrs.
De par mon père, je suis tombé tout petit là-dedans, et me suis intéressé énormément au cheval, mais de l'autre côté : la pratique, et les professionnels.
Et depuis, je désespérais de trouver un écrivain qui en parle le plus justement possible. Chose faite avec Paul Gerrard. Je me suis moi-même essayé aux nouvelles d'inspiration hippique (une publication tout de même dans la bible du turfiste européen : Paris-Turf; 100000 exemplaires au quotidien), mais sans jamais en être pleinement satisfait.
L'intrigue assez mince nous mènera loin... Une secrétaire sans reproche disparaît. Cela inquiète son patron et charge un « privé » de l'enquête. Seule indication qu'il possède pour commencer : chaque semaine, elle « empruntait » de grosses sommes d'argent dans le coffre, et les remettait à leur place quelques jours après. Qu'est-ce que cela cachait, puisque lors de sa disparition, aucun argent ne manquait...

... « Chalais prit congé de son hôte assez brièvement, et Allemont le vit partir à regret, dévoré qu'il était par l'inquiétude et la curiosité.
Ce soir, plus que jamais, l'obscurité ramenait l'ennui de la solitude, l'ennui des longues heures de veille sans but et sans rêve. »...